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Après deux bonnes heures de route, si mes souvenirs sont bons, nous nous trouvons donc au Château de Saladin, Qalaat Salah Al-Din en arabe. Il fut rebaptisé ainsi par le gouvernement syrien vers 1954, alors qu’il portait le nom de Château de Saône (ou de Sahyun en arabe).

La vue générale sur le château est assez difficile à qualifier : c’est énorme… Bâti au bout d’une colline, à 410 mètres d’altitude, et protégé par deux faussés naturels constitués par les wadi Jdahidé et Sheik Aissa, deux rivières encaissées, le château s’étale sûrement sur plus d’1 kilomètre. On y distingue aisément 3 parties ; les ruines difformes en son point le plus élevé sont la partie byzantine, construite à partir de 975 sur les ruines de la Sigon du royaume d’Arwad (VIe siècle av. J.-C.) et faite à l’origine d’au moins deux enceintes. Plus bas, on aperçoit des tours de garde d’époque croisée. Et enfin, en contre-bas  se trouve la ville basse, qui fut un temps ré-habitée au XIXe siècle.  Mais on n’est pas au bout de nos surprises puisque l’essentiel de la partie construite par les Francs se trouve justement derrière la partie byzantine, qui cache aussi un complexe islamique.

Le château revint à Robert de Saône, un seigneur local, au XIIe siècle. C’est lui qui fit construire la citadelle dite franque. C’est aussi lui qui ordonna la séparation de cette dernière d’avec la colline. Pour ce faire, il fit creuser à même la pierre un fossé de 130 mètres de long, 20 de large et 28 de profondeur, au bord duquel il fit dresser murailles, donjon et tours de garde sur la partie occidentale. De la sorte, le château gagna rapidement la réputation d’imprenable. Pourtant, en 1188, Saladin, qui venait de reconquérir Jérusalem aux croisés, s’en empara en 2 jours. C’est en son honneur que les lieux furent rebaptisés à la fin des années 1950.

Ce château est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2006.