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3H00 de route (encore!) entre Selçuk et Pergame ou Bergama pour les autochtones… Qui n’est donc pas italienne mais bel et bien turque! C’est Bergame qui est italienne et qui se situe en Lombardie. A une lettre près, il y a de quoi perdre quelques notions géographiques! Mais revenons à notre Bergama.

Pour le coup, je suis un peu sorti des gros circuits touristiques, et je ne m’en plaindrai pas. Le bémol de la journée se trouve dans le temps, quoi qu’il m’a donné l’occasion de prendre des photos légèrement différentes au vu du reste de mon séjour. C’est du tout bon pour moi donc, et j’espère qu’il y a de quoi vous faire apprécier.

Ma journée s’est déroulée en trois temps. Elle a commencé avec une visite de l’Asclepieion et s’est poursuivie avec celle de l’Acropole, les deux étant entrecoupées d’une traversée de la ville à travers ses quartiers que j’appellerai pavillonnaires, le tout sous un ciel menaçant qui n’a pas hésité à exécuter ses punitions a plusieurs reprises. Une journée rafraîchissante, dans tous les sens du terme.

Pour contextualiser tout ça, un peu d’histoire, comme d’habitude! On a déjà vu lors de notre passage à Efes, que Pergame s’était alliée les romains contre les autres puissances voisines, au IIe siècle av. J.-C.. Il est tout de même bon de remonter encore un peu dans le temps pour mieux cerner la naissance de cette cité dont l’occupation est attestée dès le VIIIe siècle. Si, de par son éloignement de la mer, sa colonisation par les athéniens laisse des doutes, il est avéré que cette cité sort de l’anonymat en 323 av. J.-C., soit à la mort d’Alexandre Le Grand. L’un de ses généraux, Lysimiaque, y a en effet entreposé ses trésors avant de s’en emparer en 282, fondant l’Etat Pergamien qui prête alors allégeance aux Séleucides, cette fameuse dynastie régnant sur un territoire qui s’étendait de l’Asie Mineure à l’Indus. Mais dès 262, Pergame obtient son indépendance avant de s’allier aux romains entre 214 et 205 av. J.-C.. Avec les conquêtes de ces derniers durant le IIe siècle, Pergame reçoit des territoires de plus en plus étendus qui finissent par comprendre une grande partie de l’Asie Mineure.

Pergame atteint son apogée vers 159 av. J.-C.. La ville est prospère grâce, entre autres, à son industrie du parchemin, procédé qui a été inventé sur place! En effet, peu avant, Ptolémée V, pharaon en son Egypte, avait décrété l’interdiction d’exporter du papyrus vers Pergame, jaloux qu’il aurait été de sa bibliothèque… Qu’à cela ne tienne, le papyrus fut remplacé par des peaux tannées, le parchemin (en latin : pergamen= de Pergame), qui avait alors de belles heures devant lui! Et c’est donc aussi à cette époque, sous le règne d’Eumène II, que Pergame s’agrandit et s’embellit, se dotant entre autres d’un temple dédié à Athéna. La cité assumait son hellénisme et fut à cette époque l’une de ses plus grande représentantes, au même titre qu’Athènes et Alexandrie.

En 133 av. J.-C., la dynastie qui dirigeait Pergame s’éteignit et ses alliés romains en héritèrent. Ils firent rapidement de son territoire la province d’Asie, province à la tête de laquelle ils mirent Ephèse. Pergame reste cependant une cité prospère, avec notamment le sanctuaire d’Asclépios qui devient un centre médical renommé. Et dès le IIe siècle de notre ère, les autochtones se convertissent au christianisme. L’une de ses églises serait d’ailleurs citée dans le livre de l’Apocalypse, dernier livre de la Bible, qui aurait été écrit par Saint Jean l’Evangéliste. Par la suite, Pergame suit le déclin de Rome avant d’être envahie par les Arabes au VIIe siècle.

Ceci posé, commençons dans l’ordre de mes visites avec l’Asclepieion, sanctuaire dont j’ai eu bien du mal à trouver l’entrée : c’est très frustrant de se trouver à 500 m de ce dernier avec un camp militaire qui nous sépare et l’interdiction de photographier. C’est que mon guide était bien mal renseigné et les habitants du quartier ne semblaient pas comprendre ce que je voulais faire. Bref, voilà comment on perd quasiment 2H00…