Rio de Janeiro : 4e jour, Centro

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Je commence à me faire aux lieux, aux gens ; Rio, du moins et si l’on fait un minimum attention, est assez tranquille. Bon, il faut dire qu’avec du recul, je devais un peu m’attendre à un lieu où les gens se défient ou se battent en permanence, pour un oui ou pour un non, avec des lynchages à tous les coins de rue. Certes, il y a une certaine violence sur place, et elle se sent, elle est là, latente… J’ai fait le choix de ne pas aller dans les favelas, malgré ma curiosité. C’est, sur un forum de voyage, le discours d’un brésilien qui a fini par me décider : c’est un peu comme si les cars de touristes en France débarquaient dans les cités sensibles aux périphéries des grandes villes, avec tous les risques mais aussi le voyeurisme que ça peut comporter. Bah, voilà, il fallait bien que je me fasse une raison.

Pour ce que j’ai vu, non que ce soit une règle, une fois la sortie du travail faite, en fin d’après-midi et la nuit bel et bien tombée, les rues sont assez peu peuplées. Il n’y a pas de couvre feu officiel, mais il y a quelque chose dans le genre quand même. Et des quartiers où on peut se lâcher, forcément. J’ai vu des gens se presser entre la voiture qui les avait amené et leur porte, à mon approche, chargé comme une mule, soulagés d’être à l’intérieur de leur grille avant même que j’arrive à leur hauteur, l’auto redémarrant enfin. Lorsqu’on demande aux autochtones si le quartier est sûr, ou tel passage, ils répondent sans se faire prier : « oui », « non », « à peu près »… Passées 21H, il m’a été plusieurs fois déconseillé de suivre tel ou tel itinéraire, de trainer dans tel quartier, même juste pour prendre le bus : « paye-toi un taxi, ce sera plus sûr! ». Même en plein après-midi, en demandant ton chemin, certains sont prêts à te prendre sur 70mètres en voiture pour être certains que tu es arrivé sans encombre à destination… Bref, c’est finalement un peu comme partout, il faut connaître sa ville, là où l’on met les pieds, mais quand même avoir conscience que dans ce pays, beaucoup d’armes circulent, que les disparités sociales et économiques sont énormes, qu’il y a encore pas mal de problèmes avec les drogues dures, avec notamment chaque ville brésilienne qui a son « cracolândia », l’endroit où il ne vaut mieux pas mettre les pieds. Du coup, des conseils de sécurité en tous genres circulent : la règle de base et de ne pas se faire remarquer au niveau vêtements ; pas de bijoux, pas d’appareil photo trop voyant ; avoir 50 Reais en poche, prêts à être donnés au mec qui te menace ; ne pas passer dans une rue où il n’y a personne : si elle n’est pas empruntée par les locaux, c’est qu’elle n’est pas sûre. Et bien sûr, en tant qu’étranger, ne pas râler pour tout et pour rien : parfois, c’est limite, car les brésiliens ne semblent pas comprendre ce qu’est une file, ou alors, comme ils sont chez eux… Donc, faut faire avec.

Bon, je parlais portugais, je les comprenais : c’est déjà une bien bonne chose. Ca rend les gens curieux, de savoir comment et pourquoi un français parle portugais. Bon, forcément, quand arrive l’explication des origines, le regard change un tout petit peu. Le Portugal et le Brésil se sont un peu des cousins qui ne s’aiment pas, pour ne pas dire des frères ennemis. Du ressentiment d’un côté, sûrement un peu de honte de l’autre, avec pas mal de fierté, aussi. Quand j’étais à la fac, un des trucs qui m’a décidé à aller au Brésil un jour, c’est de lire une interview du ministre de la culture de l’époque, Gilberto Gil, disant que le Brésil n’avait rien de portugais, qu’il devait bien plus aux indiens. Bon, en portugais dans le texte, hein, forcément provocateur. Mais mon côté qu’a pas oublié d’où il vient m’a dit d’aller voir, un jour, si possible. J’y suis, et jusqu’ici, bon… Tu m’as compris, Gilberto. Fallait aller dans la rue, un peu, quand tu as donné des concerts à Lisbonne, Porto, etc… Je dis pas que tout est joli, que tout le monde y est gentil, mais quand même, y’a bel et bien une histoire de famille là-dedans.

On y va? Aujourd’hui, je suis sorti un peu plus des sentiers battus, encore. Mon guide déconseillait le Centro le week-end, vu que le quartier des affaires est vidé des travailleurs et laissé aux désoeuvrés. Mais je n’ai que deux jours devant moi sur place, plus mon dernier jour au Brésil en fin de voyage, et je ne peux pas sciemment éviter tout ce quartier, qui est aussi là où est né Rio de Janeiro. On va faire attention… Pour le visiteur, petit avertissement : c’est là qu’on va commencer avec les églises!




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