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C’est vers 19H30 locales, la veille, que je suis arrivé à l’aéroport Juscelino Kubitschek. Pas de métro, à Brasilia, et ne connaissant pas la ville, évidemment, je ne voyais pas trop comment rejoindre mon hôtel. Forcément, il y a les taxis, mais je voulais éviter d’en prendre étant donné que mon unique expérience douteuse, jusqu’ici, avait eu lieu avec l’un d’entre eux, quoique douteuse d’un point de vue portefeuille uniquement puisque le Carioca en question s’était avéré très sympathique aussi. A raison, héhé!
C’est en demandant comment rejoindre le centre ville en bus que je me suis vu proposer un accompagnement par un Brasileirense : de quoi éveiller un minimum de réticences chez moi, car je voulais bien être orienté, mais de là à être accompagné les yeux fermés, c’était une autre histoire.
Bon… Tout s’est bien passé : mon accompagnateur était très sympathique et m’a simplement laissé devant le bon bus en arrivant à la rodaviària de Brasilia, carrément centrale. Là, il me suffisait de m’en remettre aux indications du guichetier pour être déposé dans le bon quartier où le manège recommençait : demande de renseignement au premier des rares passants, l’heure étant à la prise de poste de nombreuses prostituées.
Une fois installé, il m’a suffit de sortir dans la rue pour, à l’une des terrasses voisines, me régaler avec un bon plat sertanejo : carne do sol, littéralement viande du soleil, à savoir viande séchée au soleil avec riz accompagné de mandioca, brocolis, avec tomate et salade : parfait! Un bon repas, une vraie spécialité du Nordeste. Je renouais ainsi avec la rustique mais bonne cuisine brésilienne, bon marché avec ça, après avoir un peu rechigné à la dépense et aux expériences vus les prix pratiqués côté argentin. Le tout accompagné d’une ou deux bières, j’étais comblé en préparant mon lendemain.
C’est, comme très certainement la majorité des touristes qui se rendent à Brasilia, les années 60 que je suis venu chercher dans la capitale de la République fédérative du Brésil. Ou du moins une certaine modernité, un peu défraichie, sortie de nulle part comme cette ville champignon, avec les idées de l’époque sans autre élément auquel se greffer, si ce n’est la nature sauvage, qui je le verrai, rappelle ponctuellement qu’elle n’est pas si loin.
Brasilia est née de la promesse électorale du président élu en 1956, Juscelino Kubitschek. Le projet de nouvelle capitale était inscrit dans la constitution brésilienne depuis 1891, et Le Marquis de Pombal, qui avait dirigé la reconstruction de Lisbonne après le raz de marée de 1755 y aurait déjà pensé. Au XXe siècle, il s’agissait de tenter une meilleure répartition des richesses dans le pays, 5e au niveau mondial par sa superficie, mais surtout de contrebalancer les pouvoirs concentrés au Sud du pays et plus spécialement à Rio de Janeiro, alors capitale politique et culturelle, et São Paulo, la capitale économique. L’essentiel de l’activité économique du Brésil se trouvant sur les côtes, le rôle de la future capitale était donc de vitaliser un tant soit peu l’intérieur des terres, et aussi de faire un lien plus tenace entre Nord pauvre et Sud riche. Une manière d’éviter une fracture nette et visible sur une carte! Géographiquement, Brasilia se trouve à très proche des limites de plusieurs bassins hydrographiques : rien de moins que ceux de l’Amazone au Nord-Ouest, du rio Tocantins au Nord-est, du rio São Francisco au Nord et de La Plata au Sud. Le tout à plus de 1100 mètres d’altitude, donnant à sa situation une petite force symbolique.
La ville, inaugurée le 21 avril 1960, fut élevée au pas de course, sur le plan pilote de Lucio Costa, en forme d’avion. Une forme que j’ai tenté de voir en arrivant de nuit, depuis l’avion, mais bien difficile aujourd’hui à déceler. De nombreux Nordestins emigrèrent dans cette région du Cerrado, ainsi que des Mineirenses, et construisirent leur future capitale en moins de 3 ans, à un rythme forcé qui générait toutefois de nombreux espoirs. Une histoire du Nouveau monde, en somme…