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Après avoir laissé pas mal d’énergie au scooter run de Sathonay Village le week-end précédent, la partie n’était pas gagnée d’avance et la chaleur combinée à un départ très matinal de Lyon n’aidait définitivement pas. Retrouvailles avec l’ami Morgan à Avignon sur un timing parfait dans une ville dédiée au théâtre avec plein de gens turbulents qui se donnent en spectacle un peu partout, puis visite du Palais des Papes : autant combiner tourisme et fun, ça donne toujours un petit équilibre à ces randonnées musicales, même si de ce côté-ci, j’ai sûrement des leçons à prendre de la part de certains énergumènes asiatiques. Mais ça n’est pas l’objet de notre propos… Virée à Bagnols, donc, avec mon « petit » point de vue sur les choses.
Arrivée sur les lieux vers 18H30 : le site est sympa, sous les arbres, avec un bon quart du domaine squatté par une énorme scène (aucun commentaire sur la bâche de fond…) et la « piste », tandis que les lieux s’étirent sur la longueur avec de nombreux stands de restauration, fringues « Jah love U » et disques. L’ensemble est ponctué à l’autre bout par le Dub Corner où nous n’avons mis les pieds que pour un achat en masse de jetons boissons et prendre nos premières bières : les files d’attente y sont bien moindres que côté scène. Bref. Dès le tout début, rencontre avec quelques connaissances et d’autres.
Sur scène, à Fata et quelques disques Ska & Rocksteady succèdent très vite les Jamaica All Stars : c’est plaisant, toute la clique se donne un maximum sur scène. J’ai toujours vu Scully Sims à fond et il n’a pas dérogé à la règle, accompagné d’un Sparrow Martin ina rudeboy style et tout sourire. Moins d’attention j’ai prêté à Bunny Robinson (c’était pas le bon Bunny!!!), et quant à Vin Gordon, il a plus d’une fois démontré que le Ska, c’est son truc, avec un jeu de jambes à calmer n’importe qui dans l’assistance. La communion avec le public essaie de se mettre en place, notamment avec Banana, tandis que les quelques morceaux Roots, s’ils ne sont pas désagréables à écouter, ont une légère tendance à me glisser sous une chape de plomb. Bien plaisant même si la surprise n’a plus trop droit de cité avec ce groupe vu un petit paquet de fois. Ils n’en gardent pas moins le mérite d’être là et de le faire, mais ma première fois avec Justin Hinds et une section cuivre composée entre autres de Moore, Ellis et Brooks reste la plus mémorable, y compris côté setlist. « D’autres temps ».
On a 20 minutes pour aller chercher une première bière donc : petit retour en arrière dans mon récit linéaire. C’est bondé de monde et je ne ferai aucun commentaire sur la population locale puisque c’est comme ça et c’est très bien si ce n’est qu’il faut faire attention où l’on marche, la chaussure de la soirée étant la tong ; qui plus est beaucoup de monde se fatigue très vite, donc y’a forcément beaucoup de sacs textiles et humains qui jonchent le sol. Quand c’est pas les chiens… Et hop, c’est reparti avec les Jamaican Legends sur un premier morceau que j’adore mais auquel je serai bien incapable d’apposer un titre. Du reste, j’ai déjà dit avoir la tête un mode « burnt » et c’est donc la dernière fois que j’aborde cet aspect.
Tyrone Downie a remplacé Monty Alexander, mais aucune mauvaise surprise pour moi vu que je n’avais aucune attente, Morgan s’étant chargé de me faire le topo. Set géant quoi qu’il en soit : très technique, avec des morceaux d’anthologie comme Who Done It / I’ve Done It, des moments « attendrissants » derrière les claviers, une paire Sly & Robbie qui pète et un Monsieur Ranglin auquel on ne donnerait pas 80 ans. On est devant les boomers et la basse de Shakespeare nous remue à chaque envolée de notes : c’est mode revue Jazz avec les commentaires éraillés du Tyrone qui fait aussi office de garderie : très bon enfant tout ça, qu’est ce que ça fait du bien! Sinon, Sly Dunbar a l’air de quelqu’un qui aime rester derrière sa batterie ; il semble avoir du mal à se déplacer mais se tourner vers le public a dû lui demander un effort considérable ; du coup, c’est un casque de travaux publics qu’on a pu voir bouger derrière les fûts. Qu’importe, le son était bel et bien là, avec Robbie qui assurait une grande partie du show, notamment sur un No No No (You Don’t Love Me) où il ne tenait pas le manche de sa basse. Perso, il aura fallu qu’il le reprenne pour que je m’aperçoive qu’il jouait toujours. Burnt, que je vous disais! « PAM », qu’il a fait, avant de se barrer. A bullet in your head! Re burnt.
Re-changement d’orchestre, c’est bienvenu mais ça n’est qu’après que je capterai que c’est là qu’il fallait en profiter. Chacun spécule sur le prochain groupe, la présence ou pas de Derrick Morgan qui serait fatigué, etc, etc. Bières. Rencontre avec une connaissance suisse. Lloyd Parks et ses acolytes se sont installés et balancent quelques instrumentaux, ne me demandez pas les titres, ça danse, puis le monsieur balance quelques lyrics tout en continuant avec son instrument : ça assure, mais difficile qu’il en soit autrement vu son CV. Ceci dit, ça ne sera le temps que de 4 ou 5 morceaux. Les I-Threes sont dans la place. Bon… J’en attendais rien et j’en ai pris plein la tête. Du Bob Marley de longue, mais p*****, en mode Gospel la plupart du temps et carrément Disco sur Lively Up Yourself et/ou je ne sais plus quoi! 3 Divas posées là qui envoient les décibels et les envolées : les voix de la soirée, c’étaient elles!!! Enormissime : je les aurais snobées bien volontiers, mais c’est pas dans ma nature et je suis resté scotché, debout, quasiment sans bouger, comme dans une messe européenne, mais avec ce spectacle, là, où Marcia a nettement mené l’attaque vocale, bien assistée par Pam Hall qui, si je regrette l’absence de Judy Mowatt, me fait penser qu’on n’a pas perdu au change. Dans son registre, c’est une redoutable assassine vocale! Rita Marley était elle plus en retrait niveau son, donnant l’impression, aussi, d’être dans une espèce d’état second, entre mélancolie, majesté et fatigue ou je ne sais quoi. Bon, si j’ai été étonné que Marcia prenne le pas sur elle, spéculant sur une éventuelle guéguerre d’égos, je me suis vite dit qu’après tout Miss Griffiths était encore une grande habituée de la scène, ce qui expliquait sûrement cela. Et puis, bah, la régulière de Marley a eu son traitement de faveur avec une sculpturale serveuse en robe du soir rouge qui lui amenait sa petite bouteille d’eau minérale sur demande, un siège, lui remontait ou déplaçait son micro, etc, etc, etc. Un joli spectacle de parvenue? Nan, je ne fais pas ma mauvaise langue, mais bon. Re breeef. C’était toujours du plaisir pour les yeux et pour les esgourdes, donc, le tout ponctué par un Happy Birthday où le premier rang s’est pris le champagne de Miss Marley, la star de la fin de set. Faut dire qu’après un No Woman No Cry très touchant -je me suis pris à revoir les images du film Bob Marley qui racontent l’histoire de cette chanson tout en scrutant le visage tendu de cette femme qui il y a 30 ans endurait les aventures de son mari en regardant le paysage défiler dans le bus tour… Je fais de ces dérives parfois, à me gâcher une soirée!-, c’était bienvenu : comme dit l’autre, « wherever there’s joy, there’s pleasure ».
Dans la foulée, c’est Bob Andy qui apparaît. Je ne connais pas trop son répertoire, alors j’essaie de me concentrer, mais j’accroche pas particulièrement, donc je finis par bouger quelques dizaines de minutes parce que c’est bien fatiguant tout ça aussi. Ca tombe bien, y’a un écran géant au milieu du parc, une petite pente pour me poser et me ressourcer quelques minutes. Ca requinque. Et bien m’en a pris. Le monsieur a semble-t-il la voix limite mais néanmoins appréciable. Dans ses morceaux que je connais, elle est d’ailleurs pas plus spéciale que ça, bien que jolie. Il a pas joué Weep que j’aime bien, ou du moins je l’ai pas captée. Mais The Games People Play ou Peace Of Mind, ou je ne sais plus quoi, « tiercé » dans le désordre, me remet la pêche et inda place. Bien vu puisque j’atteins les premiers rangs quand Marcia entre sur scène pour leur duo de légende, j’ai nommé Young Gifted & Black. Pèche définitivement de retour et un peu plus d’attention de ma part pour Monsieur Andy, même si je regrette que son ex ne soit pas restée pour un petit Pied Pipper tant qu’elle y était. On ne peut pas demander la lune. Pendant ce temps, on voit une grande et large silhouette sur le côté : Derrick Morgan est là, qui patiente, avec à ses côtés sa fidèle Trish. Une très bonne nouvelle pour la suite.
Forward March! On est aussi là pour fêter les 50 ans de cette petite nation qui rythme notre quotidien et le Ruler fait ça très proprement. Je sais plus pourquoi Bordeaux m’était resté sur l’estomac il y a 2 (ou 3) ans, mais là, c’était très bien! Encore une fois, le tabouret posé à proximité n’a servi à rien, le grand Monsieur a assuré de bout en bout avec Gun Power, Tougher Than Tough, Moon Hop, I Love You et je ne sais plus quoi en medley ou titres entiers, rejoint sur la fin par Scully pour un duo où on se dit qu’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde, le temps de 3 secondes où ces messieurs se cherchaient à tâtons : immense respect, je m’incline une énième fois devant les vrais papes de la journée!!!! L’assistance bigarrée, quant à elle, impose une certaine retenue. Y’en a qui deviennent lourds, z’ont pas appris à se tenir en public, mais je prends mon mal en patience et la fatigue était peut-être ma meilleure alliée sur le coup. Que de titres repris en choeur en tous cas, les t-shirts 2 Tone ayant fait leur apparition aussi, « and wherever there’s joy, there’s pleasure », je me répète mais ce qui est vrai est bon à dire et à redire.
Bon, ça fait trois sets qu’on est là et Morgan, très observateur, me signale qu’il va y avoir un changement de backing band, ce qui est de bon augure : en 3 heures et quelques, les occasions de se poser ont été nulles à moins de rater une partie du spectacle comme je l’ai déjà fait. Un peu galère sur le coup et la demi heure de break est amplement méritée. Bières, blabla, essayage de « pelouse », ça roule, le meilleur est sensé être à venir. L’attente est là en tous cas. De mon côté, tout est à relativiser : je n’ai pas réussi à apprécier les vidéos YouTube des Gaylads mises en ligne, donc je me dis que ça ne peut pas être pire. On est dans la place, reste plus qu’à essayer.
Premier constat : la basse est surpuissante. Ok, on est tout devant, mais jusque là, ça ne m’avait pas gêné outre mesure. J’espère que ça ne sera que le temps d’un ou deux morceaux, mais non, les voix de nos trois compères sont légèrement noyées dans le flot instrumental. Un comble… Je me rappelle pas plus de par quoi ils ont attaqué, mais j’ai frisé la désillusion quand vint mon morceau préféré du trio : Joy In The Morning a été massacré : la levure a été omise, la pâte a fait « flop », il manquait toute la mélodie, sûrement la voix d’un Delano Stewart et toutes les particularités vocales qui font ce morceau… Mais mettez ces voix en avant, m****! L’autre truc pas top, c’est le spot qui ne vise que BB Seaton, laissant ses deux acolytes dans l’ombre pour ne pas dire le noir presque total. Pas sympa, d’autant plus que si c’est le lead sur le coup, il n’a pas cette voix qui manque carrément sur certains morceaux. Mais j’en ai déjà parlé. « Wherever there’s joy »… qu’il disait! Bon, les premières mesures de ABC (ouh la la!!!) remontent le set dans mon estime, et ça suit admirablement son cours avec Hard To Confess, frissons au rendez-vous bien que sur trop peu de temps, puis My Jamaican Girl… J’ai complètement zappé There’s A Fire, mais le jeu fut semble-t-il de friser le très bon tout en tapant dans le… Non, pas médiocre, mais le machin sans levure, là… Pauvre orchestre ou sonorisateur. People Crying ou encore Over The Rainbow End sont des titres qui ont été assurés, et je dis ça à postériori pour les avoir reconnus sans avoir « révisé » avant le concert, le dernier cité avec force participation du public. Puis y’a deux ou trois titres sur lesquels j’ai beaucoup de doutes, titres aux riddims pourtant si évocateurs, c’est dire. It’s All In The Game en fait partie, tout se mélange dans ma tête. Voilà. Un bon set, mais pas excellent, avec ce son pas adéquat d’un côté, et un manque fatal de constance dans le rendu de ce qu’on écoute sur disques.
C’est tout pour moi -et c’est déjà bien long! Je tiens juste à rajouter que, si les attentes étaient logiquement assez grandes pour les Gaylads, ils n’ont pas pour autant fait un concert médiocre : c’était bien, il manquait le mieux. Et puis, vous saisirez, je l’espère, que limiter cette soirée à ce trio qui peut se parfaire, et je le leur souhaite, c’est bien manquer l’essentiel, à savoir un défilé de légendes qui m’ont donné la sensation d’être là pour prendre du plaisir aussi et où les surprises se sont multipliées, quel que fut le groupe pour lequel on s’était déplacé, quels qu’étaient ceux éjà vus par le passé. De grands moments de live où plutôt que d’attendre il faut prendre, parce que y’a beaucoup qui a été donné. Bon, pour 35€ quand même. Si c’est le prix pour retomber innocemment en enfance et avoir quelques épisodes d’émerveillement, sourire scotché, critique oubliée, je prends à l’aise et pour une telle affiche, je remettrai ça dès qu’occasion m’en sera donnée. Pour la suite, j’aurais bien vu Johnny Osbourne le lendemain, mais même sur le net, impossible de garder les yeux ouverts. Y’a plus qu’à espérer!
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