A travers l’ancienne Estremadura : Alcobaça et Obidos
Alcobaça fut fondée dès la naissance du royaume portugais par Dom Afonso Henriques, mais la construction originale, abbaye sistercienne, fut détruite par les Maures dès ce même XIIe siècle. Dans mon souvenir, la place était belle et ombragée, mais en 20 ans ou presque, les choses évoluent!
On entre dans cet édifice gothique par l’Eglise Santa Maria.
Et dans ses dépendances par la salle des rois. C’est l’occasion de rajouter qu’avec Batalha et le Mosterio de Jeronimos, celui d’Alcobaça fait partie de ces ensembles où des rois sont inhumés.
Les azulejos de cette salle figurent bien des histoires liéesà la Reconquête. Alcobaça, qui n’est d’ailleurs pas sans faire penser à un nom arabe, a ainsi été construite après que Dom Afonso Henriques ait promis l’édification d’un monastère dédié à Saint Bernard s’il reprenait Santarém aux Maures. Ce fut chose faite en 1147.
Dès lors, et au grès des guerres de reconquête, il fallut 76 ans avant que la première partie de cet ensemble ne soit achevée.
Le monastère fut inauguré en 1252, après que le cloître principal fut terminé. Les moines locaux s’illustrèrent particulièrement en agronomie.
L’étage du cloître du Silence, de style manuélin, ne fut construit qu’au XVIe.
Le tout a été réalisé dans un style assez épuré, comme précaunisé par la règle sistercienne.
Les orangers venant ajouter un peu de couleur à cet ensemble parfois bien aveuglant au soleil!
Les salles sont nombreuses et je prends toujours autant de plaisir à cadrer les voûtes et autres éléments architecturaux.
Le réfectoire XIIIe s.
Les cuisines XVIIIe…
L’immense dortoir, à l’étage…
Et un second cloître, à l’arrière…
Même la partie manuéline reste assez dépouillée…
Sans grand superflu, bien qu’avec toujours quelques surprises…
Les gargouilles devaient toujours être une occasion pour les artistes / artisans de se défouler un peu!
Les salles sont immenses…
Et les lieux sont austères…
Mais la nef de l’église Santa Maria reste la plus stupéfiante…
De part et d’autre de la sacristie, on peut voir les tombeaux d’Inès de Castro et de Dom Pedro. La première, amante du second, fut assassinée par ses ennemis politiques, qui ne voulaient pas voir une espagnole arriver sur le trône portugais. A la mort de son père, une fois roi, Dom Pedro fit exhumer sa bien aimée avant de la faire couronner, obligeant sa Cour à lui baiser la main.
Le thème fut, au cours des siècles, repris par de nombreux artistes, comme celui de La Reine morte. Ils furent inhumés selon les souhaits de Dom Pedro dans la même enceinte, afin que leur âme se retrouvent au paradis. Le tombeau d’Inès, supporté par des chiens à figure humaine qui seraient ses assassins, voit leur histoire racontée jusqu’à leur descente aux enfers.
Quant le tombeau de Dom Pedro I (1320-1367) est lui porté par des lions. Lors de l’invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes, Alcobaça fut pillée et en garde aujourd’hui encore des séquelles.
Heureusement, des parties des tombeaux restent bien conservés, témoignant du délire gothique flamboyant de leurs créateurs.
Une dernière vue, pour la route…
Qui nous mène, à 1/4 d’heure, à Nazaré, village connu pour ses pêcheurs tirant le produit de leur labeur à la force des boeufs. Aujourd’hui, les surfers envahissent les environs : c’est que la plus grande vague du monde aurait élu domicile de l’autre côté de la jetée naturelle! Sinon, c’est d’un urbanisme galoppant dont je suis témoin, la ville étant 2 à 3 fois plus étendue que lorsque je suis venu en 1999…
Direction le Sud, à nouveau : l’erreur n’est pas énorme, mais voilà ce que c’est que de faire un itinéraire de tête. Mais Obidos vaut bien un demi-tour! J’ai toujours été intrigué par cet édifice, mais rien de particulier à signaler, sinon qu’ils cherchent des dons pour restaurer.
Obidos vient tout simplement du latin « oppidum », à savoir une ville fortifiée…
Les Romains furent donc présents sur place, puis à priori les Wisigoths et enfin, dès leur arrivée dans la péninsule, les Maures.
Ces derniers n’en furent délogés qu’en 1148…
Les murailles, élevées aux XIe et XIVe siècle firent l’objet de nombreuses restaurations depuis.
A l’intérieur, la ville est intacte… Enfin, quelques travaux restent bien à faire! Quant au débouché d’Obidos sur l’océan, il semble qu’il ait été depuis longtemps comblé… J’étais moi-même bien loin d’imaginer qu’il y ait eu l’océan aux pieds, ou quasiment, de ces murailles à une époque…
Avec le soleil couchant, la lumière est belle, mais c’est un peu dommage de photographier à l’ombre… Enfin, pas tout le temps!
Le tour de ronde fait quand même 1,5 km.
Et les vues diverses, tout du long…
Mais malgré les jeux de lumière…
Il y a quelque chose de frustrant…
La suite de la visite sera donc pour demain matin! Ce soir, ce sera « febras de porco com batatas fritas » : rien de plus local, et que c’est bon!
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