Ilha de Santo Antão : de Janela à Villa das Pombas
Aujourd’hui, nous allons y aller tranquillement. Une journée débutée à flâner autour du port de Ponta do Sol, avec une petite envie de piquer une tête dans les piscines naturelles. Mais comme l’envie n’est que petite, ben on repassera.
Je crois que les jeunes en bas nous ont adressé un signe bien connu.Nous sommes sur la route. Voilà qui m’y fait penser.
Destination Janela [=fenêtre]! C’est quasiment ou bout de la partie nord de la route depuis Porto Novo. 5 petits kms après Villa Pombas.
.. A la sortie du tunnel qui marque un vrai changement tant en termes de relief que, le jour où nous sommes arrivée, de temps : tout ce côté-ci était sous les nuages. Déjeuner sur place puis bribes de discussion avec ce Monsieur de 86 ans, en fumant une cigarette. Il m’explique avoir fait une scolarité minimale mais dont il tire fierté. A moitié sourd et borgne, il semble être un bon vivant et ignorer les moqueries alentours.
Et puis nous entamons notre petite randonnée… Jusqu’à la ville, là-bas… D’ailleurs, on aperçoit la colline de bouguainvilliers et Saint Antoine : comme quoi, ça n’est pas si loin et la route est presque « droite ».
Janela n’est rien de plus que la sortie d’un tunnel, un parking et un mini centre commercial… En 1972, le propriétaire le plus riche du coin aurait acheté une voiture pour parcourir les 600 m. qui séparaient sa maison du débarcadère, persuadé qu’il ne verrait pas de route de son vivant. Lorsqu’ils ouvrirent ce tronçon en 1989, il dût vendre sa voiture : il n’avait pas le permis. Une route construite sur quasiment 40 ans…
… Et qui se visite comme un monument historique, dixit Jean-Yves Loudes. Nous, nous commençons à savoir apprécier les paysages.
Il faut bien se figurer que l’homme a participé à le forger aussi, envers et contre tout, domptant les éléments.
Parfois, nous avons l’impression de faire un tourisme macabre… Mais les cimetières sont là, on a donné une belle place aux morts.
L’eau est abondante de ce côté-ci de Santo-Antão. Ici, des ignames poussent à même la rivière, à notre grand étonnement.
Bon, tout est sujet à étonnement, hein, comme ce conglomérat de galets à la base de la montagne…
Et nous allons, de virage en virage…
Cette fois-ci, bananiers et cocotiers profitent de l’eau. Tout près se trouvent des inscritpions rupestres antérieures à l’arrivée des portugais.
Nouvel essai de lecture du paysage : encore faut-il savoir où mène ce chemin! Au moins jusqu’au poteau électrique, tout là-haut.
En arrivant, 3 jours auparavant, c’est ce « sphinx » qui m’a le plus marqué sur cetrte côte découpée.
Raison de plus pour cette randonnée, parce que c’est mieux aussi de voir les choses au ralenti. Encore un terrain de foot, et une exploitation de sable.
Et des plantations, partout dès qu’il y a du plat, un peu de terre et de l’eau. Ici, c’est un système d’irrigation qui prend le relais de la nature.
La modernisation suit son cours. Ces bacs à laver le linge ne semblent pas avoir été abandonnés depuis longtemps. Mais ils le sont.
Une vie de chien… Nous aurions pu nous en tenir à ça mais nous n’aurions alors rien vu.
Ah, les ânes. Nous n’en avons pas vu énormément, mais la bête de somme demeure bel et bien présente et utile sur l’île.
Petit coup d’oeil dans le rétroviseur…
Je n’ai pas de nom pour ce village. C’est juste l’heure, pour nombre de ses habitants, de sociabiliser : une fin de journée.
Prochaîne étape, notre sphinx. Mais pas à ce virage, encore!
En fait, un espace arraché à la montagne pour y faire passer la route. Le plat aux maisons, le reste aux bêtes.
Avec la bénédiction des parents, placés plus haut sur le pas de leur porte. Ils voulaient des stylos, mais nous n’avons pas prévu ce genre de choses.
Retour à la nature, sa manière de découper, d’agglutiner, de tordre et de se montrer quant elle s’est laissée dompter.
Encore un peu…
Un sphinx d’un côté…
Une ribeira de l’autre, avec son lit de torrent, ses cultures et ses enclos de porcs. Pendant que nous regardons, un riverain s’approche et nous explique. Il élève ses cochons, dessous les feuilles de bananiers en contre-bas, a son jardin et sa maison ici.
Une vie au Cap-Vert.
C’est calme, les gamins jouent au bord de la route…
Et les chèvres défient les lois de l’apesanteur.
Deux heures pour parcourrir ces 4 kms. Nous y avons été très tranquillement!
Il reste encore de la route, nous n’y serons pas pour le dernier collectivo… A mi-chemin, nous en marchandons un qui a fini sa journée. Avec une livraison à faire à Sinagoga, il poussera un peu plus loin. Ce soir, c’est Gato Negro : le propriétaire est français. Spécialités locales, mais grosse envie de pâtes! Après tout, il y a pas mal d’italiens au Cap-Vert, aussi. Demain, la tant attendue Corda et la Cova… Grogue velho, en attendant!