Nossa Senhora da Peneda
Levé assez tardif ce dimanche : je n’ai pas encore pris le rythme qui allait s’avérer nécessaire durant ces vacances. Rien de grave! Mon programme du jour est à priori assez léger : il s’agit de trouver Nossa Senhora da Peneda… Pas aussi simple qu’attendu!
Je dois passer en Espagne pour rejoindre ce point situé dans le Parc National de la Peneda Gerês. Et pour pimenter un peu le parcours, je prends par la montagne et les Pitões das Junias. Mais avant ça, et puisqu’on est dans une région de lacs, la retenue du Haut Cavado, toujours la rivière qui passe à Barcelos .
Les hauteurs des Pitões das Junias, à plus de 1100 m d’altitude. J’ai eu beau chercher une signification mythologique à ce nom, rien n’y a fait… Je le laisse donc en VO. Un village de près de 200 âmes se trouve dans le coin, ainsi que les ruines d’un monastère médiéval. Je remets ça pour plus tard, et c’est pour le coup plutôt le déplacement des vaches en file indienne qui capte mon attention.
Les bovins sont en semi liberté dans le coin. Les panneaux intimant aux conducteurs de faire attention aux vaches sont nombreux.
Et là… Là je me rends compte qu’une frontière ne tient pas à grand chose : vous voyez ce « P » gravé? De l’autre côté, c’est l’Espagne!
Pas sûr que la route que j’emprunte existait il y a 40 ans. En revanche, il y avait dans le coin de nombreux chemins de contrebande. Ce sont aujourd’hui des chemins de randonnée recherchés. Je suis désormais en Galice, et le parc de la Peneda Gerês est devenu celui de la Serra Xurés. En contrebas, l’encoro (=lac) de Salas. Encore une retenue artificielle.
Les villages déjà croisés en Espagne sont bien moins typiques et authentiques que ceux qui se trouvent de l’autre côté de la frontière : l’ancien rénové y côtoie le neuf imitant l’ancien et le neuf moderne, dans une cohabitation pas toujours heureuse. Mais on sent, malgré la division politique, une unité régionale. Voilà un pont qui, lui, mériterait une petite inspection, pour le moins…
La journée va être radieuse…
Et on passe de lac en lac : celui-ci, je vais le longer un moment : le lac das Conchas. Le galicien ressemble beaucoup au portugais. Dans ce cas-ci, il s’agit du lac des coquillages.
C’est un lac alimenté par le Rio Limia en SP, Rio Lima en PT, qui va se jeter à Viana do Castelo .
Et oui, sacrés vestiges que ceux-ci aussi!
Toujours le même fleuve, qui a donc changé de nom. Sans le savoir, je passe au pied de Lindoso, qui a de beaux vestiges médiévaux et modernes. Et commence à entrevoir que la multitude de panneaux touristiques nuit à la qualité des choix en mode spontané. Du reste, le coin abrite aussi de nombreuses sources d’eau chaude. Peut-être pour une autre fois!
De la vallée encaissée et sinueuse du Lima, je suis passé dans les hauteurs.
Et ça grimpe!
La route est très escarpée, mais j’ai pour moi l’expérience des routes aveyronnaises…
La végétation et les couleurs automnales rendent merveilleusement. Je n’en finis pas de m’ârrêter, ce qui ne raccourcit évidemment pas mon trajet!
Mais j’arrive… Là, de l’autre côté, en blanc : il ne me reste plus qu’à contourner la vallée! Et contre toute attente, le sanctuaire en question n’est pas si haut : 780 m d’altitude seulement… C’est qu’on doit redescendre quelques centaines de m. de façon un peu abrupte, pour ensuite remonter.
Tout en faisant attention aux vaches, qui ont quelque chose de sacré. Vue leur petite taille, celles-ci pourraient être des Cachena, plus petites que les Barrosa, mais similaires. Les deux races, originaires de la région, ont frôlé la disparition au profit des Charolaise et Limousine, à plus forte productivité, mais font l’objet d’un regain d’intérêt et d’élevage.
La fameux sanctuaire, sous le rocher Meadinhas. N me l’avait indiqué pour sa ressemblance avec celui du Monte Bom Jesus , toutes proportions gardées.
Là encore, quelques vaches sont en semi liberté… Une Cachena, celle-ci.
Les lieux sont consacrés à la Vierge, qui y serait apparue à une bergère le 5 août 1220. Dès lors, ils devinrent lieu de pélerinage…
Un ermitage y fut d’abord construit, puis en 1875 y fut achevé l’actuel sanctuaire et ses 20 chapelles abritant des scènes de la vie du Christ.
L’une d’entre elles exposerait une inscription offerte par un Negus d’Ethiopie et quant à la colonne supportant l’Archange Gabriel, ici, elle fut offerte par la reine Maria I de Portugal (1734-1816). C’est la première semaine de septembre qui attire le plus gros des pélerins, et ce, depuis le Moyen-Âge.
Mais une légende plus ancienne que celle déjà relatée raconte que, fuyant les Maures qui avaient, dès 710, conquis la Péninsule ibérique, les Chrétiens laissèrent sur leur passage des images pieuses, y compris sur ces lieux, vers 717-718.
De cette légende-ci ou de l’apparition de la Vierge, chacun voit quelle est la plus crédible…
Le pélerinage fut en tous cas très rapidement célèbre dans toute la Galice et le nord du Portugal… Qui en 718, n’existait guère! Il est temps de rentrer. J’ai eu la chance de profiter des derniers rayons de soleil, sans pour autant qu’ils embellissent le sujet de ma visite : voilà qui m’apprendra à prendre le bon rythme. Malgré tout, les sujets d’étonnement ne manquent toujours pas…
Je suis dans le district de Viana do Castelo, qui me semble bien loin! Ici, Gavieira : ça n’est pas le Cap-Vert , mais ça a quelque chose de Machu Picchu ou de paysages de rizières, non? Ok, je calme mes ardeurs! Reste que le fameux Lagon des Druides voisin n’est pas une de mes inventions!
Ciao, Rio Lima! La route est longue et risquée, les routes montagnardes mal indiquées, peu balisées…
… Dans le noir, mieux vaut faire attention. C’est déjà un soulagement d’avoir passé ce morceau d’Espagne, pays qui compte toujours une grande densité de policiers en patrouille. 3 bonnes heures de route et temps de raconter ma journée aux copains qui ont eux sillonné le coin de Pitões das Junias au lac de Salas, tout en se gavant de spécialités locales. Atè amanha.
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