Kingston, opération Hope Road
Il est sympa l’hôtel Backpackers de Kingston… Une ancienne galerie d’art, par ailleurs, ainsi que l’atelier de Zack, le fils, qui dans un passé récent encore, réalisait des panneaux publicitaires. II me semble qu’il a un certain talent.
Ce matin, j’ai voulu faire une lessive… Pas de lavomatic dans le coin, et j’ai dû m’y prendre à la main, dans la douche. Alors que j’avais fini savonnage et frottage, sur le point d’entamer le rinçage…
L’eau a été coupée. Zack intervient très rapidement : régulièrement, l’eau est coupée par les gens du quartier voisin… Enfin, déviée, car tous les quartiers n’ont pas l’eau courante si je comprends bien…
A Kingston, tout se côtoie : les riches et les pauvres, avec une petite classe moyenne, sûrement, quelque part. Tenez, ce terrain de golf jouxte directement ce que je qualifierai de bidonville.
Une fois mon linge rincé et étendu – là encore rien de prévu, mais il y a à peu près tout ce qu’il faut dans l’atelier! -, j’entreprends de me rendre au Marley Museum, sur Hope Road.
Il y a quelques kms jusque-là, mais j’aime autant prendre le temps et y aller à pied.
Les observations faites la veille sont toujours de mise…
J’y rajouterai que la prévention routière semble être une véritable préoccupation du gouvernement jamaïcain…
Je connais bien un ou deux artistes victimes de la route : Stephen Taylor, des Ethiopians, y laissa la vie en 1975.
Pour le reste, je vous laisse juge…
Je vais également m’intéresser aux évènements et, surtout, affiches locales!
Moto sans casque… La norme.
Eglise catholique et son école, la Stella Maris prep School. Pas évident à voir depuis les routes que j’emprunte, mais au milieu des quartiers mid class , il y en a pas mal qui semblent être bien moins lotis.
Observation après coup, d’après les vues googles maps . Ceci expliquant toujours cela… Surveillance vidéo centralisée…
Il y a de la pub pour des évènements dans toute l’île, même à l’autre bout! Mais je n’ai pas encore conscience de sa taille. 1/4 de plus que l’Aveyron, 5e département français, en fait : 11 425km² contre 8 375…
L’art publicitaire local s’applique partout… Jusque sur les minuscules bars et autres magasins de spiritueux qui ont dans certains cas financé les prémices de l’industrie musicale, dans les années 1960 : je pense à Duke Reid et Leslie Kong, entre autres.
Sur plusieurs kms, jusqu’à Halfway Tree, je ne croise quasiment personne : tout le monde est en voiture.
Bon, pour le moment, le décor s’accorde avec les clichés d’insécurité, mais il faut bien dire que le cadre « banlieue pavillonnaire & commerciale » n’est pas pour m’enchanter!
Première étape, le magasin de Derrick Harriott. On est dimanche, c’est donc un repérage.
J’espère pouvoir lui demander ses conditions pour venir jouer en Europe… J’ai déjà eu la chance de le voir : une expérience unique avec cet artiste / producteur à la belle longévité.
Halfway Tree n’a rien d’un arbre. Il y a une horloge historique tout près, mais je l’ai zapée… Un de ces endroits déjà traversé, via une chanson ou le témoignage d’un artiste… Et puis ça donne sur Hope Road, un des centres de la vie jamaïcaine…
Ici, c’est un peu animé, on me propose des souvenirs, à fumer… Il y a aussi pas mal de sans abris : l’un d’eux me prend en course, dans un équilibre précaire, l’air à bout de force. Il me montre de la monnaie, c’est tout ce qu’il veut.
Si cette photo vous étonne, c’est que vous écoutez peu de Reggae! Sinon, vous pensez à Doctor Alimantado…
Pas mon délire, ceci dit, mais le poulet est un des thèmes préférés des artistes jamaïcains : j’ai cette compilation de 1970 pour le confirmer!
Un dready métis très clair, la 50aine vétu d’un maillot de Salah m’accoste : grand-père espagnol, a grandi aux USA…
Me déconseille de tirer jusqu’ l’Alpha Boys School aujourd’hui, car c’est loin et ça craint le dimanche. Il est très fier de son pays et souhaite que les gens n’y rencontrent pas de problème. Je suis trop Blanc, selon lui. Ok. En passant devant Devon House, le joyau architectural de Kingston,…
Je lui dis que j’arrive de Cuba où c’est super safe , y compris la nuit ; il m’explique alors que Manley est un con et que l’expérience socialiste avec Bustamente était une bonne période. Et puis il préfère Messi à Ronaldo car ce dernier est homosexuel. La mondialisation touche tout.
Echange sympa… Je vois 9 personnes sortir d’un taxi Toyota Wish : autant dire de nulle part! Je suis arrivé à destination, 56 Hope Road…
« Ca promet ». Avec un tel succès planétaire et intemporel, faut être au goût du jour. Il manque un petit sticker « mac », toutefois.
La fameuse maison qu’avait achetée Bob Marley à Chris Blackwell en 1975, le Bob Marley Museum désormais.
Comme j’avais bien prévu mon coup… C’est fermé le dimanche… Même si c’était un peu du remplissage, c’est pas du temps gagné non plus. Tant pis!
J’y reviendrai : avec une semaine à Kingston, le temps ne devrait pas me manquer. Et puis c’est quand même l’endroit où les Wailers enregistrèrent la majorité de leurs disques à partir de 1970…
Il faut aussi imaginer le tout Kingston, artistes, mafieux, suiveurs sûrement, se réunir ici et faire des parties de foot interminables quand le groupe n’était pas en session d’enregistrement ou en tournée…
Demi tour, je vais tenter la Devon House, dans le quartier éponyme, avec ses bâtisses coloniales cossues. Il y a du monde : c’est l’heure du goûter et le glacier tourne à plein régime. Trop de monde pour moi. Je trace.
Pas mal de sans-abri, posés à même le trottoir dans le coin… Mais aucun signe d’agressivité, aucun signe de rien. Sandy Gully, sur le chemin. Ca doit être spectaculaire à la saison des pluies.
Au croisement de Upper Waterloo Rd et Shortwood Rd…
C’est le bon itinéraire…
Si les cubains posent facilement devant un objectif ou se moquent complètement de voir un appareil photo, c’est différent en Jamaïque où il est fortement conséillé de demander la permission… Ca ne va pas aider.
Une école maternelle… Les enfants apprennent les grands symboles et mythes nationaux dès leur plus jeune âge.
Quand les adultes doivent apprendre leurs propres leçons. En vérité, au delà de l’aspect sécuritaire, c’est le côté toast des slogans qui me marque : ils pourraient être clamés par un U-Roy que ça caserait parfaitement! Protect your head, don’t end up dead!
Plus sympa à vrai dire, je bloque souvent sur la majesté des arbres. C’était les fromagers à Cuba, et ici…
Allé, un ficus qu’on m’a dit! Et un des rares points de vue sur la mer… A peu de choses près sur Tivoli Gardens, le quartier les plus criminel de Kingston, ce qui ne fait donc pas rêver.
Je passerais plus volontiers du temps à la Football Factory.
Je vais peut-être aller en soirée ce soir, Zack m’a dit avoir trouvé un taxi dispo pour m’accompagner durant la semaine.
A Manor Park, il y a du gros son… Ca sort d’une voiture.
On y vend de la bière et ce sera une Red Stripe avec Under Mi Sensi , Bam Bam et autres sons 90-00s. Deux jardiniers rentrent, outils à la main, posent leur vélo…
Et se jettent quelques rhums ; l’un danse avec son verre sur la fontanelle. C’est pittoresque. Cette fois, je prends une Dragon Stout, 7°2, some like it hot, some like it fresh , hot pour moi… Et un jerk chicken , j’ai rendez-vous avec le taxi : l’aile ou la cuisse?
A l’hôtel, je raconte mon expérience de la veille à Ricardo, le jardinier, et Chris, un texan. Ils en rigolent tout en me mettant en garde. Mr Campbell, taxi et ancien militaire, arrive : on organise la semaine à un tarif bien moins prohibitif qu’avec un guide…
Et pour ce soir, on me conseille le Kingston Dub Club, dans les collines au dessus de Kingston.
Cornell a prévu de la bonne compagnie, qu’il me présente comme sa femme… Et moi je m’attends à une soirée tranquille, quoi que je n’ai pas prévu de rentrer très tard.
Comme le nom des lieux l’indique, c’est une soirée Dub , et il y a pas mal de touristes : même les locaux y ressemblent.
L’herbe tourne à fond… Mais pour moi, ce sera un space cake ! Faut pas déconner non plus! La vue sur Kingston est magnifique. Mais le temps passe vite, l’ambiance ne décolle pas et j’aime autant rentrer me reposer : demain, c’est Blue Mountains.
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