Alpha Boys School et Ambassador Theatre
Grasse mat’ ce 1er novembre. J’ai rendez-vous avec Cornell à 14H… Je m’occupe donc dans le quartier, notamment en jetant un coup d’oeil à la galerie d’art local occupant les murs de l’hôtel. Stafford Schliefer – Market Day
David Pottinger – Nature morte
W. Perkins – Caught, 1997
Cornell tarde énormément : il a une heure de retard.
Il m’assure qu’il n’y aura pas de problème demain et pour l’aéroport à la fin de mon séjour…
Sur la route, il coupe tout, roule en double file, pas de danger mais en dépit de tout code de la route.
Comme d’autres jamaïcains avant lui, il me demande d’ailleurs s’il trouverait du travail en France : j’y dis qu’il devrait certainement passer une équivalence à son permis et qu’il ne pourrait surtout pas conduire de la sorte.
Amy Laskin – [Blue Mountains]
Winston Forth (sculptures)
DB Don – Reggae Boys
Il livre une cargaison de viande sur Marverly av., pas vraiment sur la route de ma viste du jour, l’Alpha Boys School. On va voir. Whitfield av., Kingston Est, Downtown, la zone, bidonville.
Ca soude dans la rue facon Mighty Diamonds. East Ocean Drive, meutes de chiens, végétation envahissant ruines, décharges, bidonvilles,…
Ambassador Theatre, National Heroes Park, Allman Town, et nous voici devant l’Alpha Boys School. Il est 16H, nous arrivons devant la grille et je vois les horaires : ça ferme à 15H…
Houlalala. Cornell discute 2 minutes avec le gardien m’annonce que ça ne sera pas possible. Baisse de tension… Je sors prendre 2 ou 3 photos : seul le panneau d’entrée se démarque. Mais il y a également une boutique pas mal à l’Alpha.
L’Alpha Boys School, c’est juste là où ont été formés d’excellents musiciens jamaïcains : les trombonistes Don Drummond et Rico Rodriguez, auquel renvoie le logo, ou Vin Gordon ,…
Les saxo Tommy Mc Cook, Carl Bryan et Cedric Brooks, les trompétistes , Johnny « Dizzy » Moore, Bobby Ellis ou Eddie « Tan Tan » Thornton, les batteurs Leroy « Hoursemouth » Wallace et Leroy Smart, entre autres gamins reccueillis et formés dans cette institution, orphelinat fondé en 1880.
Cornell me propose d’aller acheter des fringues dans une boutique de sa connaissance, mais je lui fait bien comprendre que ce qui m’intéressait est ici… Finalement, le gardien nous laisse entrer s’il s’agit de faire deux ou trois achats : le gérant de la boutique n’est pas encore parti!
Nous croisons ce dernier sur le départ une fois dans la place, mais il est ok, à mon grand bonheur, pour réouvrir les lieux.
Je m’adonne donc à une frénésie consumériste propre au touriste occidental que je suis, sous les yeux ébahis de mes accompagnateurs. Je n’ai rien acheté depuis que je suis à Kingston et peu de chances que les boutiques de la côte nord répondent à mes envies. J’ai retrouvé le sourire et Cornell aussi.
Quel soulagement! Ca vaudra une bière à tout le monde, et ce sera au Bers Jocies Groceries, vers Wild Street où Cornell tente de me brancher Shanique, la jolie métisse derrière le bar. Mais ça cause essentielement foot : Manchester United, Liverpool, FC Barcelona, Raheem Sterling…
18H : nous traçons pour l’Ambassador Theatre. Cornell me montre le poste de police qui se situe en face et me confie à un gars de l’orga. On fait gaffe à moi comme dans le bar, où un gars a voulu quémander et où tout le monde lui a crié dessus. Je me sens trop accompagné mais c’est le prix de la tranquilité pour tous.
Tout ca pour aller à l’entrée où je tombe sur l’équipe d’hôtesses entrain d’organiser les derniers détails de la soirée à venir. De jolies filles à Trench Town, y’a pas à dire! Et puis je suis surtout heureux d’être dans ce lieu mythique,…
Un de ceux qui accueillirent les radio crochets tel le Vere John’s Opportunity Hour , et autres compétitions musicales dans les années 1950 et 1960…
C’est une de ces salles où nombre d’artistes ont fait leur première scène, leurs premiers pas face au public, avant de passer dans la foulée dans les studios d’enregistrement.
Je n’y avais rien prévu lors de l’organisation de mon voyage. Seule la projection d’un film sur le Reggae m’y a fait venir.
Un groupe de jeunes accompagné d’une section à cordes joue un riddim parfait. A Trench Town comme partout, les gens passent du temps sur leur portable tandis que la salle se remplit. Les 3 guides du Cultural Yard rencontrés hier se sont installés juste à côté de moi : nous discuttons un peu…
Tandis qu’une autre dame, apprenant que je suis français, me dit qu’elle a voyagé à Paris, Nice, Marseille, ainsi qu’à Cuba d’où je viens.
C’est quand même une soirée mondaine, tout le monde est sur son 31. Un trio de nyabinghi joue pendant une grosse heure, parfois accompagné de cordes.
Les choses ont bien changé depuis le temps ou les rastas et le Reggae étaient bien mal considérés!
Bref, c’est parti…
Malgré un ou deux contre temps au lancement, le film démarre pour finir à 22h.
Il a l’air fortement apprécié : ça rigole, essentiellement lors des bumbaclaat ,…
Ca s’attendrit aux moments lovely , ça commente voire répond en mode église à Man gors by many ways par Yeah, many ways : c’est très expressif!
Quant à moi, je connais bien le film en question, mais c’était une occasion unique que de le voir dans ce contexte! Et puis, c’était une des meilleures manières de terminer cette semaine à Kingston.
Demain, j’ai un départ à 8H pour Montego Bay par le Knutsford Express. Le débat se fera sans moi, quand bien même j’aurais été là : je remercie et salue tout le monde, c’était une chouette soirée.
Laisser un commentaire