Ocho Rios & Nine Miles
Cantaloup, pastèque, carambole, papaye, ananas et que sais-je encore? Une salade de fruits frais après le café à un étal couleurs rasta. Tôt ou tard, les deux frangins sont toujours là, il s’agit de faire de la money . Pourvu qu’ils en profitent aussi…
Le Burger King, mon QG internet ces 2 denriers jours, le seul endroit où je captais le wifi, posé le soir parmi les vendeurs de layettes et autres marchandises de foire sans que ça pose problème à quiconque. Italian? German? : de bonnes raisons de sourire, même.
Je comprends que les locaux attendent que la saison décolle : apparemment, y’a du monde à nourrir et la concurrence avec les beaux magasins tenus par des pakistanais ou indiens doit être rude… Ce matin, je me rends à Ocho Rios, à 100 kms vers l’Est.
2H de route jusqu’au Reggae Hostel d’Ochie. Fondée par les Espagnols qui l’avaient baptisée Las Chorreras , soit « les pleureuses » à cause des nombreuses chutes d’eau, la ville fut un important port de pirates sur la côte Nord jamaïcaine.
Aujourd’hui, Ocho Rios vit au rythme des arrivées des paquebots de touristes, comme Montego Bay, avec ses centres commericaux (pakistanais / indiens? Je vous laisse juge), et ses foires d’artisanat local… Autant dire que je suis aux anges…
Main Street court tout le long de la ville qui s’est industrialisée dans les années 1940, en tant que débouché pour la beauxite des gisements voisins.
A la fin des années 1950, c’est le tourisme qui y a fait sa place : en fonction des semaines, 5 à 10 paquebots déversent leurs milliers de passagers…
Les alentours regorgent de richesses naturelles, qui sont, une fois aménagées, les principales ressources locales. Dans la ville même, le Turtle River Park offre sa tranquilité et sa verdure gratuitement. Mais Ochie n’a pas vraiment de charme…
Suite de magasins de souvenirs et centres commerciaux, « vieux » centre puis barres d’hôtels all inclusive . Le bon côté des choses, c’est que le service lave linge existe ici. Le choix restauration est aussi plus large et évident que celui entrevu jusqu’à présent. Ce sera, après un plouf, curry de chèvre!
6 novembre. Les activités du coin sont toutes en lien avec les chutes d’eau et autres curiosités naturelles. Tout bien pensé et à ces prix, je m’en passerai. Nine Miles, ce sera, et je choisis l’option microbus vu les tarifs annoncés et discordants qui pourraient faire partir la journée à au moins 120US$.
Les Dunn’s River Falls sont les chutes les plus célèbres du pays. Pama ne s’y est pas trompé en illustrant l’album de Max Romeo tiré de son succès Wet Dream , en 1969.
J’ai grimpé dans un microbus avec environ 25 jamaïcains, l’os d’une gamine sur ma cuisse, mais c’est le vrai transport local, rien qui me change de mes expériences syriennes et cap-verdiennes et tout en R’n’B. A 200JM$, c’est parfait. A Brown’s Town, petit arrêt de 1/2H,…
Le temps de me trouver le taxi collectif qui prendra la suite. Les chauffeurs s’occupent de tout pour moi, il s’agit juste de trouver celui qui fera le trajet à plein. J’en profite pour faire un tour dans le marché local.
Le style colonial anglais me paraît toujours sombre et austère… Heureusement que les couleurs données au béton local viennent le contrebalancer sous la lumière éclatante.
Encore une grosse 1/2H de route pour 150JM$, et nous arrivons à Nine Miles. C’est là qu’est né Bob Marley en 1945.
C’est aussi là que sa dépouille repose depuis mai 1981. En arrivant, un groupe de rastas se jette sur moi et me propose la visite pour 2000JM$.
Evidemment, j’ai été pris dans le tourbillon des propositions et commence à me rendre compte de la supercherie en entendant mon « guide » me décrire la papayer, le manguier et autres arbres fruitiers…
Le clou du tour est cette mini plantation de cannabis, autrement plus en avance qu’à Accompong ! Mon accompagnateur me dit qu’il y en a 7 variétés.
Mais rien de plus à signaler… Nous sommes au milieu des collines jamaïcaines et les couleurs vert, jaune et rouge, celles du drapeau de l’Ethiopie, sont courantes sans être la règle.
Encore une fois, je me rends compte que des tombes voisinent souvent des habitations. Je me demande où je suis jusqu’à ce qu’on arrive au point de départ : là, le « guide » me dit que je suis au bon endroit pour le mausolée de Bob Marley. Ok… Inutile de discuter, assumons.
Après la traversée d’une enfilade de magasins de souvenirs en tous genres, j’arrive dans une cour où attendent une 30aine de touristes. Mais je tente de me la jouer solo et demande à un géant rasta à l’air renfrogné où se trouve le mausolée. Il m’indique un portail que je pousse. Je monte.
C’est le paysage qui a vu naître la superstar jamaïcaine en 1945, celui qui la vit grandir jusqu’à ses 10 ans et son départ pour Kingston..
Le mausolée de Bob Marley a été bâti en face de sa maison natale.
Je reste quelques minutes dans chacun de ces deux endroits, où ont été laissés quelques messages écrits de touristes. J’ai de la chance : j’ai pu faire cette visite seul, à mon rythme.
Ca reste relativement rapide, mais au moins je ne suis pas bousculé par les 25 autres à faire le tour d’une tombe à l’intérieur du mausolée! Celui de Cedella Booker, la mère de Bob, se trouve juste en face et s’avère, avec son marbre de Carrare, majesteux.
Le sommet de la colline a bénéficié d’une certaine mise en scène, comme un havre de paix au dessus du business qui s’est bâti tout autour.
En réalité, il y a un petit malaise vis à vis de cet ensemble, mais celui qui repose derrière ce portail participe ainsi à la pérénité des lieux.
Une ode à la famille de Cedella Booker orchestrée par Rita Marley , épouse de et femme d’affaire accomplie.
Si la finalité peut-être discutable…
Il faut bien avouer que ça a été fait avec style. Je suppose que l’Ethiopie et la culture amharique ont été sources d’inspiration.
Un véritable centre commercial…
Que je n’aimerais pas voir à la haute saison touristique!
Le tout bien barricadé pour 3200JM$ par tête, soit 25US$…
L’ensemble bien concentré et coupé du reste du village où je choisis quand même de me perdre un tout petit peu : je dois me ravitailler.
Chemin du retour, environ 2H de route pour 350JM$, soit entre 2€50 et 3€. Même en m’étant fait escroquer une 20aine d’€, ça reste une journée largement positive au regard des tarifs taxi proposés aux touristes.
Sur la portion Brown’s Town – Ocho Rios, cette fois réalisée par la côte dans un microbus quasi vide, le voyage est fait au son d’un Reggae Roots et du rabatteur annonçant à qui veut l’entendre « Ochie, Ochie »… Pittoresque pour les uns, le quotidien pour les autres.
Ochie, centre animé de la ville. Cette tête me dit quelque chose, celle d’un soundman dans le film « Rockers » de Ted Bafaloukos (1978). C’est bien lui, aka Lawrence Lindo (1940 – 1989). Il est en fait le principal et l’un des rares producteurs à avoir bâti son succès ailleurs que dans la capitale.
La parroisse de Saint Ann, où se trouve Ocho Rios, a par ailleurs vu naître, en plus de Bob Marley, des artistes comme Burning Spear (né en 1945), dont les principaux succès furent enregistrés par Jack Ruby, ou Justin Hinds (1942-2005). Marcus Garvey ‘1887-1940) est aussi né dans cette paroisse.
Arsenal! Finalement le club de football londonien que j’identifiais le plus avec la Jamaïque, vu le quartier dans lequel il a grandi, pourvu d’une grosse communauté west indies . Pas certain, pourtant, d’en avoir vu une référence avant, dans ce style sound system qui plus est.
Le Reggae Inferno, une discothèque pas référencée dans mon hôtel. J »y préfèrerai de toute manière ma chambre, même climatisée à 19° par mes voisins de chambrée allemands, chinois, US et japonnais, plus portés sur le vie nocturne que moi, et certainement plus par le Dance Hall pour le coup.
Je repars demain pour Kingston et après demain pour Cuba, j’aime autant rester tranquille et capter une ambiance moins électrique que celle des discothèques, quand bien même celles d’Ochie voient Jamaïcains et touristes se mêler.
Et puis en traînant un peu, je tombe toujours sur du son et puis m’adonner à mon exercice préféré en voyage. Ce soir, c’est au marché que je me rends pour trouver un ackee and saltfish bien garni avant de me jeter un petit Appleton vieux pour la route à venir.
7 novembre. Bus à 12H45 pour Kingston et 2H de route… Le temps de récupérer mon linge, faire mon sac, et surtout, un 2e plouf à Ocho Rios Bay Beach. Eau turquoise qui doit approcher les 30°, on est plus proche de la piscine que de la mer, même si le soleil n’atteint plus la plage après 17H.
Pour 200 JM$ (!), c’est sympa et safe . Je n’aurai pas aperçu de plages comme celle de cette compile de ca 1973, et je n’ose penser au prix d’entrée. Comme on peut le voir ici…
Et là, avec une compile de 1969, l’éditeur anglais de ces disques n’hésitait pas à faire appel aux photographies de la BOAC – British Overseas Airways Company – pour illustrer ses pochettes – cf modèle et date possible de la séance.
Et hop, me voilà dans le bus réfrigéré pour 2H de route, en rejoignant la Highway 2000 coupant l’île en deux via un espèce d’immense et spectaculaire cratère planté de canne à sucre, palmiers, ananas et autres à perte de vue…
En arrivant à Spanish Town, descente sur Kingston par dessus un gully accrochant l’humidité. Arrivé à 15H, récupéré par Cornell et aprèm shopping café Blue Mountain , préparation sac et dernière discussion avec un jamaïcain, un designer mode voyageur. Demain, lever à 5H.
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