Saint Paulien – Le Puy-en-Velay : des cités et des pics
Ce matin, je profite d’un relatif confort avant de suspendre mon départ : il pleut des cordes… Je passe donc une paire d’heures à regarder le déluge depuis le café, et à guêter le ciel : l’approche d’une éclaircie me décide et je pars vers 12H30.
Il a beaucoup plu depuis février : quasiment au quotidien. Ces 3 derniers jours furent un court répit et je savoure même ma chance de pouvoir avancer sous de rares goûtes ce début d’après-midi. Qui plus est, le paysage se parre d’un voile de mystère.
Quelle n’est donc pas ma surprise en découvrant Polignac par dessus les arbres! Avec un peu plus d’attention et une paire de jumelles, j’aurais toutefois pu découvrir l’endroit dès la veille .
Les remparts sont dressés le long de la falaise au XIIIe s., et le donjon au XIVe s., établissant la maison de guerre de la famille de Polignac, vicomtes du Velay et de Brioude dès le IXe s., fidèles au roi de France.
L’église Saint Martin, d’un style roman qui m’est inconnu avec ses couleurs, a été construite entre les XI et XIIe s. Polignac défendait l’entrée Nord Ouest de la ville du Puy, dont je n’ai toujours aucune trace (vue vers le N)…
[Km 16<-] Il est 15H00.Mes horaires n'étant pas raccord avec ceux des gens qui restaurent, je trace. Encore une colline à monter. Jamais qu'une de plus!
Le paysage est criblé de témoignages volcaniques : ici, la lave se serait écoulée sous une 20aine de mètres d’eau douce, durant des semaines il y a 2,2M d’années.
Lors de mes passages, c’était sous un angle qui ne m’a jamais vraiment laissé entrevoir ce spectacle ! Et si j’avais été équipé de jumelles, on commence à connaître la chanson…
Il est 18H15 et j’ai « déjà » grimpé au sommet de l’Aiguilhe. Quel étonnement de voir dans la ville un 3e pic! Au loin, Saint Joseph de Bon Espoir domine son sanctuaire à Espaly Saint-Marcel. Que de saints, que de pics!
Mais avec le peu de temps que j’ai, je vais me contenter, dans un contre la montre, de l’Aiguilhe Saint Michel et de Notre Dame de France. Ce sera bien l’occasion de visiter la vieille ville également.
L’aspect général de l’église Saint Michel d’Aiguilhe date du XIIe s., mais son érection sur un rocher d’origine volcanique émergeant à 82 m. au dessus de la vallée de la Borne, date du Xe s. En 972, l’Evêque Gothelscalk, de retour de Saint-Jacques de Compostelle, ordonna sa construction.
Sur la façade d’influence mozarabe, la mosaique de pierres noires, grises, rouges et blanches, date du XIXe s. pour le bas…
Tandis que le haut, pas visible ici, date du XIIe s. : s’y succèdent Saint Jean, la Vierge, Jésus, Saint Michel et Saint Pierre. Compliqué de prendre des photos de détails de monuments et oeuvres d’art…
A moins d’être historien de l’art et d’avoir un nombre incalculable de références, on finit souvent par photographier en passant à côté du principal. Bon, il faut aussi se fier à ses références à soi…
A l’intérieur, la voûte du choeur est ornée d’une fresque du Xe s. restaurée en 2004 ; elle représente le Christ en majesté. L’église abrite également un trésor que je ne me souviens pas avoir vu, ayant perdu mon smartphone en la parcourant…
Un smartphone heureusement vite retrouvé grâce à de bienveillants touristes… Quelle stupeur! Il semble que N.D. de France veille sur moi.
A la préhistoire, un dolmen aurait été érigé sur l’Aiguilhe, puis ce dernier servit aux fondations du temple que les romains y dédièrent à Mercure. Ici se trouvait sur l’actuelle place de Saint-Clair, un temple dédié à la déesse Diane, remplacé au XIe s. par la chapelle Saint Clair, à gauche.
Au IXe s., le culte de la Vierge y est suffisamment important pourque la ville devienne Le Puy Notre-Dame, en lieu et place d’Anicium .
Finalement, le monument le plus important du Puy n’est pas celui que je pensais…
Je dois avouer qu’avant de projeter ce voyage en VTT, je devais faire un lien ténu entre Le Puy et le pèlerinage de Compostelle…
J’étais loin de me douter de sa place sur le chemin que j’emprunte sans la crédanciale, un passeport, qui m’évitera pour le moins d’assister à la messe de 7H30 donnée au quotidien pour les pèlerins en la cathédrale N.D. du Puy. C’est toujours 2 ou 3H de sommeil de prises.
La cathédrale fut bâtie au XIIe s. au pied du rocher Corneille, dont le nom dérive du lieu de culte gaulois qui y existait. Comme l’église voisine, elle fut construite sur l’emplacement d’un dolmen.
Ce dolmen fut conservé dans l’une des chapelles et est connu aujourd’hui comme la pierre des fièvres, pierre miraculeuse qui vit sa renommée dépasser le monde chrétien.
De style roman, la cathédrale fut fortement influencée par l’architecture byzantine. Au XIXe s., l’édifice menaçait de s’éffondrer et fut reconstuit dans sa quasi totalité, entre 1844 et 1870.
Depuis le sommet du rocher Corneille, à 132 m. au dessus de la Borne, au pied de la statue de Notre-Dame de France, vue sur la ville et jusqu’à Polignac, à 5 kms. Quasiment dans l’axe, le Mont Bar, à droite.
A gauche ici, le volcan de la Denise. La statue de la Vierge a une histoire plus récente que tout ce que je viens de voir.
Elle fut inaugurée, suite à la prédication d’un jésuite et un concours d’artistes, en1860 et construite à partir des canons capturés au siège de Sébastopol, durant la guerre de Crimée.
La statue est le monument le plus visité de Haute-Loire. L’intérieur de l’édifice de 757 cm et 835 tonnes en porte les stigmates.
Et me voilà tranquille, la visite s’achève… Il était moins une mais j’ai eu le temps de voir ce que je voulais voir…
Et flâner sur le mont Anis, entre les hauts murs Renaissance du quartier cathédral est comme un voyage fantastique…
Il n’aurait manqué qu’un zeppelin pour monter là-haut, et le cadre d’une bédé de Schuiten et Peeters était complet.
Les monuments sont illuminés ce soir, mais j’ai déjà l’habitude, trop!, de la fête des Lumières à Lyon, et même si ça veut dire un petit moment féérique, je préfère garder l’image de la ville brute telle qu’entrevue cet après-midi.
Jusqu’ici, la Voie de Lyon que j’ai empruntée, est une dénomination et un balisage récents. Le Puy est, selon le Codex Calixtinus, recueil apocryphe écrit au XIIe s., le départ de l’un des 4 chemins français vers Saint-Jacques de Compostelle, : la Via Podiensis.
Ce sera donc pour demain. En attendant, je trouve une pizzeria peu fréquentée dans les faubourgs, à 200 m des restaurants affichant complet en centre ville. De quoi faire le plein et aller me reposer.
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