Lauzerte – Bardigues via le Tarn-et-Garonne
[Km 2] Dans la montée, je me fais doubler par un vélo de course qui, recroisé au village, s’avère être un néerlandais passionné de vélo route. Sur la place des Cornières, l’église Saint Barthélémy, patron des tanneurs, bouchers et relieurs, a été érigée au XIVe s. et modifiée jusqu’au XVIIe. Il s’y tient une messe au moment même où j’essaie d’y entrer.
A la fin du XIIe s., Raymond VI comte de Toulouse reçut la colline en don ; il fonda dans la place déjà érigée en castlenau , plan urbain organisé sous la protection du château qu’il y possédait, une bastide où 200 lots furent distribués aux colons, pour un succès immédiat. On est ici en plein aménagement du territoire médiéval, et toujours en Quercy Blanc, comme le dénote le bâti.
Très beau village, avec ses maisons à collombage s’étirant au dessus de la rue, manière d’échapper à l’impôt. Seules quelques autos gâchent le plaisir.
[Km 4 <-] Le foirail. J'ai grandi avec un foirail au centre de mon village mais sans jamais me rendre compte de son utilité, perdue qui plus est. Juste l'endroit où se tenaient les foires, ou plus exactement à Lauzerte, celles de bétail, qui avaient besoin de place. Il est temps pour moi de tracer.
[Km 6 <-] La colline de Lauzerte était à l'origine un oppidum gaulois. Son nom, hérité de l’an Mil, viendrait selon certaines sources, du latin lucerna , tel une lampe visible de loin. D’autres citent la version occitane du sainfoin, lauserta : à vous de choisir.
[Km 6 <-] Au lieu-dit Le Chartron, un colombier seigneurial lié à un ancien prieuré de chartreux établi au XVe s.
Et toujours ce bâti traditionnel quercynois. Mais il n’y en a plus pour longtemps !
… Est contemporaine des débuts du pélerinage de St Jacques.
comme souvent, d’une source votive, dédiée à des divinités depuis l’Antiquité.
[Km 19 <-] On parlait de briques ? Passé le centre de Durfort Lacapelette, je tombe sur Patrick et son chien, vers 14H, devant l'église de Saint-Martin de Montmaure. Il est originaire de la région parisienne et parti du Puy il y a un mois. Il compte aller jusqu'à Compostelle, mais s'est fait voler toutes ses affaires à Montcuq... Y compris CB et portable, alors que sa banque n'est qu'en ligne : grosse galère ! Je le dépanne de 2 tickets resto, tout ce qui me reste, et lui souhaite bonne chance.
[Km 27 <-] Retour à la réalité, les lignes électriques suivant le bitume et un paysage quelconque, même si fruitier. Plus loin, au lieu-dit La Pétasse Carles / Fenêtres sur Tarn, vue sur la plaine alluviale de la rivière, qui peut s'étendre sur 2 kms de part et d'autre de son cours normal en période de crue. Les environs ont permis à l'abbaye de Moissac de prospérer, mais aujourd'hui, ils sont recouverts de ballots de paille sous plastique brillant au soleil : superbe, vous vous en passerez.
Ce fut durant 1000 ans, le lieu de vie de moines bénédictins. Devenu chapitre de chanoines au XVIIe , il fut supprimé par la Révolution. Le thème du tympan, ici sous la fiente de pigeon, est un chef d’oeuvre de l’art roman. Il date de 1130-1140, à l’instar du clocher-porche qui le couvre.La Révélation du divin y est entourée des évangélistes et de 24 vieillards musiciens. Des supplices infernaux y sont aussi évoqués.
Sur le côté, on reconnait aisément la Fuite en Egypte.
D’autres scènes sculptées sont moins évangéliques, mais n’en sont pas moins remarquables. Je me renseigne pour visiter le cloître du l’abbaye, que je me souviens avoir identifié pour un collectionneur de photos anciennes, mais ça attendra une prochaine fois : je ne vois pas très bien où laisser le VTT, et je ne suis pas dans l’esprit et dans des conditions optimales. Je dois tracer !
Place de la Halle (édifice du XIXe s. !), j’hésite à m’installer à la terrasse d’une galerie. Un septuagénaire m’y hèle : Perrier et Coca pour moi ! Daniel est un juif séfarade du Maroc, qu’il a quitté à 17 ans, après y avoir été élevé dans la tradition juive. Il a vécu à Bordeaux, Toulouse, Paris et en Espagne… Dont il a pris le nationalité proposée par le gouvernement espagnol – de même pour le portugais – en réparation de l’Inquisition. Arrivé à Auvillar en 2005, il est retraité depuis 2021.
Ayant mes références sur la question des séfarades et maranes largement établis au Portugal, la discussion prend un cours très agréable, agrémenté de la visite de la galerie. Un bon moment qui ne me fait pas oublier de prendre congé. Je trouve un panorama sur l’ilôt traversé et la vallée de la Garonne. Derrière Laspalais, le château de Lastours, qui en dépit des vignes voisines, n’a rien à voir avec le domaine viticole de l’Aude.
Situé sur un éperon rocheux au dessus de la Garonne, entre Gascogne et Quercy, Auvillar fut la proie des Normands jusqu’au XIe siècle. Au XIIe, la ville devient chef-lieu d’une vicomté unie à la vicomté de Lomagne, puis propriété des comtes d’Armagnac aux XIVe et XVe s. Au XVIe siècle, Auvillar devient fief des rois de Navarre et est rattachée à la couronne de France à l’avènement d’Henri IV en 1589.
Sa situation de place forte soumet la cité à tous les conflits qui ravagent la région, depuis la croisade contre les Albigeois – décidément à approfondir ! -, la guerre de Cent Ans, les guerres de religion puis la Ligue.
Du XVIIe au XIXe s., c’est la faïence qui fait la prospérité d’Auvillar, ainsi que le transport fluvial, avec jusque 3000 bâteaux par an début XIXe.
[Km 63 <-] Mais en 2023, il est difficile d'y manger un dimanche de juillet à 20H. Impossilbe pour moi en tous cas !
[Km 69] Pressé par la disparition progressive du soleil, je trouve un chêne rachitique sous le quel planter ma tente, sur un chemin qui semble abandonné, à une 100aine de m. de la route. C’est au-dessus de Golfech, plein Ouest, que je vais passer la nuit. Des promeneurs m’ont capté, mais j’espère ne pas être délogé. Je dois aussi commencer à calculer des scénarios où je n’atteindrai pas Saint-Jean-de-Pied-de-Port dans les temps que je me suis donnés. 23H04. A demain !
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