Sahagun – León 
 Nicoletta : en dépit de notre incapacité à communiquer et de nos deux modes de voyage différents, elle aura fait partie des constantes de mon chemin : c’est assez surprenant !  Il y a pas mal de marcheurs ce matin, mais la route est tout ce qu’il y a de plus ennuyeux : plat, sec, j’en viens même à rouler sur le bitume : autant avancer et abréger tout ça.
  [Km 19] 9H50 : me voilà traversant El Burgo Ranero…
  [Km 62] Mais tout est bien qui finit bien : je trouve très rapidement une auberge en plein centre d’une ville qui m’a l’air super belle, pas chère et où je pourrai passer 2 nuits. Puis je file directement à La Poste locale pour me débarrasser de mon vélo et du plus gros de mes affaires.
  Les agents locaux n’ont pas l’air de connaître ce que je cherche, vérifié avant mon départ, et me proposent d’abord un envoi à 106€. J’accepte mais au fur et à mesure que la prestation se met en place, nous en arrivons au tarif de 84€ auquel je m’étais préparé, et on me trouve enfin le carton attendu ! Je n’ai droit d’y mettre que le VTT, que je dois démonter pour le coup, jusqu’à 20kgs…
  Matilda, l’hôtesse super sympa qui s’est absentée pendant ma préparation, a halluciné en voyant tout ce dont j’avais pu me débarrasser, mais la limite de poids n’étant pas atteinte, elle ferme les yeux. Je place le carton sur un charriot des Correos  et commence à prier pour recevoir mon gros vélo en bon état : tout est un peu en vrac là-dedans, sans protection, et en plus le carton a dû être posé verticalement… Ca promet…
  Et voilà ! Maintenant que je suis redevenu un vrai piéton, y’a plus qu’à visiter ! Pas avant un minimum de toilette, orga et repos, tout de même.Si le vélo a été posté à 14H30, je ne ressors pas de l’auberge avant 17H15.
  Et direction la cathédrale, qui ne se trouve qu’au bout de la rue, à 100 m. à peine, trônant au milieu de l’ immense place de la Regla… L’édifice de style gothique a été érigé durant la 1e moitié du XIIIe s., en lieu et place d’une cathédrale romane qui avait déjà remplacé une cathédrale primitive, construite en place du palais local suite à la victoire du roi Ordoño II sur les Arabes, à partir de 916.
  La brique fait toujours partie du paysage, mais il faut viser un bâti un peu plus modeste, comme San Pedro de las Huertas, du XVIIe s.
  Sous la cathédrale, les vestiges romains des thermes de la Legio VII Gemina , qui fonda la ville en 68. Elle avait pour objectif principal d’y assurer la sécurité du transport de l’or extrait dans la province.
  La catedral de Santa María de Regla de León.
  Je n’irai pas plus loin concernant la cathédrale.
  Comme à Burgos,  son entrée est payante et je ne suis pas dans cette optique touristico-touristique (hum).
  Le Centro de Interpretación del Reino de León , dans le Palacio del Conde Luna , XIVe s. De sinistre mémoire car tribunal de l’Inquisition locale.
  Remarquable à mes yeux car placé aux côtés d’un bar du nom de la bière brassée à Lyon… Le tout placé dans le Barrio Húmedo  de la cité élue capitale gastronomique espagnole depuis 2018 : je n’ai pas dû me trouver là par hasard, ça ressemble en pas mal de points à Lyon.
  Ce Barrio Húmedo  au nom évocateur n’est cependant pas qu’un quartier à bars et tapas, comme on peut en avoir l’habitude en Espagne…
  C’est plus exactement le quartier historique de la ville.
  Il est limité au nord par la place de Reglas  et la cathédrale, et dans son coin nord ouest, par la plaza san Marcelo  sur laquelle se trouvent l’historique palacio de los Guzmanes  (XVIe s.), siège de la chambre des députés de la Provincia de León, et la Casa de Botines , édifice conçu par Antoni Gaudi en 1891-1892.
  Un détail semble faire le lien entre ces deux monuments, et ce n’est pas Saint Marcel, si je ne m’abuse…
  Mais bien Saint Michel terrassant le dragon… Quoique plus conceptuel sur le batiment le plus ancien. Mais je me trompe peut-être.
  Je trace ensuite vers le nord de la ville, en longeant un lycée aux références que je n’avais pas « de mon temps », mais qui sont quelque peu devenues les miennes…
  Rue Ramon y Cajal, la muraille romaine (Ier-IIIe s.) et la Torre del Gallo , clocher de Saint Isidore nommé d’après sa girouette.
  Vers les archives de la Province de León, dans le Castillo de León , toujours ces fameuses murailles romaines : je dois avouer que je n’avais pas calculé leur ancienneté au moment où je les longeais… Elles englobent en fait une grande partie du centre historique de la ville, à peine agrandi au sud et à l’ouest du Barrio Húmedo  pour quasiment doubler la surface de León.
  La Puerta del Castillo  (XVIIIe), surmonté de Pelage, roi de León, se trouve à l’emplacement de la porte de campement romain originel.
  Et je continue à déambuler, à l’intérieur des murailles cette fois-ci… Avec la jolie place et impasse Corral…
  Pour refaire le tour de la cathédrale et me trouver devant l’hôpital Regla et un bas-relief qui ne dit pas ce qu’il est, rue des 100 Vierges… Ces dernières étaient un tribut dû à l’Emir de Cordoue, contre la paix des royaumes chrétiens. Il fut annulé à la suite de la rebellion de 3 « promises » léonaises qui menaçaient de se brûler les mains… Ailleurs, comme à Carrion de los Condes , la légende cite 4 taureaux qui firent fuir les Arabes venus récupérer leur dû.
  Selon d’autres versions de la légende, ce tribut fut annulé à la suite de la bataille de Clavijo, dans La Rioja , en 844, alors qu’allaient s’opposer les troupes de Ramiro 1er à celles d’Abd al-Rahman II, Saint Jacques Matamoro prêtant main forte aux premiers et leur garantissant la victoire.
Et me revoilà devant la muraille romaine, alors que les lieux me font penser à Sultanhamet … Allez savoir pourquoi !
  Après un apéro Calle San Lorenzo, dans une microbrasserie localeje déambule par l’est et arrive au coin de la Plaza Mayor, en face de l’ancien hôtel de ville, de style baroque. Le tout finalisé en 1677. Derrière, l’église de la paroisse de San Martin. Depuis sa conception, la place a gardé sa fonction essentiellement commerciale ou de grandes réunions : seules les exécutions publiques ont disparu.
  Le ménage suivant le marché du jour est à peine terminé, et la nuit pas loin de tomber : il est 20H30.
  J’ai même recroisé Daniel , qui continue son chemin à VTT.
  Il vient d’acquérir une peau de chamois : il ne s’attendait pas à ce que les kms usent son postérieur. En expérimenté, je lui conseille également une crème protectrice et répératrice active contre les frottements… Y’a pas de petites précautions !
  La suite, entre un retour rapide à l’auberge, où je recroise certains compagnons de chambrée. Parmi eux, une jeune typée banlieue au t-shirt en accord avec cette fresque voisine. Graf qui ne me laisse pas insensible, même si à portée multiple en termes culturels…
  La journée touche à sa fin, et à ma faim, que j’assouvis de retour près de la Plaza Mayor, avec de la gastronomie du monde et un kebab, servi par un Pakistannais qui grâce à sa paire d’années parisienne, capte très vite le Français que je suis. Ou quasiment, en tous cas. Je mise valeur sûre !
  Ce sera tout pour aujourd’hui, avec une dernière balade digestive et tout de même 18 kms marchés… La vie alternative à León laisse peu de traces dans les rues que j’ai arpentées, il est vrai plutôt vouées au tourisme. Mais voilà un autocollant jamais croisé et qui avec son Blutch rouge et au regard mauvais, me pose des questions : il s’agit du CC97 du VfB Stuttgart, groupe ultra ancré à gauche : alors tout va bien ! Hasta mañana !