C'est encore ensommeillés que nous longeons la marina de Mindelo, depuis l'hôtel, avant d'arriver au marché au poisson, derrière un bâtiment que je trouve étrange de voir là. Mais le redoublement d'étonnement arrive une fois à l'intérieur : des murènes!!! Voilà bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Réveil!
C'est assez stupéfiant, non seulement pour la longueur, mais aussi pour les couleurs, très diverses. On croirait des serpents! Nous avions déjà croisé des affichettes, à Sal, dans un restaurant qui annonçait avoir de la "moreia". Nous savons désormais ce que c'est même avec une tête aplatie et narguée par des sardines!
A l'extérieur, quelques bâteaux de pêche sont amarés. Il n'y a pas de pêche industrielle, ici. Les pêcheurs partent le matin et reviennent quelques heures après. Il semble que les portugais aient toujours évité d'apprendre à pêcher aux locaux, afin d'éviter qu'ils s'échappent.
Résultat : longtemps après l'indépendance, et même avec une eau très poissonneuse, les Cap-Verdiens n'étaient pas à l'abri de la faim. Quant à moi, sur le moment, ce qui attire mon attention, ce sont les épaves qui jonchent la baie.
Les naufrages ont été nombreux, dans tout l'archipel. Il faut voir cette baie, amas de montagnes!!!... Ou de volcans, la baie de Mindelo étant à priori une ancienne caldeira. Pour la contempler, une réplique de la tour de Belem, de Lisbonne, y a été érigée entre 1918 et 1921. Le fameux "bâtiment étrange à voir là".
Du thon! Ben ouais, du thon... Je croyais que c'était rond... Et là, pour la première fois, je les vois dans un contenant carré, entiers qui plus est! Beau gros poisson!
Au fur et mesure que le poisson arrive, il est raclé, afin de faire sauter les écailles. Une chose dont je n'avais pas vraiment conscience! Le matériel est sommaire : des boîtes de conserve avec le fond percé de trous dirrigés dans un unique sens. Tout un spectacle que cette tâche bien usante.
En face du marché aux poissons, les anciens abattoirs.
Tout à côté, dans le même pâté de bâtiments, un centre d'art contemporain, le Quintal das Artes, jardin des arts. Je ne suis pas très fan d'art contermporain et le tout me laisse assez froid, bien que j'aie la sensation de voir d'anciennes décorations de carnaval. Qui sait?
Le tout a quelques chose d'art naïf. Et puis, la coïncidence des lieux, abattoirs et art contemporain, me fait penser aux Abattoirs de Toulouse. Ok, rien avoir!
Nous filons, en longeant le marché au poisson puis la tour de Belem locale...
Pour nous rendre, derrière, sur la Praça Estrela, place étoile. C'est un genre de marché couvert, essentiellement de souvenirs où rien ne diffère vraiment de ce que nous avons déjà pu voir à Sal. Les noms des rues y sont ceux de villes portugaises.
Mais l'intérêt des lieux est plutôt dans les panneaux d'azulejos illustrant les activités "traditionnelles" à Mindelo. Ici, on voit, par exemple, des femmes portant des sacs de charbon. C'est en effet avec l'installation par les anglais, en 1838, d'un dépôt de charbon, que Mindelo devient petit à petit une ville...
... Au point de rivaliser avec Praia, qui sera finalement choisie pour capitale du Cap-Vert. Mais Mindelo a pour elle ce port dans lequel le monde entier s'arrête, profitant d'une halte, de la musique locale et des femmes... De fait, Mindelo est très métissée...
La ville de Cesaria Evora vit mouiller jusqu'à 1500 navires par an au XIXe s., puis accueillir un centre télégraphique entre l'Europe et le Brésil, avant de voir son activité fortement concurrencée par Dakar, 500 kms à l'est, et ses débouchés continentaux.
Ce qu'il reste à Mindelo, ce sont les touristes, bien que moins nombreux qu'à Sal...
... Et semble-t-il une relation privilégiée avec l'ancienne métropole.
Il y a de tout à vendre dans le coin, on se demande presque si tous les Mindelenses n'ont pas quelque chose à vendre!
Dans tous les cas, la vieille ville a un charme certain. Entre anciens sobrados, ces maisons portugaises à étage...
Des maisons cap-verdiennes moins anciennes et parfois étonnantes...
C'est coloré, de rue en rue, et on n'a aucun mal à imaginer la grosse activité commerciale que la ville abritait dans le passé. Les sobrados sont d'ailleurs des maisons où l'entrepôt / magasin du bas, qui abritait aussi les esclaves, est surmonté par la maison des maîtres.
La mairie de Mindelo renvoit elle aussi à ce riche XIXe siècle, avec l'écu portugais toujours présent sur sa façade.
Nous sommes ici au coeur historique de la ville, sur sa plus ancienne place, Praça da Igreja.
Quant à l'ancien Palais du Gouverneur - érigé entre 1858 et 1874-, devenu Palais du Peuple en 2015, il s'apprête, en cette veille de carnaval, à recevoir l'essentiel des festivités.
C'est le moment de manger, dans un restaurant "au poids", à la brésilienne, le Brésil dont ça n'est pas l'unique influence ici.
Avant de repartir vers des quartiers plus récents de la ville. Quelque chose se prépare.
Mais avant de découvrir quoi, il y a cette envie de se perdre un peu tout en tentant des hauteurs.
Des hauteurs pour les vues : la plage n'est pas loin, il y aura un temps pour en profiter.
Quel relief, quel spectacle! Tant au niveau visuel que, en creusant un peu, socio-économique. Mine de rien, cette photo témoigne d'un beau gouffre, mais tout le monde semble profiter des mêmes pentes et de la même vue.
La baie de Porto Grande, puisque c'est aussi son nom, fait partie du club des plus belles baies dumnde. Oui, ce club existe! Les promoteurs d'un hôtel de luxe qui reste à construre à l'emplacement des ruines d'un ancien fort (1858) devenu prison (années 1930), plus haut, ne s'y sont pas trompés. Il reste toujours à construire.
En resdescendant, nous passons devant le lycée technique, où le carnaval des enfants se prépare.
Et découvrons, tout en allant à la plage, l'un des chars de carnaval préparé depuis des mois : ils ont bien du mal à le cacher!
Arrivée à destination, plage de Laginha, une plage artificielle, contre toute attente.
En face, l'Ilheu dos Passaros, l'Îlot aux oiseaux, qu'on ne peut visiter. Et de l'autre côté, Santo Antão, qu'on devine sur cette vue.
En fait, j'étais impatient de voir l'effet procuré par la vision de l'île d'en face, mais le temps ne le permet pas aujourd'hui. Mes questions aux locaux ne recueillent que des réponses évasives : oui, on peut la voir, ça dépend des jours... Patience, donc! Je me contente du Monte Cara, le Mont Figure.
De retour vers le centre, avec les préparatifs pour le défilé du carnaval des enfants. Et des vendeurs, dans la rue, qui font peut-être office de cantine... C'est la débrouille.
Impatient de voir ce que ce défilé va donner, même si niveau déguisements, c'est bien loin des attentes.
Mais au fur et à mesure de notre avancée, on se rend compte de l'ampleur de la chose : c'est l'évènement de l'année, la foule envahit les porincipales artères de Mindelo. Une foule locale, métissée.
Sous le mur de la fresque de São Vicente...
Mais ça ne doit pas nous empêcher de profiter encore du patrimoine architectural local.
Enfin, si, à un moment, nous n'avopns d'autre choix que de nous laisser happer! Les looks des plus jeunes m'interpellent, plus américains qu'africains. Le fameux village global.
Défilés, musique, danses, musique...
Chars...
Et foule encore!
Quelques touristes, aussi quand même, et de rares Mandingas.
Tout près de la place Amilcar Cabral, un hommage aux danserus de morna, collés-sérrés...
Revenus au bord de la marina, nous tombons sur les préparatifs du lendemain : l'Avenue de la République est en fait le départ des défilés qui vont avoir lieu. Les chars y sont donc entreposés pour la nuit. Ca promet!
D'ailleurs, le carnaval a bel et bien commencé... Ce soir, ce sont des défilés sur le thème de l'amitié Cap-Vert - Portugal qui auront lieu.
Nous avons en effet croisé pas mal de portugais et c'est en voyant ces défilés depuis le restaurant où je goûterai à la chair savoureuse du mérou, que je comprendrai leur présence, disons, massive. Mais avant ça et enfin, j'aurais pu apercevoir Santo Antão!
Et profiter d'un coucher de soleil sur le Monte Cara que les locaux appellent aussi le Monte Washington. Allez savoir!