São Paulo : streetart, arts et traditions populaires, beaux-arts
C’est une grosse journée qui m’attend : au programme, Museu Afro Brasil, Pinacoteca do Estado, Museu da Lingua portuguesa et si j’ai le temps, Museu do Futebol. J’ai compté deux heures par visite, on verra bien…
Déjà, je pars à pied, ce qui n’est pas forcément une bonne idée, mais au moins, je ne prends pas le mauvais bus : le métro ne passe pas à Ibirapuera, mon premier arrêt.
Et puis au moins, en me dirigeant vers le parc Ibirapuera, je fais un tout autre type de visite en appréciant les nombreuses fresques laissées en plein air par les graffeurs tous plus inspirés les uns que les autres. Bon, avant d’y plonger, dans un pays où serpents et moustiques font des ravages, voici un curieux bâtiment que l’institut de recherche en biologie.
Mais allons-y pour le street art qui s’offre à moi.
« Pardonne-moi, si tu peux » : d’un graffeur vandale à l’autre, artiste : plus méchant, tu peux pas.
Depuis le pont qui passe du Musée d’Art contemporain, que je laisse derrière moi, au parc Ibirapuera.
Bon, je ne voyais pas le parc aussi grand… Avec d’immenses esplanades couvertes où les paulistas s’exercent à toute sorte de sport à roulettes. Ici, il faut voir le seul élément en ligne droite…
Une construction de l’inévitable Oscar Nyemeyer, qui a aussi aménagé le parc, à l’occasion du 4e centenaire de São Paulo, en 1954. C’est ici l’auditorium…
Un concert gratuit a lieu le soir même, en extérieur, mais ça sera finalement sans moi. Au loin, une obélisque en l’honneur de la Révolution de 1932.
Rien pour donner l’échelle, mais une voiture passerait dans cet arbre sans problème…
Après quasiment 2H de marche, j’ai enfin trouvé le Museu Afro Brasil… J’ai dit 2H, pas plus! Comme si j’espérais que les collections n’aient rien d’extraordinaire… Et bien, des expositions, il y en a trois dans le musée!
La 1e, intitulée Route des langues de l’Afrique pour les Amériques, décrit à travers le travail de Lorenzo Dow Turner, chercheur noir américain (USA) au début du XXe s., les similitudes linguistiques que l’on retrouve dans les différentes communautés noires aux USA, dans les Caraïbes, au Brésil et en Afrique…
Les rites syncrétiques afro chrétiens sont aussi représentés. Ici, initiation au Candomblé en habit d’Omolu, orixà des maladies et des guérisons.
Le Candomblé, religion afro brésilienne, est un mélange de rites catholiques, africains et indiens. La danse est l’une des pratiques au cours de laquelle une ou des initiées accueillent l’esprit des orixàs dans leur enveloppe charnelle en transe. A Cuba, cette pratique est la Santeria. Partout en Amérique, ces religions viennent du vaudou pratiqué dans le Golfe du Bénin, an Afrique, d’où de nombreux esclaves sont originaires.
La seconde expo présentait des photographies de Pierre Vergé (1902-1996).
Photographe et ethnologue français, il consacra l’essentiel de son travail aux religions du Golfe de Guinée et au Candomblé. Il termina d’ailleurs sa vie à Salvador de Bahia, où se trouve sa fondation.
Ici, l’exposition juxtapose son travail photographique autour du monde avec le travail de l’un de ses contemporains, Hergé, auteur de Tintin.
Les photographies sont donc mises en regard de certaines planches où des liens évidents s’établissent.
C’est que Tintin a beaucoup voyagé, mais son auteur beaucoup moins. C’est donc dans la presse, entre autres, qu’il trouvait sa documentation.
L’exposition fait aussi état du regard d’une époque, avec tous les modes de pensée et les clichés qu’elle a véhiculé.
Sahara, Pérou, Bolivie, Congo… Autant de destinations où le lecteur accompagnait Tintin… Et où cette expo permettait d’accompagner Pierre Vergé.
Et me voici, enfin, dans l’exposition permanente. Je suis dans le musée depuis 1h30 déjà : je vais avoir du mal à tenir mes délais!
Après une première partie consacrée aux arts religieux d’Afrique occidentale, on passe directement à la traite négrière… Une salle habrite même la cale d’un navire négrier, mais on y voit aussi représenté un plan gravé de la disposition des esclaves dans les bateaux. Une gravure reprise sur la pochette de l’album Survival de Bob Marley & The Wailer.
Les instruments de punition pour ne pas dire torture font partie du patrimoine exposé…
Ici, c’est l’exploitation des mines de Ouro Preto qui est mise en avant à travers gravures et photos d’époque. Mais les heures sombres de l’histoire des afro brésiliens ne sont pas les seules décrites.
On y célèbre aussi un « black is beautiful » local et la fierté noire. Jean-Baptiste Grenier, Noire au marché, XIXe.
[… Fernando Costa?] – Pilant le café, XXe.
Beaux-Arts et traditions sont juxtaposés.
Naissance de la capoeira et éducation des enfants…
Antonio Francisco Lisboa, O Aleijadinho, (1730-38?-1814) .
Je fais connaissance avec l’oeuvre d’Arthur Timòtheo da Costa (1882-1922).
Arthur Timòtheo da Costa, Autoportrait, XXe.
Arthur Timòtheo da Costa, Enfant couché, 1906.
Arthur Timòtheo da Costa, Sans titre, 1919.
Un panthéon des afro brésiliens célèbres…
Et un autre de dieux du football!
Benedito José Tobias (1894-1970).
Retour à l’art naïf avec Valdemir, Rebellion à la FEBEM Taubaté, XXe.
Heitor dos Prazeres (1898-1966).
Sergio Vidal.
Il y a tellement de choses à voir qu’on va de l’historique aux beaux arts… Ici, représentation d’une propriété terrienne traditionnelle, ou fazenda.
Dominique Zinkpè.
Costumes de défilé de Carnaval.
Iemanja, mère des orixàs, protectrice des femmes et reine du monde aquatique.
Voilà trois heures que je suis là, c’est passionnant, mais j’ai d’autres musées à visiter… Je file!
Pour me retrouver bien loin du parc Ibirapuera, à la gare Luz.
Inspirée de la gare de Sidney, elle fut construite par les anglais entre 1895 et 1901 et joua un rôle crucial dans le commerce du café.
C’est aujourd’hui une gare locale plus ou moins bien fréquentée…
Elle abritait jusqu’en janvier 2016 le musée de la Langue portugaise, où j’ai prévu d’aller. Il a brûlé, depuis.
On ne peut pas dire que São Paulo soit une belle ville. Toutefois, elle réussit toujours à attirer l’attention… Notons que la publicité y est interdite dans la rue depuis 2006!
Me voici à la Pinacoteca do Estado. Beaux-Arts brésiliens à suivre! Almeida Jùnior, Saudade, 1899.
Oscar Pereira da Silva, Esclave romaine, 1894.
Beaucoup de peintres présentés dans ce musée sont nés en Europe et décédés au Brésil, leur pays d’adoption. Benjamin Parlagreco (né en Italie, mort au Brésil), A la campagne, ca 1900.
Pedro Peres (né au Portugal, mort au Brésil), Fascination, 1909.
Bien entendu, beaucoup de peintres brésiliens sont nés et morts dans leur patrie. Dans ce cas, je ne mettrai pas le détail. Pedro Weingärtner, La faiseuse d’anges, 1908.
Almeida Jùnior, étude pour le départ de la monção [caravane de bandeirantes à la recherche d’or], 1897.
Oscar Pereira da Silva, L’Enfance de Giotto, 1895.
Eliseu Visconti (Né en Italie, mort au Brésil), La Providence guide Cabral, 1900.
Aurelio Figueiredo, Plage de Fortaleza, 1910.
Pedro Weingärtner, Paysage, 1900.
Arthur Timòtheo da Costa, Autoportrait, 1900.
Almeida Jùnior, L’Importun, 1898.
Arthur Timòtheo da Costa, Dans l’atelier, 1918.
Virgilio Mauricio, Après le rêve, 1912.
Certains peintres ont fait le voyage inverse : Dario Villares Barbosa (né au Brésil, mort en France), La ville de Grenade, Espagne, 1922.
Plus rares, des peintres ont fait le voyage aller et retour : Jean-Baptiste Debret (Paris-Paris), Revue des troupes destinées à Montevideo à Praia Grande, ca 1816.
Pedro Américo, Etude pour La LIbération des esclaves, 1889.
Eduard Hildebrandt (Allemagne – Allemagne), Paysage avec noirs, 1845.
François-Auguste Biard (Lyon – Les Plâtreries, France), Indiens de l’Amazonie adorant le Dieu Soleil, ca 1860.
Charles Landseer (Londres – Londres, UK), Vue du Pain de sucre prise de la route du Silvestre, ca 1827.
Eduardo Martino (Italie – UK), Plage de Botafogo, ca 1870.
Eduardo Martino (Italie – UK), Plage de Botafogo, ca 1870.
José Leon Righini (né en Italie, mort au Brésil), Vue de São Luis do Maranhão, 1863.
Stephen Kessler (Allemagne – Italie), Afrique, XVIIe.
Stephen Kessler (Allemagne – Italie), Amérique, XVIIe.
Almeida Jùnior, Caipiri coupant du tabac, 1893.
Lasar Seagall (né en Lituanie – Mort au Brésil), Imigrants III, 1936.
José Pedrosa, Deux nus féminins entrelacés, 1940-1998.
Leopoldo e Silva, Sapho, ca 1915.
Antonio Rocco (Italie – Brésil), Les Mineurs, 1944.
Antonio Parreiras, Fin de romance, 1912.
Almeida Jùnior, O violeiro, 1899.
Enrique Martìnez Cubells y Ruiz (Madrid – Màlaga, Espagne), Vente de poissons, ca 1900.
Souza Pinto (Madeire – France), Le Baquet bleu, 1907.
Avec une exposition de peintures de paysages anglais issus des collections du Tate – Londres, la Pinacoteca de Estado présentait aussi une exposition de sculpture…
Ou plus exactements de carrancas, ces figures de proue qui ornaient les navires du Rio São Francisco, le Nil brésilien ou encore fleuve de l’unité nationale.
C’est que le fleuve que sillonnaient ces proues a, avec ses 1200 kms, longtemps permis la circulation entre états du Nord Este brésilien, pauvres, et ceux du Sud, industrialisés et riches. Mais…
Resté trop longtemps à la pinacothèque, je suis arrivé au musée de la langue portugaise 5 minutes après sa fermeture, alors qu’il restait 1H de visite. Tant pis et même chose pour le musée du football. Dernier tour dans le centre de São Paulo, avec la bibliothèque, l’édifice Copan de Nyemeyer, en restauration, ou encore ces sportifs qui escaladent des murs…
Pour terminer avec certainement le plus ancien édifice de São Paulo : l’église São Francisco, de 1644. Après un repas italien, retour à l’hôtel où je rencontre un couple de psychos brésiliens très sympathiques : c’est le quart d’heure discussions musicales, comme à la maison! Demain, je pars à Iguaçu pour deux nuits côté argentin.
Laisser un commentaire