Brasilia : 2e jour et toujours l’Axe Monumental
Pour une saison des pluies, il fait beau, et c’est tant mieux! Sorti sur le pas de la porte de mon hôtel, c’est une vue sur mon quartier : des bars et restaurants qui alternent avec des garages automobiles… Plus tard dans mon voyage, un chauffeur de taxi m’a expliqué qu’il y avait toujours eu beaucoup de voitures au Brésil, mais l’émergence d’une classe moyenne ces 20 dernières années a dû faire exploser le nombre de véhicules.
Aujourd’hui, avec le beau temps, j’ai enfin pu monter à l’étage le plus haut de la Torre da Televisão. La vue sur l’Eixo Monumental est on ne peut plus nette! Ici, au premier plan, a Feira da Torre, foire ou marché de la tour, des stands d’artisanat en tous genre et des lanchonetes. Ne manquaient que les touristes!
Plus haut, c’est l’immense centre des congrés. Les trois bâtiments ronds que l’on devine avant sont, à gauche le Clube de Choro, tout en bas un théâtre et enfin tout à droite le planétarium. Niemeyer, toujours lui, n’est pas étranger à ces réalisations. Au fond, on aperçoit le mémorial de Juscelino Kubitschek, fondateur de Brasilia : c’est mon but du jour.
Plus loin, à gauche, vers le Sud, on aperçoit certaines des cités satellites à Brasilia, qui n’a plus la forme de l’avion prévu par le plan pilote. D’ailleurs, si Brasilia n’est que la 4e ville du pays en termes de population, son aire urbaine, qui s’étend sans discontinuer pendant plus de 200 kms jusqu’à Goiânia, est la troisième du Brésil en population. Autant dire qu’avec ce bassin de consommation, le rêve de JK -lire Juscelino Kubitschek- s’est carrément réalisé!
Vue sur les quartiers d’habitations de l’Eixão Norte, où je passe mes nuits, quelques kms plus bas. J’ai fait le chemin deux ou trois fois à pied, et il est vraiment bizarre de voir que des immeubles qui ont dû revêtir un certain luxe à une époque, sont des ruines qui ont dû tourner au squatt pour certains : rien de bien rassurant, mais avec la Coupe du Monde 2014, un ménage forcé a été fait…
Vue vers l’est, avec tout au bout de l’esplanade des ministères, le Congrès. Au milieu, le gros axe qui mène du Nord à gauche au Sud à droite, pour les quartiers d’habitation, avec la gare routière en sous sol. Tout au fond, le lac Paranoà.
Zoom sur ma visite de la veille. Mais je compte bien aller voir ce fameux pont, tout là-bas!
Avant, j’ai l’Axe Monumental à terminer vers l’Ouest : encore 3 ou 4 kms… A ma grande suprise, je trouve un terrain de foot complètement délaissé!
La Tour de la Télévision. Sous les arbres, un campement de manifestants. Selon moi, des blancs classe moyenne rattrapés par les 20 millions sortis de la pauvreté ces 20 dernières années.
Tout est immense et immensément vide, c’est sec, décrépit, on sent les années 60 et 70 qui ont mal vieilli. Le club de Choro est en vue.
Le Choro, bien que le terme signifie « pleur » en portugais, est la plus ancienne musique populaire du Brésil, vieille de plus de 130 ans. A la base, c’est une manière brésilienne de jouer les airs européens, très demandé par les cours portugaises et brésiliennes, avant de devenir le Choro. Populaire est un mot qui ne s’applique pas au jeu puisque très virtuose, avec quelque chose de jazzy dans l’impro. D’ailleurs, ses successeurs comme la Samba n’avaient rien de populaire à leur naissance.
Et je continue ma balade sur l’Eixo Monumental, quelque peu sauvage de ce côté. Je me suis longtemps demandé ce qu’étaient ces fruits. Des avocats? Non, des mangues, me dira le lendemain un couple en train d’en cueillir dans les rues de Brasilia. J’essaie d’imaginer à Lyon, Paris, etc…
Pas très grand mais qui crie fortement.
L’image peut être trompeuse : c’est le thème d’un film d’Antonioni, Blow Up. Ici, au Mémorial dos Povos Indigenas, Mémorial des peuples indigènes, et donc indiens, la manifestants ont encerclé les lieux de leurs campements, et un concert se prépare avec tout le nécessaire technique, en grand. Pour moi, ça donne une photo proprette de ce bâtiment dessiné par Niemeyer en 1987, mais une visite impossible de ce musée dédié aux indiens, à cause des manifestations.
J’avance donc vers le Mémorial JK. Né à Diamantina , élu président en 1965, issu du Parti Social Démocratique brésilien, JK est le fondateur de Brasilia. Il ne resta que le temps d’un mandat au pouvoir et n’y était même plus à l’inauguration de la ville. Décédé en 1976, sa femme demanda la construction d’un mémorial. Dessiné par Niemeyer, il vit le jour en 1981. JK y salue le peuple du haut d’une faucille inaugurée par le même dictateur qui arrêta l’ancien président.
Ce mémorial présente de manière un peu mégalomane la vie de JK, ses décorations, collections… Son bureau, ici, où trônent la Louve romaine et un portrait de Salazar.
Mais à travers ce musée dédié à sa personne, on croise tous les grands du monde d’alors : les politiques, les acteurs, chanteurs ou sportifs, avec un JK toujours sourillant.
Au centre du mémorial, le tombeau de JK.
Enfin, me voici presqu’au bout de l’Axe Monumental. La croix est à l’emplacement de la première messe dite à Brasilia, le 3 mai 1957. L’originale se trouve à la cathédrale.
Et là, après une grosse heure de route et de marche, je suis aux antipodes, à l’autre bout de l’Axe Monumental, et bien plus loin! Et pour la première fois, je vois une termitière.
Je suis allé voir le lac Paranoà, comme je l’avais prévu. J’avais envie de voir ce pont inauguré en 2002.
A la lisière de la capitale, entre les bras d’autoroutes et les quartiers résidentiels des dignitaires locaux, la vie sauvage reprend ses droits. J’ai passé 1/4 d’heure à tenter de photogrpahier un rapace de la taille d’un dindon, à 20m de moi mais trop craintif pour se laisser approcher plus. Reste la question : fourmilère ou termitière?
Il s’agirait d’une fourmilère, si j’en crois la bestiole, ici. Aussi appelée termite fourmie, elle fait près de 3cm et est en fait une fourmie charpentière qui se nourrit de bois.
Le pont JK, lui, pose ses mouvements inspirés du ricochet d’une pierre sur l’eau du lac Paranoà, lac artificiel aménagé en 1959. Le Lac de Pareloup, près du village où j’ai grandi, fait 12km² et est la 5e retenue artificielle de France en taille. Celui-ci impose ses 48 km²… Soit la même taille que la plus grande retenue artificielle de France métroplitaine, le Lac du Der-Chantecoq.
J’en ai pratiquement terminé avec ce que je voulais voir à Brasilia. A cette heure-ci, les bus semblent avoir décidé de ne plus passer dans le sens du retour…
Je finis donc par me retrouver à 20 ou 30 kms de Brasilia, dans une des 29 cités satellite. Populaire et aux quartiers animés, ça change des couvre-feux officieux que j’ai cru voir jusqu’ici. Il faut dire qu’on est samedi, aussi. C’est finalement en bus pirate que je rentrerai à la capitale : puisque jeunes et moins jeunes y vont, hommes et femmes, allons-y! A ce moment-là, c’est la seule certitude que j’ai de rentrer. A demain!
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