De Olinda à Recife
Ce matin, c’est mon premier petit déjeuner chaud : quand on m’a proposé du couscous, j’ai dit non, mais on a insisté. Le couscous, c’est un gâteau de semoule, sans viande : tout va bien et avec la tapioca, ça cale! Fruits, jus de fruits, petits singes dans les arbres voisins… Mais trop lèstes pour moi!
Arrivé la veille au soir, donc. Taxi de l’aéroport de Recife jusqu’à Olinda : d’après les riverains, c’était vraiment trop dangereux de tenter le bus avec mon sac. Taxi sympa, des scènes d’arrestations dans la rue, un dimanche soir mouvementé avec des entrées en discothèque. J’ai fini dans un bar, rock à la guitare sèche, ambiance éméchée, chansons reprises en coeur…
Et là, je découvre Olinda. « Oh, linda », comme se serait écrillé Duarto Coelho en découvrant la baie en 1535 : « Oh, la belle! ». L’Unesco ne s’y est donc pas trompée en classant la ville « héritage de la nature et de la culture de l’humanité » en 1982.
Olinda, l’une des plus anciennes villes du Brésil, reçut le titre de ville dès 1537 et fut élue première capitale de la culture brésilienne en 2005. Elle fut aussi la première capitale du Pernambouc.
Ce sont les hollandais qui, après avoir incendié la ville, transférèrent la capitale du Pernambouc à Recife en 1630. Je me trouve donc dans l’un des berceaux du Brésil, qui plus est dans une région très disputée par les européens à l’époque. C’est une véritable ville musée. La preuve?
La Casbah, actuellement une discothèque, est affublée d’un des rares exemples américains d’architecture arabe, avec son balcon maure…
Mais je ne vais pas trop m’attarder sur place pour aujourd’hui…
Du moins, c’est ce que j’espère, car ici, je ne passe pas aussi inaperçu que dans les villes où je suis déjà passé. Les guides sont nombreux et cherchent du travail à la journée : je suis donc très sollicité, mais toujours très poliment. On me fait remarquer que l’Eglise des Carmes a l’un de ses clochers qui n’est pas droit…
Mais on m’explique aussi comment me rendre à Recife, à 6 kms : je dois avant tout préparer la suite de mon périple en me rendant à la gare routière pour réserver le bus qui m’émènera à Salvador de Bahia, dans deux jours. Même le cinéma est vintage, ici!
Je me suis habitué à prendre le bus : je n’avais pas trop le choix, vues les distances. Je m’en suis rendu compte dès le début de mon séjour, mais Recife a enfoncé le clou : les brésiliens sont toujours devant leur smartphone, connectés… C’est une très bonne chose pour passer inaperçu! Ici, photo sans intérêt pour vous, mais pour moi, Esposende, c’est la plage portugaise où mes parents m’émmenaient, petit.
L’ancienne gare, devenu musée du chemin de fer : je dois prendre le métro jusqu’à la rodoviaria. Je range mon appareil photo.
Le métro à Recife est toute une aventure. Plutôt un train, aérien, c’est un véritable spectacle. Comme dans le bus, où les vendeurs ambulants, bien qu’interdits, vendent eau fraîche, bonbons, pipocas [=popcorn]. Pendant qu’un de ces vendeurs se fait virer du quai, 10 autres arrivent : toute une stratégie! Et puis, sorti du centre historique, le métro est une traversés de favelas de 30 minutes.
J’ai résisté à l’envie, et c’est seulement de retour dans le centre historique que je sors mon appareil. Ici, le quartier Santo Antonio.
Recife, aujourd’hui 9e ville du Brésil, 5e agglomération par sa population (3,7 millions d’habitants) fut fondée par les portugais en 1537. Ce sont les hollandais qui, en la prenant en 1630, la baptisent Mauritsstaad et en font la capitale de la Nouvelle Hollande. Récupérée par les portugais en 1654, Recife ne devient capitale du Pernanbouc qu’à partir de 1837.
Sur la place du Carmo, N.D. du Carmel célèbre la patronne de coeur de la ville, en attendant sa reconnaissance par le Vatican : peut-être parce que l’édifice n’est pas terminée???
Ce serait dans l’ancien palais du gouverneur hollandais, Maurice de Nassau, que cette église et le couvent qui y est accolé, ont été construits.
Un peu cachée, sur la même place, Sainte Thérèse de l’Ordre Tiers du Carmel : le couvent étant toujours en fonction, seule une partie se visite, au bout d’une allée bordée de palmiers.
Son plafond est orné d’un grand nombre de peintures mettant en scène la vie de Sainte Thérèse d’Avila. Elles sont l’oeuvre d’un artiste pernamboucain, João de Deus Sepùlveda, qui grâce à ses réalisations dans plusieurs églises de Recife, laissa son nom à la postérité.
C’est une belle église, aux belles proportions et à la décoration équilibrée…
Bien que nous soyons toujours dans le baroque local avec ses statues de J.C. affublées de perruques!
Les azulejos racontent eux aussi la vie de la sainte à laquelle est dédié l’édifice et ne laissent pour leur part pas de doute quant à l’ancienneté des lieux et l’origine de leurs commanditaires.
Comme à Ouro Preto et de manière assez générale, la sacristie se trouve derrière le coeur et se parre de plus de richesses encore que celles réservées aux fidèles : bois précieux, peintures, sculptures : on savait se faire plaisir!
Je reprends ma balade dans le quartier Santo Antonio : boutiques, magasins, vendeurs de la rue : c’est une immense foire colorée où les vêtements et maillots de football alternent avec le frais local…
Poissons, manioc, fruits et légumes connus et inconnus… Mais une nouvelle fois, j’évite de tenter le diable : je pense que les brésiliens n’aiment pas être photographiés.
Sauf quant on leur demande poliment, pour la minute restauration : quelques acarajés et ça repart!
Ce n’est que succession de magasins autour du marché São José, structutre métallique type Art Déco, mais à mes yeux véritable attrape touriste : je ne suis pas fan de souvenirs.
L’heure est à la fin de journée de travail, il va y avoir un peu de monde dans les rues, et quant à moi, je tourne autour de cet édifice rose depuis un moment… On ne voit que lui!
C’est N.D. da Penha, fermée ce jour.
A vrai dire, tout est déjà fermé à cette heure-ci… Ici, N.D. do Livramento (1694-1772).
Mon but, c’est l’église Senhora Rosario dos Homens Pretos, construite par des esclaves en 1630 : je passe ainsi d’un clocher à l’autre…
Peine perdue puisque fermée aussi! Au fond ici, et au moins 3e des églises du jour à n’avoir qu’un clocher sur les deux qui semblaneint être prévus. Je ne sais si le Jeu de dames pouvait déjà être en cause, à l’époque.
Je suis sur la place de l’Indépendance où trône le siège du Diàrio de Pernambuco, juste le plus ancien journal d’Amérique Latine (1825).
J’ai fait très peu de visites aujourd’hui, mais j’ai au moins l’occasion de faire celle de la Capella dourada, Chapelle dorée.
2 églises sont accolées dans le couvent de l’ordre de São Francisco. La première paraît légèrement dépouillée…
Quant à la seconde, appréciez donc!
Datant de 1697, c’est l’une des plus riches églises du Brésil : bois de jacaranda et de cèdre, or, peintures… Qui l’eut cru???
J’en ai fini avec le bairro Santo Antonio et suis passé dans le Recife ancien. Recife, aussi surnommée la Venise brésilienne, s’étale sur plusieurs îles séparées non pas par des cannaux mais de véritables fleuves. Ici, la Colonne de Crystal de l’artiste contemporain local, Francisco Brennand, a été érigée en 2000 pour fêter le 500e anniversaire du Brésil.
Premier port de commerce du Nordeste, la vieille ville n’en finit pas de se développer : c’est ce que j’irai voir demain, côté plages, là-bas…
En attendant, je suis sur la place du Marco Zero, où la ville fut fondée par les portugais.
C’est le moment idéal du goûter apéro, avec un « pastel de Belem », en réalité « pastel de nata » à la portugaise.
Et puis retour à Olinda, à la quiétude d’une petite ville musée. Demain sera un autre jour!
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