Salvador : du Pelourinho à Bonfim
Une bonne nuit de sommeil et me voilà prêt pour mon deuxième jour à Salvador. Il pleut, rien qui vienne arranger mon sentiment quant à cette ville.
Le Pelourinho est vide, conséquence directe de la météo. En effet, ce sont les touristes qui peuplent le centre ancien. Les quelques boutiques et restaurants, comme celui où j’ai goûté au vatapa la veille, sont tournés vers le tourisme, bien gardés par la police postée à tous les coins de rues.
Ma première visite du jour sera pour le mémorial des Bahianas, un petit musée consacré à la place et au rôle des « mamas africaines » dans la société locale.
Je m’aventure ensuite dans le quartier commercial voisin : ici, 90% des personnes que je croise sont noires, sans même un soupçon de metissage : j’ai l’impression d’être au sud du Sahara. Le Real cabinete de literatura portuguesa local, comme son pendant carioca de style manuélin, y est l’un des rares bâtiments un peu ancien.
Rien de bien intéressant dans ces rues arpentées, mais au moins les rabatteurs et autres attrape-touristes me laissent tranquille : c’est qu’ils m’ont fatigué, hier!
Il est temps pour moi d’acheter quelques souvenirs. Les souvenirs de Bahia, eux, sont encrés dans le paysage et les mentalités comme en témoigne ce kiosque : « Le négrier ».
Vue depuis la ville basse, au port, devant le Mercado Modelo et son large choix de babioles plus ou moins artisanales.
J’ai fini par emprunter un bus qui, longeant la baie par les quartiers populaires, suite de favelas et zones artisanales ou industrielles, m’a amené jusqu’au quartier de Bonfim. Encore une influence de Jorge Amado, cette visite. J’apprécie néanmoins aussi cette autre icone qu’est Bruce Lee.
Je passe une paire d’heures dans le coin, marche un peu, bois un verre. En dehors de l’attraction touristique du coin, je suis l’unique touriste. Tout en restant un peu à l’écart, je profite d’une ambiance plutôt sereine où je ne suis la cible de personne. C’est appaisant.
Dommage que le terrain local soit vide, j’aurais bien regardé un petit match de jeunes. Peut-être serai-je passé plus inaperçu que dans le Pelourinho où les acteurs n’ont pas voulu que je me serve de mon appareil.
L’Eglise de Nosso Senhor do Bonfim (Notre Seigneur de la Bonne Fin, je crois…), l’église la plus célèbre de Salvador, théâtre de la plus grande procession de la ville.
Elle aurait été construite pour accueillir le Christ en croix en ivoire et argent créé à Setubal en 1745. Elle est aujourd’hui un centre de pélerinage local où les offices se succedent toute la journée.
Devant, d’innombrables rubans accrochés à la grille. Le voyageur s’en voit offrir dès son arrivée au Pelourinho : attaché au poignet selon un rite bien défini, il est sensé réaliser plusieurs voeux à sa tombée.
Le quartier est décrépi, mais on y perçoit encore les vestiges d’une époque révolue, plus clinquante, pas si ancienne.
Le coin offre quelques points de vue assez éloquents sur Salvador et permet aussi d’apprécier quelques fresques plus contemporaines et bien senties.
Sinon, sorti du Pelourinho, Salvador ressemble à ça. Voilà qui m’aura convaincu que la favela, c’est ni plus ni moins que le quartier populaire voire moyen à l’échelle du Brésil. Pas forcément un endroit pauvre, insalubre et risqué. L’endroit où les gens vivent, avant tout.
Retour au centre : j’ai un coucher de soleil à apprécier. Le ciel a commencé à se dégager, car il n’est pas question, du moins pour aujourd’hui, de priver le monde de ce spectacle.
Depuis 1623, N.S. Conceição da Praia et ses clochers octogonaux accueille les visiteurs à Bahia. Aujourd’hui séparée de la baie par la route, elle eut autrefois les pieds dans l’eau.
Mais il est temps de monter sur la place municipale, qui m’accueille sur le Pelourinho avec sa cohorte de guides et autres attrape-touristes. En 15 minutes, j’ai le temps de m’alléger de quelques reais pour me débarasser d’inoportuns avant de me réfugier auprès d’un retraité brésilien venu voir le soleil couchant : lui faire la conversation fut salvateur!
Sûrement l’un des spectacles qui donna son nom au Brésil. Ah, Salvador! J’achèverai ma journée avec la visite de la petite expo à la fondation Pierre Verger, photographe croisé à Brasilia, puis avec un arroz com carne do sol façon rizotto devant un concert de Choro sur le Largo cruzeiro de São Francisco : Jango Reinhardt n’y aurait certainement pas fait tâche!
J’ai préféré cette batucada rapée, théâtre d’une autre scène, malheureux défilé dont j’étais l’unique juge : une quincagénaire me proposant une soupe à domicile, puis une jeune péripatéticienne et enfin un trentenaire à béquilles opposant mon teint au sien, richesse et pauvreté, beauté et laideur, chance et malchance…Sentence : c’est exclusif, mais j’ai hâte de me casser! C’est pour demain.
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