Ilha de São Vicente : Calhau et Santa Luzia
Repos bien mérité, c’est quand même les vacances. A la recherche du musée d’art local, nous restons bredouilles. Quant au Carnaval…
Il a duré toute la nuit : nombre de fêtards sont encore sur la place. Voici Vera Spencer, élue 1e Dame, du groupe Vindos do Oriente.
Mais il y en a assez, du bruit, du monde… C’était beau et pis c’est tout! Notre objectif, aujourd’hui, c’est Calhau, à l’autre bout de l’île. Direction la Praça da Estrela, donc, via l’Avenida Republica et son Store Benfica. Et oui, Mindelo fête comme il se doit tous les titres du club de Lisbonne, pas seulement le Carnaval!
Et pendant que le colectivo fait le plein, nous patientons en jetant un coup d’oeil aux environs. Comme au marché aux fruits et légumes, ici.
Les colectivos, ce sont ces fameux taxis, dans 99% des cas des Toyota Hiace. Ils ne partent, à moins qu’on les privatise, qu’une fois complets.
Un même trajet à 3 € dans un colectivo plein (300CVE) coûte 20 à 30 € dans un colectivo privatisé, qui part tout de suite et s’arrête quand vous le voulez. A marchander ou pas, selon l’humeur. Nous avons quitté Mindelo. Nous roulons sur les pavés, dans un paysage étonnant.
L’île de São Vicente est une île d’origine volcanique, où à peine 2% des terres sont cultivables. Et pour cause, l’île est faite de montagnes et est aride.
Très vite, droit devant, je devine ce qui ne peut être que l »île de Santa Luzia et ne la quitterai que difficilement des yeux.
Après une 20aine de minutes de route et environ 18 kms, nous voici à Calhau : il s’agissait d’y voir ses deux volcans ; difficile de les rater!
Le paysage environnant est digne de ceux des plus beaux décors de Western Spaghetti : peut-être une idée à exploiter? Tout au loin, sur cette montagne à la bouche ouverte, j’aperçois un trou béant laissant passer la lumière, comme un oeil. Elles en donnent, des idées, les montagnes locales!
En face, vers le Sud-Est, l’île de Santa Luzia, aujourd’hui déserte. Elle a compté quelques habitants, en fonction des époques, mais la vie y est rude. Il est possible de s’y rendre en en payant un pêcheur pour la course, mais la houle est forte, alors tant pis pour le trip.
C’est un autre type d’aventure qui occupera notre après-midi, ou du moins la mienne : l’ascension des volcans!
Bon, il s’agit quand même de faire un tour dans ce village de pêcheurs prisé des mindelenses le week-end.
Après un morceau de murène frite -ça a l’air prisé, vue la petite taille du morceau et son prix!- + poulpe et légumes,…
… J’attaque les volcans. Que de couleurs, là encore! Il faut s’accrocher, quand même, car la pente est raide et malgré le chemin tracé par endroits, la pierre roule.
Je suis fasciné par les nuances de cette terre, sans savoir si je suis devant une carrière ou quelque chose de naturel.
Arrivé à mi hauteur, l’autre côté se dégage, vers le Nord Ouest : c’est la Baia das Gatas, soit la baie des chattes, du nom d’une espèce de requin inoffensif qui peuple ses eaux tièdes. L’été, ses plages accueillent un gros festival de musique. Ici, on devine Santo Antão, en face.
A l’opposé, Santa Luzia. Bon, j’ai ce volcan à gravir.
En cas de creux, j’aurais toujours eu une tomate!
Mince! Bentôt, tourner un western ici ne sera plus possible. Idée qui tombe à l’eau!
Chiffoné que je suis, comme ce morceau de lave : incroyable, vraiment. J’aurais envie de prendre chacun des caillous sur lesquels je roule tant bien que mal, dans mes poches!
Et puis il y a les plantes qui tranchent…
Des plantes aux formes diverses, sur ce sol sec, qui ont parfois l’air aussi mortes qu’un mégot calciné.
S’il y avait des plantes sur la lune, ça ressemblerait certainement à ça… Et si ça tournait avec le vent, ça ferait western!
Voilà, je suis arrivé entre les deux petits pics. Je me retrouve sur le plat, dans un champ de lave noire où de temps à autre, les couleurs changent.
C’est que je suis au-dessus d’un 3e cratère, entre les deux pics : il est à plat, on dirait que c’est lui qui a fait couler toute cette lave alentours, jusqu’à l’océan, en contre-bas. Vue sa noirceur, il semble bien que ce soit le plus récent. Au fond, des aloé veras se la coulent douce.
L’envie, maintenant, c’est de grimper là haut. Mais je me demande si c’est possible, d’autant que je suis seul, et qu’en cas d’accident…
Alors je contemple les environs de ce champ de lave parsemé de couleurs vives.
En bas, l’océan tente de grimper, sans relâche. Mais sa place est bien tout en bas, malgré des assauts violents répétés et répétés.
Ah! Ils ont osé! Deux touristes qui montent le cône à quatre pattes! Alors puisqu’il y a quelqu’un, c’est le moment!
Et hop, en un clin d’oeil, me voici au sommet, tout en haut du cratère… Selfie. Vous me voyez?
En face, le premier cône que j’ai longé, et à ses pieds, le 3e cratère, où je me trouvais tout à l’heure. Et puis la Baia das Gatas, avec Santo Antão, qui se devine encore…
Il est temps de redescendre, avec moult précautions, quasiment assis. La descente est un véritable piège.
Mieux vaut prendre son temps, car rien n’est là pour ralentir la chute ou la réceptionner autrement que durement : pierres, vagues…
Il est bientôt 17H, et Santa Luzia se dessine de mieux en mieux. On devine désormais les montagnes qui composent son relief. Au premier plan, Agua Doce -eau douce, ce qui est plutôt de bon augure, ou un mirage- arrive à 315 m. Derrière, le Monte Topona culmine à 395 m. d’altitude. Lîle est désormais une résevre naturelle.
Un dernier petit tour sur la plage, autour des barques…
… Sous l’oeil de Santa Luzia, et peut être non pas de São Nicolau mais de l’Ilheu Branco, l’Îlot Blanc, l’un des deux îlots jetés entre les deux îles.
Un colectivo nous hèle : c’est le dernier de la journée pour Mindelo. C’est en tous cas ce qu’il dit. Le paysage de retour est moins écrasé par le soleil qu’à l’aller. Des hameaux, véritables oasis, parsèment la vallée, avec leur pompe à eau et leurs palmiers battus par le vent.
De l’eau, l’île en a peu, ce qui a toujours limité son développement. Aujourd’hui, elle est équipée d’une usine de déssalinisation : ça aide. En tous cas, je suis étonné de voir que le Monte Verde -Mont vert-, point culminant de São Vicente avec ses 750 m., est tout sauf vert! Mais tout s’explique… Le Cap-Vert n’est pas si vert que ça non plus. Beau, à n’en pas douter…
Les nombreux chiens errants profitent bien du cadre, en tous cas… En face, puisque c’est ce qui compte, Santo Antão.
Oui, nous sommes bien arrivés à Mindelo. Il est temps de se rafraichir : une Super Bock fera forcément l’affaire! D’ailleurs, j’ai découvert la bière locale l’avant veille, et non, la Strela ne le fait pas : de l’eau avec des bulles à mon goût.
Sous la tour de Belem locale, Diogo Afonso contemple la baie de Mindelo. Si ce sont des génois aux ordres du roi du Portugal qui auraient été les 1ers européens à arriver dans l’archipel, vers 1456, c’est Diogo Afonso qui y aurait, en 1462, visité le 1er trois des cinq îles au vent -ilhas Barlavento- : São Nicolau, São Vicente et Santo Antão.
Sur ce, un dernier petit tour des sobrados de l’Avenida da Republica, certainement de la viande pour changer et repos!
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