Ilha de Santo Antão : Corda, Cova et Fundo de Paùl
Le grand jour! Ou du moins, l’un des grands jours… Nous voici sur la route dite de Corda, après avoir rejoint Ribeira Grande à pied et retrouvé et privatisé le 1er collectivo rencontré à Santo Antão. C’est donc Gila qui nous conduit. Dès les premières centaines de mètres, ça monte, et… Ouahou!
J’aimerais arrêter le mini bus tous les 100 m., mais je dois lutter contre ça et me contente de photos en roulant…
Très vite, nous devons nous trouver à 5, 6 ou 700 mètres au dessus du niveau de la mer! De part et d’autres de la route, le vide : elle porte bien son nom, cette corde qui serpente sur les crêtes.
La route fut construite à partir de 1962, toute pavée. Il était en effet nécessaire de joindre la capitale de l’île à la toute jeune Porto Novo, rapprochant ainsi Povoação de São Vicente. Les portugais envoyèrent peu de moyens sur place mais la route fut, semble-t-il, construite en une 10aine d’années.
Jusqu’en 2009, elle était l’unique moyen d’aller de Porto Novo à Ribeira Grande, en grimpant jusqu’à 1200 m. d’altitude!
En haut, on se retrouve presque sur le plat. Et l’océan n’est jamais loin.
Et puis, là encore, un monde quasiment insoupçonné! « Les collectivos ne montent pas jusque là-haut, il faut prendre un taxi », mais c’est bien sûr! Bon, on ne peut même pas leur en vouloir : le spectacle vaut largement le coût…
Des pins… Nous ne sommes pas au bourt de nos surprises : on se croirait sur le pourtour méditérranéen!
Obligé de faire des photos depuis le Hiace, sans quoi nous aurions mis des heures à parcourir ce tronçon d’un 10aine de kms.
Et nous voici à Cova [=fosse], notre premier objectif du jour. C’est un cratère d’1 km de diamètre, le second du pays par sa taille. Il est perché à quasiment 1200 m. d’altitude. Ses terres fertiles sont cultivées et, paraît-il, les paysans locaux y utiliseraient un langage codé pour communiquer de loin.
Avant de nous engager dans la descente, vers Vila das Pombas, dans le Conselho de Paùl, petit tour sur place…
Les mimosas en fleurs sont partout…
La faune locale est commune côté domestique. Il n’y a pas d’animaux dangeureux, au Cap-Vert, si ce n’est une espèce de mille pattes dont les morsures peuvent être dérangeantes. Pour le reste, c’est la tranquilité absolue.
Les vaches peuvent ainsi se balader à leur aise… Pas de fauves dans les parrages…
Le paysage, surmonté d’une station métérologique est vraiment surprenant. Nous sommes encerclés de crêtes mais très impatients de savoir ce qu’il y a de l’autre côté… Nous avons croisé un couple de suisses qui a fait la montée en 2 heures ; nous descendrons, donc ça devrait aller vite.
Enfin… Peut-être! Nous allons prendre notre temps et apprécier tout en descendant ce zig zag. Le paysage est tout simplement époustoufflant! C’est ce que les locaux appellent le Fundo de Paùl, le fond de Paùl… Tout au bout, à 3 ou 4 kms, Vila das Pombas, notre objectif.
C’est parti…
Le chemin est très bien entretenu : cet endroit précis est le seul non pavé et un autre a perdu son muret, au dessus du vide.
Pour le reste, c’est tout à fait tranquille.
80 zigs et zags tout en descendant, et des plantations , tout le long : le jeu est de reconnaître. Igname.
Vila das Pombas, son Saint Antoine et son mont de bouguainvillliers, tout là-bas, et puis le ciel.
Des plantes plus ou moins étonnantes…
Mais rien dont je connaisse le nom, même si déjà croisé en Europe. C’est donc, ici, pour le côté familier, puis tout pousse un peu dans toutes les positions.
Mimosas, pins, amendiers…
Et en bas, ça a plutôt l’air de canne à sucre, pour l’essentiel…
La Ribeira de Paùl serait une des plus belles vallées du pays, et je n’ai aucun mal à le croire. Très fertile, c’est avec cette partie de l’île de Santo Antão une espèce de grenier pour les îles voisines. Pourtant, la population y est pauvre. Il faut dire que Cap-Vert ne réussit à produire que 15% de ce qu’il consomme…
Manguier…
Aloé veras, canne à sucre, cisais (agaves).
Papyrus et donc source.
Toits de chaume, et des cultures vert foncé que je ne connais pas.
Bananiers, irrigation…
Nous descendons toujours… Manguiers….
En fait, c’est du café… Pour le consommateur que je suis, première fois que je vois le fruit si apprécié!
Manguier, canne à sucre… Nous croisons le propriétaire des lieux qui, tranquillement, couteau à la main, nous raconte son quotidien…
… Son terrain, ce qu’il cultive… Il s’appelle Belarmino, il est agriculteur. Son frère vit à la Courneuve, à Paris ; il est éboueur.
La canne à sucre se récolte toute l’année… Sa culture a supplanté celle du café très rapidement sur l’île qui produit ainsi son rhum, le grogue, parfois vieilli en fûts de chêne pour donner le grogue velho, pur plaisir.
Verdure, saluts, émerveillement, pas une once de méfiance, saut dans le temps…
Cette maison orange là-bas…
Une dame entre deux âges en sort, nous invite à boire le café ; nous parlons, goûtons à son ponche [=ponch] citron, payons et repartons bouteille sous le bras!
100 m. en contre-bas, Nadina nous propose café en grains et doce de papaya –la fameuse cocada d’Olinda! … Trop bon!
… C’est une occasion unique! Sa voisine arrive trop tard, on ne peut acheter à tout le monde. Tout en bas, un ovni.
Il est 16H passées, le volcan endormi jette son ombre dans la vallée. Difficile de calculer le moment idéal pour être sur place! Je dirais le matin, au lever du soleil, aussi bien dans la vallée qu’à Cova. Un peu galère.
On rejoint petit à petit la civilisation à nouveau. On pourrait dire presqu’un peu trop vite, ça frôle l’hallucination!
Hibrarin Dias est graphiste, un pro de la suite Adobe, un passionné d’art aussi, apparemment. Ses murs sont sa meilleure pub.
Ceux alentours aussi!
Et nous reprenons notre descente, croisant ici et là, comme des nuées d’oiseaux, des volées d’écolières…
Une partie de cache cache.
Nous ne ratrapperons plus le soleil, nous sommes définitivement plongés dans l’ombre, et il faut encore aller là-bas, tout au bout…
Ca descend encore beaucoup, mine de rien, mais nous sommes désormais sur la route. Il va falloir profiter du premier collectivo venu si nous voulons rentrer à Ponta do Sol pour la nuit.
Pendant que les plus jeunes jouent, d’autres doivent bien aider. Un seau n’empêche apparemment pas la coquetterie.
La Ribeira de Paùl. Nous étions tout là-haut, 5 heures plus tôt! Non, nous ne sommes pas rapides.
Et surprise, au lieu dit « Dragoeiro », et pour cause, un dragonnier! Celui-ci, l’un de la 10aine de l’île, a dans les 300 ans.
C’est la fin de la journée aux champs, ça n’est pas le travail qui manque dans la vallée.
Nous, nous trouvons un collectivo chargé de français, dont un couple lyonnais qui vient à Santo Antão 1 mois par an…
Ah, comme je les comprends… Journée mémorable, merveilleuse, sourire scotché… Et pour la couronner, une Super Bock devant le coucher de soleil sur le port de Ponta do Sol.
Avant de rentrer à l’hôtel, dont les propriétaires sont sûrement au Portugal. Nossa Senhora de Fatima m’a dit… Ce soir, c’est comme à notre arrivée, le restau Bokinha salgad (bouche / bouchée salée) : cachupa rica pour moi, café du coin bien serré, grogue velho ; que veut le peuple? Nous partons demain, et nous serions bien restés encore à Santo Antão…
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