Ilha do Fogo : Chã das Caldeiras
Aaah, quel dépit! Le temps n’a pas changé, il est bien gris : je pensais qu’avec de la chance, nous verrions le volcan depuis São Filipe. Peut-être ne le voit-on pas en temps normal, d’ailleurs. Je reste sur ma faim et discute avec un jardinier métis aux yeux bleus en attendant notre taxi : cap verdien né en Angola d’un père portugais et d’une mère cap verdienne si mes souvenirs sont bons.
Nous avions rendez-vous à 11H au marché de São Filipe où nous attend un collectivo prévu par notre hôte au pied du volcan. Nous faisons connaissance avec un couple d’espagnols arrivés la veille de Praia, en bateau : elle a encore le mal de mer. Un couple de français est là aussi, ainsi que des locaux.
Il y a une grosse heure de route jusqu’à la caldeira, ça monte raide! Et toujours pas de volcan en vue, mais des sillons creusés par un géant à travers la pente raide. Je les ai entraperçus hier, déjà, depuis l’avion, en quasi rase-motte : c’était spectaculaire, l’impression d’être une mouche survolant un champ fraichement labouré!
Une arrivée sur Fogo en bateau aurait pu nous permettre de découvrir le profil de l’île, mais le temps était trop gris, quoique je n’ai pensé à demander à nos conaissances espagnoles ce qu’il en était. 4H de bâteau, quand même, en longeant l’île sur tout un côté étant donné que São Filipe est à l’Ouest, tout à l’opposé de Praia. L’ascension continue : des cônes adventifs annoncent leur géniteur.
D’un coup, le paysage se noircit… Il était sec, mais le voici arride et comme calciné. En haut, on ne voit plus rien : va-t-on encore monter? Difficile de se rendre compte dans quoi nous nous aventurons. Difficile aussi d’imaginer devoir remplir un tel camion à la pelle.
Nous voici arrivés : Parc naturel [national] de Fogo : premier arrêt, première vue sur le volcan : oui, c’est le Grande Pico…
Mais il nous reste encore une bonne heure de route. De l’asphalte -c’est rare au Cap-Vert!-, nous passons sur les pavés.
Mais très vite, alors que l’ancienne route, coupée par l’éruption de 2014, passait au pied du volcan tout droit jusqu’à Chã das Caldeiras, nous roulons sur une piste de terre longeant la caldeira en demi-cercle jusqu’à notre destination finale. La piste épouse tout simplement les extrémités de la coulée de lave de 2014, telle qu’on en voit ici : 2,50 m. de hauteur à 3 m. ou plus!
J’ai le souffle coupé, mes yeux s’emballent, je n’avais jamais vu ça!
Nous sommes à environ 2000 m. et avons prévu de gravir ce fameux volcan demain.
Nous sommes arrivés à Chã das Caldeiras où nous devons rester 2 jours de plus. Nous serons hébergés à la pension José Doce : éclairage à la bougie, douche froide à l’eau de pluie : un peu rude mais de bons lits adouciront notre fatigue en temps voulu!
Il s’agit alors de profiter : je découvre ce qu’est une coulée de lave, une caldeira,…
Que la pierre est rugueuse, aussi! Il s’agit de ne pas faire de faux pas : je n’ose imaginer les dégats sur la peau!
Je pensais que la lave, en refroidissant, laissait une surface lisse, ou à peu près.
Mais non, bien qu’il n’y ait à priori pas de règle unique… Par endroits, c’est un véritable fratras de pierres de toutes tailles.
Entre les champs de lave, du sable voire des scories.
Formes mais aussi couleurs… Et dans ce règne minéral, quelques végétaux…
Ainsi que du mouvement, figé, mais du mouvement quand même…
Au loin, la pente la plus douce du Grande Pico. Nous aurons certainement à y faire, demain.
Et au milieu de tout ça, la vie, et du foot, aussi! Enfin, il ne s’agit même pas d’un stabilisé, hein, plutôt du foot de plage, pour le coup.
De ci de là, quelques maisons traditionnelles, qui font penser à des cases, ont surgi sur la lave refroidie.
Les locaux reconstruisent, inlassablement. L’érutpion de 2014 n’a pas fait de mort mais a tout détruit. Le village est enterré.
Par endroits, le mouvement de la pierre est saisissant et laisse des frissons dans le dos…
Mais les habitants de Chã das Caldeiras continuent, sans répit : ils laissent au volcan ce qu’il leur a pris et leur prend ce dont ils ont besoin pour refaire leur vie.
Il n’est pas question d’abandonner!
Le gouvernement n’aide à priori pas, c’est trop risqué.
Les habitants de Chã das Caldeiras ne comptent que sur eux-même.
D’un autre côté, pour qui est prêt à prendre le risque, la mane touristique doit être motivante.
En voilà un qui doit être bien loin de chez lui.
Les enfants, quant à eux, se moquent gentiment : c’est leur monde et ce doit être bien curieux de voir les autres le découvrir.
Et d’un selfie pour ce macaque prêt à me subtiliser mon appareil photo! C’est qu’il est fort, le bougre!
Notre promenade de l’après-midi ne va pas tarder à prendre fin.
La nuit tombe bientôt et nous allons devoir rentrer. Les distances sont difficiles à estimer, ici.
A la pension, notre arrivée avait coïncidé avec celle des grimpeurs du jour : à une petite dizaine, ils sont montés tout en haut du volcan, accompagnés d’un guide parce que ça ne se fait pas à la légère. La voyageuse solitaire suisse que nous avions croisé à Praia le jour de notre virée à Tarrafal, faisait partie de l’expédition. Retrouvailles!
Enfin, un peu plus, même, puisque la soirée est prétexte à une grande tablée avec un ragout de légumes locaux, force bières…
… Vin de Chã, grogue et pas de Funana sous la houlette de José. Soirée très animée, dodo vers 1H et levé prévu à 5!
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