Ilha do Fogo : tour de l’île par Mosteiros
Nous avons rendez-vous à 9H30 avec Fabio et le chauffeur : ils viennent nous récupérer devant notre hôtel, d’où nous avons eu le bonheur de découvrir le beau temps et, en face, l’île de Brava. Toujours coiffée de son nuage, elle.
Nous reprenons la route du volcan, mais avec des arrêts, cette fois. Ici, vers Forno je pense, papayers et… Carottes??!
Nous voilà au dessus de ce qui m’avait surpris, en arrivant depuis l’avion : ces fameux sillons creusés de haut en bas de l’île par l’eau. Les pluies ne sont pas nombreuses, mais peuvent créer des courants assez violents lorsqu’elles ont lieu. On avait déjà vu leurs spectaculaires capacités à Santo Antão.
Nous sommes plus ou moins à mi-chemin de la descente vers l’océan : voilà qui nous laisse présager de ce que ça peut être à l’embouchure : élargi, chargé de rochers, un chaos de pierres à la rencontre des eaux.
Le paysage est sec, aride, et les plantations que nous avons vues profitent de l’irrigation. Le principal problème de Fogo, à l’instar de ses soeurs capverdiennes, reste l’eau. Dans Un Domaine au Cap-Vert, Teixeira de Sousa le décrit très bien, dans une année qui s’annonçait pourtant bien.
La question de l’eau revient tous les ans : il suffit de quelques jours de pluie pourque tout aille bien. Il suffit aussi d’un vent d’Est, à priori l’Harmattan venu du Sahara, pendant une courte tempête, pour passer des bons aux mauvais présages. Et puis il y a le volcan, qu’on aperçoit ici. De temps en temps, il s’énerve, mais les habitants de Fogo cohabitent.
Fabio, surt l’écran de son portable, nous montre les coulées de lave de la dernière éruption, les mêmes qu’ici, en 2014 et de nuit qui plus est. Je ne vais pas faire le touriste photographe amateur égoïste, mais il faut bien avouer qu’il y a de la beauté dans ce qui est pour d’autres un malheur.
Tout au long de la route, nous traversons des villages. J’avais la sensation d’être dimanche, mais l’école (vers Cova Figueira?) vient me rappeler qu’on est bien lundi. Du flanc sud de l’île, nous allons passer à l’est, plein nord, et le temps va suivre avec…
Perchés à 600 m. Nous sommes en dessous de l’extrémité sud de la bordeira qui couronne l’île.
La lave a noirci le paysage en grand rubans. Et on reconstruit patiemment par dessus, comme ici juste avant Tinteira.
[Pour situer,] En dessous du pied sud du Grande Pico : le Rio Nha Lena est à sec mais laisse présager de la violence du courant.
Plus en avant, le lit d’une rivière sorti du cratère du Grande Pico sert de carrière. Le travail y semble celui de forçats.
L’effet de l’érosion est toujours aussi spectaculaire.
Nous avons semble-t-il passé Relva, puis Achada Grande, et sommes à Corvo [=corbeau], ou plutôt sa baie. Un escalier pour le moins escarpé descend jusqu’à l’océan. J’ai du mal à croire qu’on ait pu vouloir construire un port ici, la seule chose qui explique pour moi la présence de cet escalier qui aurait logiquement dû être une route.
Une fois descendu, je m’aperçois qu’il ne s’agit que d’une maigre plage de galets : le lieu doit pourtant être prisé…
Sans ça, pas d’escalier, bien durs à remonter! Quant aux ports de l’île, ils ont semble-t-il toujours été un casse-tête pour les ingénieurs… Fabio et notre chauffeur ont profité de notre escapade pour cueillir des graines de caesalpinia bonduc qui serviront au jeu d’awalé. Et hop, un coup de main, sous les yeux, je les avais oublié, des deux couples bitterois qui font partie du convoi.
Nous reprenons la route et finissons par arriver à Mosteiros, au Nord-Est de l’île. C’était notre objectif de la veille, si nous avions pu descendre de Chã das Caldeiras par les plantations, à travers les dénivelés spectaculaires.
Nous n’aurions pas été mieux lotis aujourd’hui : la visibilité, est limitée, en haut…
Ce flanc de l’île a un climat particulier qui se prête à la culture du café.
C’est à peine si nous effleurons ces plantations, qui sont de type moyennes, au milieu d’autres cultures fruitières ou vivrières. Le café capverdien, de variété arabica, est produit dans le cadre du commerce équitable : en 2011, c’était 105 000 tonnes de café produit sur plus de 8 000 000 à l’échelle mondiale.
Pour les voir, nous avons été à la limite du village de Mosteiros… Et voilà la 2e fois que je vois du café après Santo Antão, lors de notre descente de la Ribeira de Paùl. Première fois que je vois du café mûr, à point pour être cueilli [ça vaut bien un des mes 4 à 5 cafés quotidien : je reviens].
Voilà donc d’où vient la matière première de la 1e boisson consommée en France après l’eau! Bien évidemment, le Cap-Vert en a une production insignifiante à l’échelle de la planète. C’est en tous cas et à mon goût, un bon café, d’autant lorsqu’il est préparé façon espresso, ce qui est généralement le cas dans les établissements locaux.
Il est temps de déjeuner. Le restaurant où Fabio nous amène a sa terrasse dédiée au séchage de la cerise de café…
Le temps que notre commande soit prête, nous nous échappons dans Mosteiros. La coopération US est ici bien visible.
Notre rapide traversée de Mosteiros nous a montré une petite ville à l’aspect contemporain, où beaucoup d’americanos ont dû garder pied.
L’église de Mosteiros. Nous savions déjà que le monastère qui donna son nom au village d’à peine 500 habitants (10 000 pour la commune)…
… Avait été détruit par les esclaves. Quant à l’époque; il ne faut pas trop en demander. Aujourd’hui, c’est une église contemporaine qui trône dans la 2e ville de l’île de Fogo, qui est aussi son jardin.
Le repas est l’occasion de discuter de la vie à Fogo avec Fabio. C’est très dur, il n’y a pas de travail et donc pas d’argent, ce qui amène les habitants de l’île à émigrer, toujours, massivement.
Lorsque nous parlons football, Fabio va à l’encontre des évidences que j’ai croisées dans tout l’archipel : les capverdiens, selon lui, se moquent royalement du foot portugais. Mais il n’est pas le premier que je croise à Fogo qui me montre une certaine antipathie envers ce qui est portugais.
Je le comprends, mais le discours ne favorise pas l’échange posé. Tant pis, nous reprenons la route.
Nous sommes désormais passés sur la côte nord de l’île. Le soleil est de retour et le relief est lui toujours aussi torturé.
Nous voici à São Jorge, en dessous de la bordeira. C’est notre dernier arrêt avant le retour à São Filipe.
São Jorge est recherchée car c’est l’un des très rares endroits de l’île où l’on peut se baigner en parfaite sécurité, dans les piscines naturelles, à l’abris de la houle.
C’est donc logiquement aussi que les pêcheurs y ont élu domicile…
Il y a semble-t-il dans le coin des salines naturelles jamais exploitées. Pas vues, encore faut-il savoir les reconnaître.
Un peu plus haut, tout à côté, c’est donc un cimetière qui attire notre attention. Nous en aurons visité, de ces villages de tombes. Celui-ci, effondré par endroits dans l’océan, semble complètement désaffecté.
São Jorge, vu de loin.
Et retour à São Filipe! C’est le rio da Trindade, juste à côté de notre hôtel.
Nous repartons pour une visite de la vieille ville par beau temps…
C’est coloré et plaisant…
Il y a plus d’activité que hier, dimanche…
Enfin, tout est relatif comme nous le montre la place de la mairie.
Voilà une bien bonne pêche aux rougets!
Pour nous, à la veille d’une journée de transit en direction de Sal puis de l’Europe, c’est la dernière occasion de profiter d’un plouf. Je m’assure auprès des gamins qui se baignent qu’il n’y a pas de méduses et reste avec eux, profitant des vagues.
Fabuleux, cette plage de sable noir, non? Bon, un peu piétinée, c’est vrai.
C’est mieux comme ça!
Dernier coucher de soleil sur Brava…
Avant de remonter sur la place du pénitencier. C’est là que j’aperçois les deux îlots qui voisinent Brava et sa coiffure : Ilheu Grande et Ilheu da Cima.
Demain, nous avons notre avion à 8H : lever à 6H30 et rendez-vous avec un taxi ont été prévus. C’est notre dernier repas à São Filipe, à une nouvelle adresse : un grill cette fois-ci, sympathique lui aussi. L’occasion de manger un steack de vache ; c’est pas tous les jours! C’est presque le cas pour le grogue velho, en revanche… A demain!
Laisser un commentaire