Santiago de Cuba via Camagüey
A notre arrivée à Camagüey, à 6H30, il faisait beau. Je trace donc quasi directement en ville qu’une longue averse finit par paralyser. Je passe ce temps devant le Parque Ignacio Agramonte, du nom d’un révolutionnaire cubain né à Camagüey (1841-1873), parc adossé à la cathédrale.
Camagüey est inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité pour son originalité urbanistique. C’est en outre, au niveau cubain, une ville avec de nombreuses églises : l’Iglesia de la Soledad, est l’une des 9 que compte la cité.
Une cité qui abrite apparemment l’un des pus gros festivals de théâtre de l’île, bien que j’y croise surtout des cinémas…
Et nombreux, à mes yeux, lieux liés au cinéma. Je n’arrive toutefois pas à savoir pourquoi ; juste peut-être un hazard? Les locaux à qui je demande sont plus prompts à me proposer des femmes qu’à m’expliquer cette curiosité…
Même si filmer ou photographier fait partie des prestations qu’ils proposent…
Je traîne, de rue en rue… Ici, un tinajon , jarre pour la collecte des eaux de pluie, apparemment spécialité locale.
Je m’ennuie vite dans ce dédale ancien mais sans charme, entre avenues commerçantes et autres rues résidentielles.
Je me restaure d’un mini sandwich au jambon, traîne encore un peu et décide de rentrer. J’arrive à la gare routière vers 16H… Mon bus pour Santiago est à 0H40. Je vais pouvoir me reposer et découvrir, entre autres, le ménage / séchage à la cubaine, ainsi qu’un de ces trop nombreux très désagréable stewart de la compagnie Via Azul.
Nuit inconfortable, d’abord mal placé dans le bus, avant de trouver de quoi être plus à l’aise dans le froid de la clim’. Arrivé à 7H30 à Santiago de Cuba, à 330 kms de Camagüey. Je trouve rapidement la maison Fernandez où je loge. Douche, petit déj’ et coup d’oeil sur la terrasse. Ca va le faire!
Et me voilà parti à la découverte de la 2e ville cubaine. C’est la 5e des cités fondées par les Espagnols qui, dès 1511 avec Diego Velasquez de Cuellar, envahissent méthodiquement l’île. Hernan Cortez est nommé premier maire de Santiago et c’est de là qu’il part, en 1517, à la conquête du Mexique.
Je suis dans le centre historique et entre dans la 1e église venue…
L’église saint François d’Assise,…
Légèrement décrépite…
Mais la foi perdure et des femmes l’entretiennent à coup de ménage.
Un peu à l’image de l’île et, à priori, de la ville. Ca tient.
Mais c’est le centre du centre que je recherche, el Parque Cèspedes, tout en travaux.
Depuis la parvis de la cathédrale, on a vue sur la mairie et cette belle place colorée.
La cathédrale, la première érigée à Cuba, a été consacrée en 1522.
Elle fut détruite et reconstruite à plusieurs reprises jusqu’en 1922, ceci expliquant son style néoclassique.
Il semble impossible, à cette période de l’année, de monter sur les clochers. Tant pis, c’est coloré quand même.
Plus discrets, on trouve également des temples. Je suis à la recherche d’un café, mais ça semble difficile de trouver la boisson ici… Pénurie oblige. C’est assez étonnant vu que la café est l’une des productions de la région…
Quelqu’un m’interpelle sur mon t-shirt dédié au reggae. Il s’appelle Lambert Savigné Odelouis… Il a mon âge et son nom trahit des origines haïtiennes. Il est rasta et rêve d’aller en Jamaïque, à moins de 250 kms au sud. Il a déjà été en Europe, en Hollande, mais de son propre aveux, en a trop profité et a dû rentrer, non sans quelques regrets.
Il est pour le moins désemparé et me demande un coup de main que je ne suis pas en mesure de lui donner. Nous discutons devant un verre et je reprends ma route.
Le Museo Emilio Bacardi, du nom du premier maire républicain de la ville, ouvert en 1928 avec ses propres collections. Il était le fils du créateur de la fameuse marque de rhum fondée en 1862 à Santiago et exilée depuis la Révolution à Puerto Rico. Mais pas de temps pour ça…
Suite de ma visite dans les rues colorées et animées…
J’arrive sur la Plaza de Marte… Soit le Champ de Mars, avec sa colonne surmontée d’un bonnet phrygien, symbole de liberté.
Il me semble avoir vu l’essentiel de la ville coloniale et je ne veux pas m’attarder dans les musées. Demain, je devrais aller dans les montagnes à l’Est ; aujourd’hui, je vais me concentrer sur le Castillo del Morro.
Je retraverse donc la vielle ville vers la Baie de Santiago…
En passant notamment par le quartier de Tivoli, moins mal famé que son homonyme de Kingston… Plutôt endormi, voire désert en ce tout début d’après-midi.
Du port, je prends un bus des plus rustiques avec ses bancs, son peu de lumière et ses fenêtres ouvertes aux 4 vents, le tout tempéré par une ambiance populaire. J’ai juste compris que j’allais vers l’objectif que je m’étais proposé. Le bus me laisse à la sortie de la ville et fait demi-tour.
Je continue, longeant la baie via la route dite touristique. Deux ados sur un BMX me rejoignent. Comme j’ai oublié d’en prendre et que je n’en ai pas trouvé à l’arrêt, je leur donne 10 CUP et leur demande s’ils peuvent me ramener de l’eau tandis que je m’avance. Au pire, je me débarrasse d’eux.
Contents de leur butin, ils me faussent compagnie. Je me dis que, peut-être je les reverrai, mais vue leur apparente satisfaction…Je continue donc mon chemin…
Je n’ai aucune idée de l’endroit où je vais. Comme ça commence à être long, je tente du stop mais peu de monde passe et ça n’a pas l’air d’être dans les usages. Des tombes aux noms de héros de la Révolution parsèment mon chemin.
J’imagine alors la baie garnie de navires et autres bâteaux pirates : Santiago fut mise à sac à plusieurs reprises tout au long des XVIe et XVIIe s. C’est pour la protéger que le fort que je m’aprête à visiter a été bâti.
En tous les cas, passées les questions pratiques, on ne peut leur reprocher le cadre de vie choisi! Au loin, la Sierra Maestra.
Je suis à la limite de la déshydratation : voilà 2H que je marche et je ne vois toujours pas mon but, malgré ce qui s’avère de fausses alertes. La route fait encore des lacets mais je vais tenter de couper au dessus de cette Playa de la estrella .
Bien joué! Le fort est juste derrière… Mais je me précipite vers le premier marchand de souvenirs et vide une 1e bouteille d’eau devant le réfrigérateur… Avant de me rendre au château…
Qui s’avère fermé durant quelques jours, le temps que soit refaite la passerelle enjambant la douve. 10kms à pied sous le soleil pour ça… Bon, peu de chances que j’ai eu le temps de visiter les quelques niveaux qui gravissent la pente raide, mais tout de même…
Le fort de San Pedro de la Roca fut commandé en 1637, débuté l’année suivante et achevé en 1700. Entre temps comme par la suite, il dut faire face à des attaques, pirates ou étrangères, et autres tremblements de terre.
Il fut même pris durant 2 semaines par des flibustiers anglais, en 1662… Avec la disparition du piratage, le fort fut partiellement transformé en prison politique au XVIIIe s et reprit ses fonctions initiales ponctuellement, notamment durant la guerre contre les USA en 1898.
Inscrit au patrimoine de l’humanité depuis 1997, il a été restauré durant les années 1960. Quant à moi, je dois désormais filer, avant que la parking ne se vide et que j’ai à faire le retour pour Santiago à pied. Un chauffeur me propose un taxi pour 25CUC…
C’est cher, mais je fais ramener à 20 CUC : n’ayant pas payé l’aller, c’est comme lors de ma visite de Nine Miles, jeudi dernier , un moindre mal. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’on m’a invité à monter dans un bus « spécialement affrêté », bus du personnel alors que je m’attendais à faire le voyage dans une belle américaine… Brrrref! Une fois n’est pas coutume. Deux non plus!
Me voilà donc à Santiago, sur ma terrasse, avant d’aller trouver un restau et une pizza locale au dessus de la moyenne.
Des bières aussi, et une ou deux rencontres, avec leurs expériences…
Demain, c’est nature et plantations de café, j’ai besoin de repos.
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