Logroño
La cathédrale de Logroño est surnommée d’après l’église de plan octogonal qui la précéda jusque ca 1516…
La Redonda, austère église romane, fut remplacée quand Logroño reçut le titre de « ville ». Sa construction dura 3 siècles.
Levé 9H. Michel, bibliothécaire lillois, a rejoint le dortoir après son 10 kms quotidien, suite à la blessure contractée sur Le Puy – SJPDP, l’année dernière. Chacun fait comme il peut. Accompagné de ma roue arrière, j’ai été chez le vélociste et lui ai demandé s’il délivrait des certificats de décès. Il me propose de repasser 1H plus tard, car il doit diagnostiquer la roue, comme il va de soi. Je déjeune au Liberty, bar voisin, et repasse après avoir temporisé.
Comme je le craignais, le coeur de roue libre est mort. Le vélociste doit prospecter pour la réparation. Je dois repasser à 16H30.
Je n’ai plus qu’à en profiter pour visiter la ville et me projeter dans les possibles. Vers la Rua Vieja, un Santiago Matamoros.
La sculpture de 1662 représente Saint Jacques piétinant des têtes de Maures. L’intérieur de l’église du XVIe s. et plus en accord avec la religion.
[13H] La religion et ses cloches qui m’ont fait fuir, hier, de cette auberge : lorsque j’ai sonné, les carillons de Santiago el Real ont marqué 19H, et je me suis dit que ce n’était pas une bonne idée de dormir à côté. Bien m’en a pris car ces auberges, propres et bon marché, n’acceptent pas les pélerins plus d’une nuit, laquelle commence obligatoirement à 22H, avec départ avant 8H. Un bon plan, néanmoins, quand on marche au quotidien : ça insuffle un certain rythme.
Je rentre à l’auberge me reposer. Ce que je pense être une Italienne a rejoint le dortoir et, mutique, s’y repose. Je ressors ensuite manger un falafel – décidément, je ne suis pas à la gastronomie espagnole ! – et m’hydrater alors que je trouve mes lèvres anormalement sèches depuis la veille… Il fait très chaud, quoique très sec, et boire régulièrement s’impose donc. Je surveille Santa Maria la Redonda, car je veux photographier sa façade ensoléillée [15H30].
La tradition fait débuter l’histoire de Logroño à l’arrivée du petit fils de Noé sur les hauteurs de Varea, nom de la ville romaine, « Vareia », et actuel quartier. Reprise aux musulmans en 905, la ville bénéficie de l’impulsion du roi de Navarre Sancho Abarco, qui y garantit le passage de l’Ebre. En 1095, Alphonse VI de Castille s’empare de la Rioja et accorde à Logroño une charte lui amenant la prospérité économique.
L’église San Bartolomé et son portail monumental du XIIIe s., qui s’inspire de la vie du Saint décrite dans la Légende dorée , fut construite à cette époque de prospérité, alors que la ville compte également de nombreux hôpitaux, du fait de sa situation sur le chemin de Compostelle. L’église est fermée en cette heure de déjeuner (16H15 !) : ce sera peut-être pour une autre fois.
En attendant de repasser chez le vélociste, je meuble, mais sans m’attarder plus que ça… Je me repère via les clochers dans la partie ancienne de la ville, et me dirige donc vers celui que je n’ai pas encore visité.
Au royaume des nuances de l’ocre, quelques curiosités, comme ce garage à vélo… Un peu compliqué, peut-être… Sûrement justifié par la sécurité assurée aux deux roues !
On sent une ville tournée vers le tourisme, sans que ce soit non plus criant en ce mois de juillet. Et puis les pélerins sont discrets.
Sous l’aiguille gothique vue précédemment, l’église Santa Maria del Palacio et son entrée de style roman.
Ca me laisse du temps pour me promener et m’organiser : le retour à Lyon ne devrait donc pas être pour tout de suite.
Depuis la Calle Portales, qui débouchait anciennement sur plusieurs entrées, je saisis l’empreinte de la Redonda sur la cité.
L’édifice qui abrite une crucifixion attribuée à Michel Ange, ainsi que des sculptures d’un fameux artiste espagnol, Gregorio Fernandez (1576-1636), s’est vu affubler de ses deux tours jumelles baroques au XVIIIe s.
Dans la même rue, se trouve l’ancienne fabrique des tabacs, dont une des cheminées de brique est restée debout, qui fonctionna de 1890 à 1978 et son déménagement dans la zone industrielle. Le bâtiment historique héberge désormais la bibliothèque de Logroño, un centre culturel et le Parlement de La Rioja, région autonome dont Lorgoño est la capitale.
Calle Barriocepo, dans le prolongement de la Rua Vieja où se situe l’église de Santiago el Real, je fais mon touriste.
Encore un témoignage de l’importance du tourisme pour la ville, et plus spécialement celui dû au chemin de Compostelle : en voilà un dont les tampons de la credencial sont tatoués sur le corps. Vue l’histoire du tatouage, on peut dire que cette fresque murale représente bien, à la fois, une certaine évolution des moeurs, ainsi que les populations qui parcourent le chemin : très diverses et variées.
Au delà du Pont de fer, barrant l’horizon, dans la Sierra de Cantabria, le Pico León Dormido et ses 1245 m. Très grossièrement, au delà de l’Ebre, on est au Pays Basque à gauche, en Navarre à droite, et si l’on va au delà de la crête visible ici, on peut rapidement se trouver en Castilla y León. Comme capitale, Logroño est vraiment bizarrement située.
18H40… La ville sort d’une certaine létargie, et les terrasses se peuplent. Une fois n’est pas coutume, je vais faire comme tout le monde.
C’est le moment où je peux avoir une vue à peu près ensoleillée sur le rétable de pierre qui orne la façade de la Redonda.
J’en profite aussi pour jeter un oeil sur l’histoire de la ville, que j’ai eue sous les yeux avec ma visite de l’après-midi, mais sans savoir comment l’interpréter. Si la région entre Estella et Logroño, ains que l’Ebre, ont consititué un front durant la crise de succession que furent les 3 guerres carlistes qui jalonnèrent le XIXe s., d’autres conflits ont plus durablement marqué la ville.
En l’apprenant, je saisis la signification de fresques à priori anodines croisées plus tôt, et dois retourner sur mes pas.
L’occasion d’un passage express dans l’église très austère de San Bartolome. Mais alors, pourquoi ces pêcheurs peints ? En 1520-1521, avec le début du règne de Charles Ier d’Espagne, plus connu sour le titre d’Empereur Charles Quint, les villes de Castille se soulèvent contre la couronne. C’est l’occasion que saisit Henri II de Navarre pour encercler Logroño, rattachée à la Castille depuis 1095, avec 30 000 hommes.
Le siège débute le 25 mai 1521 et dure jusqu’au 11 juin. Entre temps, les habitants ont vaillament lutté contre leur assaillant, et pour échapper à la faim, s’en sont remis aux poissons pêchés dans l’Ebre… Cette victoire, saluée par l’Empereur, est l’occasion d’ériger un arc de triomphe sur la muraille del Revellín : si les remparts de la ville ont majoritairement disparu au XVIIe s., l’arc est toujours en place. et j’y suis d’ailleurs passé sans y faire attention.
Que d’émotions ! Il n’est pas toujours évident de garder un certain éveil, lorsqu’on voyage…
Mais c’est si satisfaisant, poussant parfois au frustrant quand je passe à côté d’informations ou de lieux clés, de comprendre un minimum ce qui m’entoure… Je ne peux pas me contenter de laisser le temps passer sans retourner un peu en arrière…
Et c’est d’ailleurs bel et bien la raison principale pour laquelle je continue à faire ce blog : au delà des simples images de ce que j’ai vu, croisé, je suis obligé de creuser pour mieux cerner mes lieux de passage, à défaut de l’avoir fait avant. Car j’aime aussi découvrir un peu naïvement, pour ne pas me focaliser sur des choses parfois difficiles à atteindre et donc trop chronophages.
Après un passage devant le Pont de pierre, longtemps poumon économique de la cité, je termine ma journée devant une tortilla / bière, après avoir réservé une 3e nuit à l’auberge. Je rentre à 21H30 : ce soir, il y a du monde, au dortoir, qui s’est vu complété d’un couple de 60aires bretons partis de Mont de Marsan et au bout de leur chemin pour cette année. Le mien va pouvoir continuer, et c’est cool. Extinction des feux 22H.
Laisser un commentaire