Romantique Sintra
Adeusinho Evora, atè à proxima! Direction Sintra, à 140 kms au nord-ouest avec traversée du Tage à Lisbonne, sur le Pont Vasco de Gama.
Je considère Sintra comme le fleuron du patrimoine portugais : toujours excité à l’idée de m’y rendre, c’est la 1ère destination que je conseille.
Entre palais, châteaux et demeures toutes plus originales les unes que les autres, au beau milieu d’un écrin luxuriant…
Je n’y connais que le principal et aurai aujourd’hui l’occasion d’y découvrir une nouvelle merveille.
Une nouvelle fois, le Palais royal local, édifié par les Maures et lieu de villégiature de la Cour au XVe, fera l’objet d’une prochaine visite…
Inutile de dire que j’ai mitraillé et que le choix des photographies présentées ici fut encore plus difficile que pour la plupart des destinations. Il en reste encore beaucoup!
L’un de nos buts, aujourd’hui, c’est le Palacio Nacional da Pena…
Mais c’est le Castelo dos Mauros qui fera l’objet de notre première viste du jour.
Comme son nom l’indique, il fut édifié par les Maures, dès le VIIIe siècle, Sintra étant partie intégrante d’Al Andalus.
Postée sur un piton rocheux, cette forteresse permit entre autres à ses occupants de prévenir l’arrivée des Vikings au IXe s.
Lors de mon premier passage en 1999, les lieux étaient dans un état délabré, bien que visitables en suivant le chemin de ronde.
Aujourd’hui, tout est parfaitement aménagé pour le confort des touristes. La végétation que ces murailles encerclaient a disparu…
Remplacée par de nombreux visiteurs et pas mal de langues… Armé d’un appareil photo, je dois donc m’armer de patience aussi.
Dès le IVe av. JC, Sintra était habitée par des Celtes et les Grecs y auraient érigé un temple dédié à la lune, Cynthia.
Passé dans la langue arabe, « Cynthia » devint « Chintra » ou Zintira », puis as-Shantara pour devenir, à la reconquête de Lisbonne en 1147, Sintra. Depuis ce fort qu’ils édifièrent, les Maures surveillaient la côte et les routes vers Mafra au Nord, Cascais et Lisbonne au Sud. La vue y est à couper le souffle.
Et ça, les touristes de tous poils venus à Lisbonne pour diverses raisons, l’ont bien compris!
Comme Lisbonne, les lieux passèrent pendant les XIe et XIIe siècle des mains des arabes à celles des chrétiens et inversement.
Dès le XIXe s., sous l’impulsion des rois romantiques, Maria II et Fernando II de Portugal, cette forteresse fut restaurée.
Pour notre plus grand bonheur! Je vous laisse un moment…
Car entre temps, c’est le Palacio Nacional da Pena qui fera l’objet d’une belle visite…
En attendant, l’effort en vaut bien la chandelle…
On aperçoit, tout en bas, le Palacio e Quinta da Regaleira. On espère avoir le temps de nous y rendre, et ça n’est pas gagné!
Le Palacio Nacional da Pena, donc. Une fois passé son portail, il reste 1 km de marche dans la forêt d’essences du monde entier.
Avant de découvrir une espèce de vision irréelle, comme sortie d’un dessin animé de Walt Disney… Avec son entrée arabisante…
Et ses décorations fantaisistes…
La palais fut commencé en 1839, par le roi du Portugal Ferdinand II, qui est en fait Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha…
Et qui devint donc roi par son mariage avec Maria II. Bâti sur les ruines d’un monastère hiéronymite du XVe s.,…
Le palais fut conçu par la baron Ludwig von Eschwege, qui y mélangea allègrement bien des styles architecturaux… Mauresque, baroque, gothique, manuélin, Renaissance, égyptien… Bavarois aussi! D’ailleurs et contre toute attente, ce palais est plus ancien que celui auquel il renvoie, celui de Neuschwanstein…
Au dessus d’un passage, le visiteur doit faire face à Adamastor, monstre marin mythologique créé de toutes pièces par Luis de Camões.
Difficile de savoir où poser les yeux…
Les influences et références sont innombrables…
Et les lieux finalement de taille si humaine qu’on s’y plairait à dîner…
Pour la petite histoire, Maria II de Portugal…
…Etait la fille de Pedro 1er, Empereur du Brésil (1822-1831),…
… Devenu Pedro IV, roi du Portugal (1826) à son abdication du trône brésilien, en pleine crise de succession portugaise…
Ferdinand II fut surnommé le Roi artiste, et ça n’est pas parce qu’à la mort de Maria II il se maria avec une cantatrice suisse,…
… Avec laquelle il vécut à Sintra, mais bien pour les réalisations architecturales auxquelles il donna l’impulsion. Déjà instigateur de la restauration du Castelo dos Mauros, la commande de ce palais donna bien des idées à ses voisins. Donnant à Sintra un statut de laboratoire du romantisme pour l’Europe…
La raison même qui lui vaut aujourd’hui sa place dans la liste du Patrimoine mondial de l’humanité. Mais je vous laisse visiter et vous donne rendez-vous au Palacio da Regaleira…
Nous revoici tout en bas, dans la ville, sans jamais cesser les allers-retours du regard…
Ca ne sont pas les curiosités qui manquent!
La dernière de la journée, donc : le Palacio e Quinta da Regaleira.
D’où la vue sur le Castelo dos Mauros est évidemment parfaite!
En réalité, on aperçoit aussi le Palacio Nacional da Pena… La vue de la Terrasse dites des Chimères vaudrait presqu’à elle seule le déplacement, avec cette espèce de baldaquin manuélin au dessus de l’entrée, si ça n’était la présence d’un domaine boisé.
Le palais et son domaine ont été aménagés entre 1904 et 1910 par l’architecte italien Luigi Manini…
… Sur les ordres de Antonio Augusto Carvalho Monteiro, riche négociant en café et autres marchandises brésiliennes.
Mêlant néogothique et néomanuélin, la propriété ferait de nombreuses références à l’alchimie, à la franc-maçonnerie et aux Templiers…
Si la chapelle démontre déjà une certaine originalité, voire surcharge dans les sculptures…
Que dire du domaine? Il semblerait que « la quête de l’homme dans l’univers » fut ce qu’on y chercha à représenter…
Le palais et la chapelle n’en sont que les parties les plus visibles…
Puisque des grottes artificielles jalonnent le jardin, avec ici, par exemple, Léda et le cygne au dessus d’une fontaine.
Chacune des constructions que l’on y croise…
… Amène en tous cas bien des questions!
Jusqu’au moment où…
… Le visiteur se retrouve au dessus d’un puits « initiatique » de 27 mètres de profondeur…
… Et en entame bien évidemment la descente.
Selon les auteurs, ce puits à neuf palliers renvoie à la Divine Comédie de Dante, ou encore à l’ordre du Temple,…
… A la Rose-Croix, et tant qu’on y est, à la Franc-maçonnerie… Fascinant… Ou pas!
C’est en tous cas par des sous-terrains insoupçonnés que l’on ressort, peut-être les mêmes où le visiteur est censé passer dans sa quête de soi.
La fin de la journée étant proche, et la fermeture des lieux avec, il convient de ne pas se perdre et c’est donc au palais que nous nous rendons directement une fois le principal vu.
Encore une fois, ce sont les sculptures qui attirent le regard…
Les collections privées de Carvalho Monteiro ayant été disséminées à travers les musées d’Europe.
Pourtant, les lieux recèlent encore de quoi donner une idée du faste dans lequel vivait notre riche commerçant!
Quand ils ne donnent pas de simples idées de décoration!
Ce sera tout pour aujourd’hui, non sans aller au Cabo da Roca, à une 10aine de kms ; c’est le point le plus à l’Ouest du continent européen. A demain, entre Alcobaça et Obidos!
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