Montalegre
A peine le petit déjeuner terminé que je reçois un appel des copains, partis à la pêche à mon levé : ils se sont embourbés en mettant le bâteau à l’eau. Je dois aller leur prêter main forte, dirtection Travassos da Chã. Peine perdue, mon SUV de location n’est pas un 4×4, et nous devons donc faire appel à un agriculteur local : c’est bien plus efficace!
Que de temps et d’énergie perdus pour eux… Pour ma part, je prends conscience du manège qu’ils effectuent au quotidien : sortir le bâteau, l’atteler, partir, mettre le bâteau à l’eau, pêcher, sortir le bâteau de l’eau, rentrer, ranger le bâteau… Tout un protocole, en somme. Ne reste plus qu’à leur souhaiter du succès -peine perdue, comme la fin de journée me le dira-. Il est 10H30 et je débute ma balade du jour.
Ce sera du hasard, bien qu’il faille que j’aille à Montalegre, la principale ville du coin. Je la situe sous ce que j’appelle ce volcan, qui n’en est pas un : il s’agit de la Serra do Larouco, 3e point culminant du Portugal continental, à 1535 m. d’altitude. Partagée avec l’Espagne, cette chaîne qui appartient aussi au Parque Nacional da Peneda-Gerês, tirerait son nom d’un dieu celte. Y naît le Rio Cavado …
Sur la route, je vois indiqué un pont romain et suis donc la direction, à l’affut. Je crois passer dessus, mais non…
Je connais pourtant un pont d’époque romaine construit sur le même principe, en Aveyron. Mais je me suis trompé puisque plus loin, ce fameux pont est indiqué à 600 m. Je prends un chemin…
Dois laisser la voiture et continuer à pied.
Au bout de quelques minutes, je tombe sur un autre panneau, indiquant toujours ce fameux pont à 600 m. Peut-être que je tourne en rond, mais j’y vais : j’en aurai le coeur net!
Belle surprise!
A relativiser toutefois : il parraît authentique, mais la visite de l’éco musée du Barroso, à Montalegre, en fin de séjour, m’apprendra que rien ne permet de l’identifier comme d’époque romaine. Plus certainement construit à l’époque moderne, il n’élimine toutefois pas la probabilité de l’existence d’un pont antérieur, d’autant qu’une voie romaine passait précisment à cet endroit…
On abuse un peu de l’innocent et crédule touriste, sur la route! Rien de grave… La rivière anonyme s’avère être le Rabagão.
Retour : peut-être le tracé de cette fameuse voie romaine. La région fut définitivement soumise à l’Empire romain par Auguste vers 25 av. J.-C.
Auguste récupérait ainsi l’ensemble de la péninsule aux Carthaginois, à l’occasion des Guerres cantabres, alors qu’Agripa avait administrativement intégré la région au Tarraconaise 2 ans auparavant en créant dans le même temps dans la péninsule la Lusitanie, au Sud du Douro, et la Bétique, qui faisaient suite aux Hispanie Cistérieure et Ultérieure. Du moins si j’ai bien compris…
Montalegre : en fait un gros village de 1800 habitants situé 966 m d’altitude. La ville fut fondée par une charte d’Afonso III du Portugal (et des Algarves, 1er du nom!, qui était aussi comte de Boulogne : époque compliquée) en 1273. Le gouverneur local était également le maître des terres du Barroso.
Le château date quant à lui du XIVe s. Malgré ces dates tardives, on fait remonter l’habitation des lieux à 3500-4000 ans.
Dès la préhistoire, puis avec les Celtes, les Romains et par la suite les Suèves ou encore les Wisigoths, ce point fut considéré comme stratégique. Aujourd’hui, ce sont les activités liées à l’agriculture et à la nature qui attirent le visiteur et font vivre la ville. Pêche et chasse s’y pratiquent traditionnellement, tout comme l’élevage…
Tandis que le territoire du « municipio » (= canton?) fournit 1/4 du Parc National de la Peneda-Gerês, unique parc national au Portugal.
Le municipio de Montalegre compte 25 subdivisions, les « freguesias », et 10 500 habitants -avant le retour saisonnier des émigrés!
Au pied du château, l’église de Montalegre est modeste…
… Au contraire de la chambre municipale, aux dimensions plutôt imposantes. A ses côtés trône la statue de João Rodrigues Cabrilho, explorateur qui, pour le compte de la couronne espagnole, participa à la conquête du Mexique et fut le premier européen à explorer la cote Ouest de l’Amérique du Nord, vers 1542, année où il arriva à San Diego, qu’il nomma alors San Miguel.
Une petite chappelle domine la même place… On y reconnaît bien le matériau local, le granite.
Je reprends la route, direction le pont de Misarela. Autre itinéraire, autres paysages. Au loin, Fiães do Rio et le lac de Paradela.
Je suis toujours subjugué par les couleurs d’automne…
Le contraste entre le paysage de pierres, de l’autre côté, et le monde végétal que je sillonne est aussi saisissant. Sur l’autre versant de la masse rocailleuse qui va jusqu’à Pitões das Junias, l’Espagne.
Le lac, mis en eau en 1958 dans le lit du Rio Cavado, est de petite taille (environ 5km²?).
Son barrage, en revanche, culmine à 743 m d’altitude du haut de ses 112 m, sur 540 m de long. Impressionnant.
A l’instar du paysage…
J’ai pris une ancienne route, itinéraire abandonné, sans m’attendre à tomber sur ce village situé à environ 910 m d’altitude : Ponteira.
Comment des gens ont-ils eu l’idée de venir habiter ici, dans ce coin perdu et perché?
La recherche du soleil… Puisqu’à cette heure avancée de l’après-midi, ils y sont encore. A gauche, au fond, la vallée du Cavado -décidément…- de laquelle je dois à nouveau me rapprocher.
J’ai fait de grands détours pour arriver, à 17H, au but que je m’étais fixé à Montalegre. Du moins tout près, car je dois encore trouver.
Je doute que le vieux pont que m’a conséillé d’aller voir N soit celui-ci… Alors je cherche, et je demande…
Trouvé! A une heure peu propice aux photos. Ce sera donc pour demain, pourvu que le soleil passe jusqu’en bas…
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