Sintra : Palacio nacional
Midi… Parc Edouard VII, du nom du roi d’Angleterre, plus ancien allié du Portugal, venu à Lisbonne en 1902. A son extrémité basse, la statue du Marquis de Pombal : au pouvoir de 1755 à 1777, il sauve Lisbonne et reconstruit la Baixa. Il est connu à la fois pour la modernisation du pays, son despotisme et son impitoyable répression de toute forme d’opposition. En 1759, il expulse la Compagnie des Jésuites du Portugal et stimule la traite négrière vers le Brésil.
J’ai mis un peu de temps à me décider mais ai fini par me rendre à Sintra, où je n’ai encore jamais visité le Palacio Nacional . Il est déjà16H30 quand j’accède aux premières salles et j’ai un match de foot à aller voir à 21H à Alvalade. Il va falloir gérer !
J’étais loin de me douter de la manière dont était décoré ce palais à priori construit sur les fondations de l’ancienne résidence des walis musulmans. On doit son aspect actuel aux rois Dom João (1356-1433), évoqué hier , et Manuel 1er (1469-1521). Il fut résidence du XIVe au XVIIIe s. principalement. Ici, cour d’audience du XVe s., initialement extérieure et couverte en 1910.
Le palais fut ébranlé par le tremblement de terre de 1755, mais aussitôt reconstruit à l’identique.
La salle des Cygnes – voir le plafond à caissons – fait partie des espaces créés sous Dom João. Les différentes salles du palais n’ont à priori pas de rôle défini, mais sont, au fur et à mesure que l’on avance dans l’édifice, de plus en plus sélectives quand à ceux qu’elles reçoivent. Ce seraient donc les convives qui donneraient aux salles leur fonction.
Les fameuses cheminées de 33 m. de hauteur ne manquent pas d’attirer l’attention.
Dom Manuel, à qui est due l’essentiel de l’apparrence actuelle du palais, aurait eu à coeur de concurrencer la splendeur de l’Alhambra de Grenade à grands renforts d’art mudejar, défini par l’introduction des influences d’al-Andalus dans les royaumes chrétiens ibériques, et succcédant à l’art mozarabe, à savoir des chrétiens hispaniques de langue arabe qui vivaient en territoire musulman. C’est clair ?
De la cour, on passe dans la salle des Pies. Edifiée sous Dom João, c’était une salle d’audience royale.
D’aucun racontent que les 136 pies qui ornent son plafond rendent hommage aux commères de la Cour.
On ne cesse de passer et repasser par le patio…
Avant de pénétrer dans la 3e salle du palais de Dom João, une chambre où le monarque accueillait des invités de marque, telle que Catherine d’Autriche au XVIe s.
C’est la Chambre d’Or… Dont, si l’on en croit les décorations, cette commode ne fait pas partie des éléments originaux…
Le lit, auquel il manque le couvre-lit d’or des XVe et XVIe s., correspond beaucoup mieux à cette salle qui servit de salle à manger au XIXe.
La décoration d’azulejos de style mudejar, mêlant motifs arabes et végétaux, lança semble-t-il, la mode des azulejos au Portugal.
Le plafond de la penderie, 4e salle du palais de Dom João, ou salle des Sirènes, donc.
Une salle, des armoiries… Celles de la branche de Beja de la Dynastie de Aviz, dont faisait partie Dom Manuel, Jean Ier étant le fondateur de la branche directe.
La salle des Gallions, construite sous les ordres de Dom João III (1502-1557), a un plafond du XVIIe s. représentant des navires portugais, ottomans et hollandais. Ces deux derniers n’étaient pas précisément des alliés du Portugal, tant dans l’Océan Indien (Turcs et Hollandais) qu’aux Amériques (Hollandais).
Dans cette même galerie sont exposés nombre de plats de style mudejar.
Depuis un balcon, vue sur Sintra et, au-dessus, o Castelo dos Mauros .
Aucune idée du pourquoi ni du comment, cette vue me fait penser au film français Frankie (2019), avec Isabelle Huppert, qui se passe précisément à Sintra… C’est d’ailleurs son principal attrait, à mes yeux…
Retour à l’intérieur, où je m’aventure vers une salle qui n’est pas loin de me faire l’effet que me fit la rotonde de Tomar à l’époque…
La salle des Blasons.
Salle carrée de 12 m. de côté, sa construction fut ordonnée par Dom Manuel au XVIe s. Ses murs sont ornés d’azulejos du XVIIIe s., représentant des scènes galantes.
La coupole érigée en 1517-1518, a une base octogonale. Elle présente les blasons des familles nobles portugaises.
La noblesse est ici représentée par les blasons des 72 familles les plus importantes. Dom Manuel expose sa propre descendance avec les blasons de ses 8 enfants, ceux des filles étant des demi-blasons à compléter après mariage. Ainsi que son ascendance, autrefois lisible sur les bois des cerfs représentant son grand-père, Dom Duarte, qui régna de 1433 à 1438.
C’est un peu le sommet de la pyramide féodale de l’époque, y compris mise à jour puisque le Marquis de Pombal vit ses armoiries s’y ajouter en 1759, sous José Ier.
Cette salle est l’expression de l’idéal monarchique de Manuel Ier (1469-1521) dont les armoiries occupent le sommet, dominant une société très hiérarchisée et interdépendante puisqu’il s’appuie sur sa noblesse pour régner. Tout en bas, autour de la salle, sont inscrits des services rendus par les ancêtres, qui définissent la position sociale des uns et des autres nobles.
Un bien fabuleux spectacle à décrypter !
La chapelle du palais et son décor particulier…
Où les colombes voisinent les arabesques.
La salle des Arabes s’est vue affubler d’une fontaine et d’azulejos mudejar dès le règne de Manuel Ier. C’est d’autant plus intéressant qu’il ne restait à proprement dit pas de vestiges musulmans au Portugal, et que Dom Manuel obligea Musulmans et Juifs à se convertir ou quitter le pays dès 1497. Cette salle, à l’origine surmontée d’une tour, s’effondra en 1755 et fut donc partiellement reconstruite par la suite.
Lit d’apparat du XVIe s. en bois du Mozambique guarni d’argent.
Unique en son genre sur le territoire portugais, il a été acquis en 2016 par les gestionnaires du Palais. Appartenant à la famille des Ducs de Cadaval, c’est un « lit d’Etat », non pas fait pour le repos quotidien mais pour sa valeur ostentatoire… On l’a vu au début de la visite, avec la Chambre d’Or de Dom João…
Les cuisines, haut lieu de la monarchie, puisque jusqu’au XVe s., partager le banquet avec ses vassaux était l’une des fonctions du roi.
Dom João aurait compté jusqu’à 14 cuisiniers ici, hors boulangers, pâtissiers aet autres fromagers… C’est un haut lieu névralgique du palais.
Antichambre de la chambre royale, avec ses azulejos à la sphère armillaire, instrument représentant l’Univers selon le modèle géocentrique de Ptolémée et emblème national portugais dès le XVIe s.
Il y a pire comme vue pour se lever le matin…
Ici, le balcon est décoré en style manuélin. Fermé par des vitres de couleur au XIXe s. et utilisé par la reine Dona Maria comme espace de travail et de loisir, il reçut le nom de Galerie de Couleur.
S’ensuit la chambre de toilette de Dona Maria Pia de Savoie, épouse de Dom Luis et reine consort du Portugal e Algarves de 1862 à 1889.
C’est elle qui a démis le Marquis de Pombal, alors que son mari décédé, son fils est trop jeune pour regner.
A l’image de la pièce dans lequel il trône, ce tableau doit être du courant orientaliste et donc du XIXe s.
Voilà… L’endroit ferme ses portes… J’ai tout vu, mais fais un peu de résistance…
Avec la Grotte des Bains, construite dès le XVe-XVIe s. et redécorée au XVIIIe pour profiter de la tranquilité du patio.
Une bien belle visite…
2H plus tard, 20H30, sortie du métro Campo Grande, devant l’Estadio José Alvalade… Pour Sporting ClubPortugal – Gil Vicente.
Je n’étais pas le seul à ne pas avoir de billet – ce n’est pas faute d’avoir essayé via Internet durant le trajet depuis Sintra, mais le système est bien peu pratique pour un étranger… -, et j’ai donc fait la queue comme tous les démunis. La 1e mi-temps m’est donc passée sous le nez, mais le prix est resté le même !
J’aurais pour le moins discuté avec un couple d’US originaires de l’Utah, si mes souvenirs sont bons, venus voir le match dans leur tournée des stades européens. Et failli me faire confisquer mon APN, interdit selon la sécurité, mais finalement admis, vu sa petite taille. Ouf !
Belle ambiance dans le stade loin d’être comble, pour un match où les locaux s’imposent 4-1. La suite, c’est deux sandwishes à prix modique et préparation spectaculaire dans le métro qui se vide en un temps record : quitter Alvalade, ce n’est pas la même histoire que quitter le Stade des Lumière à Lyon ! A demain !
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