Lacapelle-Marival – Rocamadour
[Km 7 <-] Au gîte, Serge, le tenancier, m'a dit que mon chemin vers Rocamadour s'arrêterait certainement après Gramat. Impossible de passer, pour lui. En partant, ce mardi, à 9H, j'ai bien cette idée en tête, au point qu'après 1 km de route, je m'aperçois que j'ai oublié mon sac à dos ! Retour au gîte et vrai départ... J'arrive à Rudelle un peu après 10H. L'église fortifiée et dédiée à Saint Martial est remarquable !
Datant du XIIIe s., c’est l’ancienne chapelle de l’hôpital de Rudelle qui se trouvait dans la bastide…
… fondée vers 1250 par Bertrand III de Cardaillac, seigneur de Lacapelle-Marival, sur la voie romaine Gramat Figeac, menant de Rocamadour au Rouergue : le désormais GR 6, que j’ai rejoint hier en quittant le GR 65 à Figeac.
La vie était rude à l’époque médiévale dans ces contrées ravagées par les guerres et troupes de brigands. Et comme ailleurs et croisé en Aveyron, par ex., à Sainte Radegonde ou encore à Inières , l’évolution de l’église répond aux soubresauts de l’histoire.
Ainsi, le 2nd niveau est ajouté au XIVe s. pour servir de refuge aux habitants durant la Guerre de Cent ans. En 1593, le fort-église à l’aspect de tour échappe à la destruction lors de la prise de Rudelle par les Protestants, durant les guerre de religion. Au XIXe, le fort église prend la forme d’église fortifiée avec l’ajout de chapelles et l’élimination de la toiture qui donne un aspect encore plus guerrier à l’édifice.
[Km 10 <-] Le GR 6 joint à ses extrémités Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) à Saint-Paul-sur-Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence).
[Km 14] Petite pause à Thémines, en repassant depuis la Limargue sur le Causse de Gramat. Je commence, en plus d’apprécier, à me rendre compte de la partcularité et de l’unité architecturale de la région qui parsème le paysage de très belles bâtisses.
[Km 19] Le hameau à deux églises qu’est Issendolus a la particularité d’être le seul, dans le Lot, à avoir gardé après 1795, le nom qui lui fut donné en 1793 par le Comité de salut public lorsqu’il supprima toute référence religieuse dans les noms de communes, ici Saint Dolus.
[Km 28] Née au carrefour des anciennes voies gallo-romaines, Cahors-Limoges et Rodez-Périgueux, Gramat prend les airs d’une jolie bourgade médiévale dominant la région, mais où arriver à 13H15 n’est guère la garantie de manger confortablement installé : ce sera donc panini à emporter, merci pour l’accueil !
[Km 31 <-] J'ai dû descendre sous la voie ferrée, remonter...
Mais toujours rien de bloquant, heureusement !
Ah, des ruines… Le Moulin du saut, dont les bases seraient du XIIIe ou XIVe s.
En été, l’Alzou est presque sec à cet endroit, mais en hiver, il fait un saut d’une 10aine de mètres et a entraîné jusqu’à la 1e GM, jusqu’à 4 paires de meules. En 1924, il fut même transformé en modeste usine électrique, avant de périr dans un incendie en 1925. Je dois porter le vélo, mais je passe.
Je dois surtout veiller à assurer mes pas sur les quelques places plates que je trouve : le mieux étant de passer avant le vélo et de le tirer. Arrivé au sommet du mur, le chemin n’est pas forcément engageant, mais qu’importe : je suis seul, mais c’est bien le GR pour Rocamadour et au pire, il y aura des radonneurs sous 24H. En remontant sur le vélo, il ne me reste qu’à être prudent.
Autour de moi, l’impression de fermeture s’accentue. Je ne me doute même pas que les environs sont truffés de grottes et passages sous terrains.
En face passe le chemin dit de crête au-dessus du canyon Alzou. Ben je suis dans le canyon, tout simplement !
Mais la variété des problèmes proposés à ceci de bon qu’elle m’oblige à être continuellement vigilent. Ca a aussi quelque chose de grisant.
Après avoir traversé deux fois l’Alzou, nouveau mur à passer…
Et toujours pas de sortie…
[Km 38 <-] Les moulins seraient le 3e patrimoine français après les églises et les châteaux ! Ici, vestiges du moulin de la Mouline : à priori, les moulins sur l'Alzou sont des moulins à turbine, un système qui permettait de compenser la rareté de l'eau dans les petites rivières.
Avec un vélo électrique, ça ne passe pas, à moins d’une débauche continuelle d’énergie… Certes en partie ratrappé par l’assistance électrique quand elle peut servir. Mais sur les murs et les chemins taillés sur la paroie du canyon, jai quelques doutes.
Grosse forme, aujourd’hui, ça change de deux dernières journées où j’ai dû faire de nombreuses pauses. Le temps nuageux aide, certes. J’en ai encore dans les jambes et me permets de monter sur la route départementale pour une vue de Rocamadour depuis l’autre versant de la gorge.
[Km 44 <-] Vue sur les gorges de l'Alzou, depuis les hauteurs de Rocamadour où je me suis hissé au milieu des piétons au mieux étonnés, au pire hillares.
[2e itinéraire, randonnée, Km 1 <-] J'ai trouvé un camping, comme les autres entrevus, débordant de camping cars - même pas de caravanes, encore moins de tentes, façon escargots : le rêve en quelque sorte, mais aussi cette incapacité chronique à se départir du confort -, où l'accès à l'électricité passait par une énième prise normée et bien chère. 26€ l'emplacement, vélo ou pas. Bref. Douche et balade jusque tout en bas, à la Porte basse.
Si l’histoire religieuse des lieux est riche – divers sanctuaires, reliques de Saint Amadour, Trésor de Notre Dame -, elle attira aussi des convoitises, comme celle des frères de Richard Coeur de Lion, en rebellion contre lui, qui saccagèrent la cité à leur passage en 1183. La fin du XIIIe s. marque par la suite l’apogée d’une cité qui entame alors un déclin culminant avec son pillage et sa destruction par les Protestants en 1562.
Avec la Révolution, le site est une nouvelle fois pillé. Tout au bout de la montée, au loin, pourvu que ma tente ne le soit pas !
J’ai entamé le Chemin de Croix qui conduit de l’esplanade des sanctuaires à celle du château et de la Croix de Jérusalem. Je cherche un endroit où me poser et manger avant d’aller me reposer, mais rien de bien tentant dans le vieux village. Du moins pour mes envies de bon marché hautement callorique.
En attendant, je n’en finis pas d’en brûler, des callories, en grimpant cet itinéraire qui ne manque pas de me faire penser à un certain Monte Bom Jesus de Braga .
Hop, me voilà au sommet. Visite éclair terminée : les pizzerias sont par là, sur le plateau où se cachent les campings.
[Km 3] Pour finir la journée, une vue qui montre assez bien les trois étages de Rocamadour, conçu pour reflèter les trois ordres de la société médiévale, avec les chevaliers au-dessus, liés aux clercs religieux au milieu et les travailleurs laïcs en bas près de la rivière. C’est beau, mais un peu moins que ça en a l’air. Et la tête de rayon de ma roue avant fuit toujours… Bonne nuit !
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