Fromista – Sahagún
[Km 7] Je double un autre occupant de l’auberge, un Espagnol avec lequel nous avions parlé photo, en fin d’après-midi. Puis des scoots qui accompagnent des handicapés moteur : ça ne doit pas être simple, même si les routes sont larges.
[Km 15] Avec sa double entrée, elle me reste pourtant fermée. Je n’arriverai qu’à me faire piquer par des guêpes…
[Km 20] C’est désagréable, et ça faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé. Mais j’ai prévu ce type de désagrément, et je repars après avoir étalé un peu de beaume.
[Km 21 <-]Et sûrement des cigognes et autres nuées d'hirondelles, comme sur ce clocher – mur .
Passage à l’église romane de Santa María del Camino, édifice du XIIe s. dédié à la Vierge des Victoires…
[Km 22] Puis devant l’église de Santiago, avec sa frise de 1160 figurant la vision apocalyptique de Saint Jean l’Évangéliste, exilé à Patmos. Avec les 12 apôtres, il entoure Dieu tenant le Livre de la vie. L’arc de l’entrée est peuplé de divers métiers et artistes, parmis lesquels musiciens et contorsionniste… Tandis que les châpiteaux figurent la lutte du bien contre le mal. L’église abrite également un Christ Pantocrator : pas vu !
[Km 22 <-] Un peu plus bas, l'Iglesia de Nuestra Señora de Belén attire l'attention de loin, perchée au dessus du rio Carrión... Plus tardive que les deux églises précédentes, celle-ci a été érigée au XVe s.
[Km 23] Enfin, à la sortie du bourg, le monastère bénédictin de l’ordre de Cluny, San Zoilo, fondé en 1076, devenu un hôtel de luxe.
[Km 39 <-] Tout le personnel est affalé dans le café : je prends un Coca et demande de l'eau qu'on me sert tiède tout en m'indiquant, à ma demande, la fontaine pas trouvée à l'entrée du village. Je ne leur ferai pas l'affront d'aller y chercher de l'eau plus fraîche. Sur la terrasse aux nombreux babas , Italiens sûrement, je discute avec un Polonais qui en est à son 89e jour, depuis la Pologne ! Incroyable !
[Km 50 <-] Quelques randonneurs, mais je passeà Ledigos, 2e étape pédestre du jour, sans arrêt dans ce village aux drapeaux italiens, si mes souvenirs sont bons, et aucun autre intérêt à 1e vue. C'est plus loin, à Terradillos de los Templarios , que je m'arrête pour un plein d'eau, mais sans plus, là encore.
[Km 51] Le village à forcément un lien avec les Templiers, mais c’est ici le plus évident que j’ai trouvé.
[Km 54] Moratinos…
[Km 61 <-] L'église du XIIe s., de style mudejar, était un ermitage et hôpital de pélerins. Ici, Alphonse VI de León et Bernard de Sédirac (ca 1040-ca 1125), abbé du monastère clunisien de Sahagún, accueillent le pélerin.
Je pense d’abord aller à l’auberge de l’Iglesia de la Trinidad, qui fait face à une église de style colonial, l’ermitage de Saint Jean, qui tout en me faisant penser à des voyages antérieurs, détonne dans le paysage de briques local.
Mais devant ma difficulté à interpréter les données qui se présentent – j’ai l’impression d’être devant un Indien des Andes, et le clocher au loin me semble moins imposant que celui que je voyais depuis le chemin… Qui devait être un château d’eau ou autre silo -, je m’arrête pour manger et me désaltérer. Il est quand même 17H45 !
Nicoletta, qui me fait un signe de la tête : autre surprise.
Je pars ensuite à la découverte de la ville, berceau de l’art Mudejar , avec en premier lieu, l’église San Lorenzo.
De style roman mudejar, elle a été construite au XIe s. Entièrement construite en briques, c’est l’un des meilleurs exemples d’église mudejar, du nom des Musulmans d’Espagne devenus sujets des royaumes chrétiens durant la période de tolérance, à partir du XIe s., mêlant styles roman, gothique et musulman.
Il n’est pas évident de distinguer l’art mudejar : je connais un site qui le fera mieux que moi ! Surtout que je ne suis plus certain d’avoir, sur ce blog, bien fait la différence avec l’art et le style Mozarabes …
Alors que les Mozarabes, du point de vue des Latins, les Chrétiens vivant dans les royaumes musulmans, sont tout le contraire des Mudejar…
Pas simple, en amateur, d’être précis. Je fais de mon mieux, en me documentant continuellement.
Je me perds un peu dans Sahagùn et suis désormais dans les environs de l’église San Tirso. Tout se trouve dans un petit périmètre, mais le paysage de brique n’aide pas à tout différencier simplement.
Je m’aide, pour ainsi dire, des clochers qui me permettent, tout en gardant la tête en l’air, de me repérer d’un monument à l’autre… Bon, des fois, il ne s’agit que d’une maison de notable.
San Tirso est une église construite au XIIe s. Comme sa voisine, elle est caractéristique de l’art mudejar. Elle n’abrite plus de culte, et de toute manière, est fermée, à l’instar de San Lorenzo.
J’apprécie mais suis un peu déçu car je m’attendais à des monuments plus exubérants en termes de décorations…
Aux côtés de San Tirso, le Monasterio Real de San Benito. Ruine du monastère clunisien fondé par Bernard de Sédirac, il dénote par l’absence de briques, mais c’est réellement celle d’arabesques que je ressens. Il s’agit bien d’influence musulmane en royaume chrétien, et non le contraire !
Je n’ai pas dit que ça n’avait pas de charme…Ca me renvoie d’ailleurs à Toulouse où la brique est omniprésente.
L’un des vestiges du Monasterio Real de San Benito, l’arc de Saint Benoît, enjambe la route nationale : il ne faut pas trop flaner la tête en l’air ! Construit en 1662, il a remplacé l’ancien arc du XIe, alors en ruine. Je crois reconnaître les armes royales portugaises , mais ne trouve pas à quoi leur présence serait due…
Cet arc est en tous les cas surprenant, à l’instar des ruines du monastère tombé en décrépitude après la suppression des ordres monastiques en 1820. Le voisine le couvent de Santa Cruz, dans le prolongement de mon auberge : j’essaie d’en visiter la chapelle mais il y a un office.
Surplombant Sahagùn, le sanctuaire de la Peregrina est le dernier des monuments locaux : daté du XIIIe s., c’est un couvent franciscain abandonné en 1835 et récemment revalorisé en tant que centre de documentation du chemin de Santiago, dont Sahagùn est le milieu géorgaphqiue.
La fin de journée se profile : bière en apéro, pizza et sodas pour me ressourcer, puis retour à l’auberge.
Un Australien à l’accent de fou fait partie des hôtes de la nuit. Je partage ma chambre avec 2 Espagnols : un marcheur parti de Burgos 3 jours avant, et un VTTiste de 43 ans parti de Roncevaux il y a 5 jours (!) : son vélo me semble bien propre, mais il est aussi bien plus léger que moi… Un Américain que j’ai pris pour un Asiatique, complète le dortoir : il se trouve pour la 3e fois en Europe et révise son examen de chirurgie… Bonne nuit !