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Vendredi 24, départ au petit matin vers le Sud. Nous zappons les Villes mortes avec un certain regret : il y a sûrement beaucoup de choses à voir, mais justement trop, et question transport, ça pose un petit problème. Direction Apamée donc, via As Suqaylabiyah où nous nous arrêtons pour manger une galette à la viande hachée grillée.
Le site est étrange : c’est, si l’on peut dire, vide, et puis il y a cette colonnade d’une longueur sans fin qui barre le paysage. Nous arrivons avec le djébel Ansariyé et le village perché d’Afamia dans le dos ; devant nous, c’est plat. Changer de configuration en dépassant la colonnade offre un superbe paysage de carte postale : vivement le soleil couchant.
L’occupation humaine du site remonte au Néolithique, et Apamée est citée dans des textes égyptiens, akkadiens et hittites des XVI et XIVe siècle av. J.-C. C’est plus particulièrement le tell où se trouve le village moderne qui fut le premier peuplé. C’est à partir de 300 av. J.-C. que les grecs renomment la Pharnaké perse : l’acropole, redécouvert au milieu du XIXe siècle, se trouve sur le tell, mais rapidement, la ville s’étale sur le plateau surplombant le fleuve Oronte et la plaine fertile du Ghab. Caracalla, Cléopâtre et Septime Sévère ont foulé le sol de cette cité à l’emplacement stratégique qui compta jusqu’à 500 000 habitants. Si elle garda son importance administrative et militaire avec l’arrivée des romains en 64 av. J.-C., Apamée fut complètement détruite par un tremblement de terre en 115 de notre ère et immédiatement reconstruite.
Elle est alors dotée d’une architecture monumentale dont cette curieuse colonnade faisait partie : pas moins de 1850 mètres, de la porte d’Antioche au Nord, vers celle d’Emèse -Homs- au Sud, avec des bâtiments administratifs et autres monuments tels qu’un agora : en fait, cette colonnade, large de 22 mètres et de 37 mètres en comptant les portiques qui la bordaient, suit le cardo et est coupée aux 4/5e par le décumanus, qui est aujourd’hui la route asphaltée qui mène au village moderne. Tous ces monuments furent redécouverts au début du XXe siècle, amorçant des campagnes de fouilles archéologiques qui ne furent vraiment efficaces qu’à partie des années 1980 avec la reconstitution de la colonnade du cardo.
C’est qu’entre temps, Apamée fut le théâtre de sacs, razzias, incendies, occupations et autres tremblements de terre : païenne et éminent centre de pensée philosophique jusqu’au IVe siècle, la ville devint un évêché, comptant églises et cathédrale voisinant avec son théâtre antique, le plus grand de Syrie. Devenue simple place forte avec les aléas du temps, Apamée fut prise par les Croisés en 1106, avant que les musulmans ne s’en emparent à leur tour en 1149. Par la suite, le tell d’Afamia accueillit une citadelle construite par les Ottomans avec réemploie du matériau de l’immense carrière avoisinante.
L’Apamée visible aujourd’hui ne constituerait que 2% de la ville antique : c’est la petite surface qui a été jusqu’à ce jour fouillée par les archéologues. Un musée renferme les plus beaux éléments jusqu’ici mis à jour, avec entre autres de superbes mosaïques, mais mon temps à moi m’était strictement compté…
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