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J’ai passé la nuit à Homs, alors que les amis ont rejoint Damas au retour du Krak des Chevaliers. Aujourd’hui, c’est direction Palmyre, avec au moins deux heures de route dans mes souvenirs. Ce qui est sur, c’est que je me suis levé tôt et que j’ai suivi les instructions que l’on m’a données pour me rendre au bon garaj’ (gares routières locales) sans trop me faire avoir par le taxi. Ca a marché, je n’aurai pas à appeler la police…
Direction plein Est donc. Le temps est maussade déjà, ce qui ne présage rien de bien excitant, malheureusement pour moi. Le bus est plein d’une clientèle bigarrée, avec quelques touristes, les locaux, et puis des bédouins au kefieh à carreaux rouges. Nous pénétrons petit à petit dans le désert, passons devant quelques villages et autres camps militaires où la DCA est bel et bien active. Le plus étonnant, c’est que les arrêts se font souvent au milieu de nulle part, avec toujours un à plusieurs voyageurs qui descendent du bus : ce sont évidemment des bédouins la plupart du temps.
Puis, arrivée à Palmyre. Le ciel n’a pas changé, bien au contraire. Tant pis pour les photos, elles ne feront pas dans la carte postale. Le sujet reste néanmoins exceptionnel, il n’y a aucune raison de rebrousser chemin… Juste à me dépêtrer d’un attrape-touristes : c’est rare ici, mais sans ce genre de désagrément finalement sans gravité, les quinze derniers jours n’auraient pas eu la véritable saveur d’un voyage. C’est fait!
Palmyre, est mentionnée pour la première fois au IIIe millénaire av. J.-C., et elle apparaît sur les tablettes de Mari au XVIIe siècle av. J.-C. sous l’appellation « Tadmor« , qui est aujourd’hui encore son nom en arabe. La Bible y fait référence comme ayant été fondée par le Roi Salomon : c’est peu probable, mais cette citation donne au moins une idée de l’importance conférée aux lieux dans la haute antiquité. Au IVe siècle av. J.-C. elle est sous la coupe des Séleucides et devient indépendante en 323 av. J.-C. Les Romains essaient de s’en emparer en 41 av. J.-C., avec Antoine, mais échouent : c’est pourtant le début d’une ère prospère, bien que la ville soit déjà à l’époque une étape caravanière : sa situation est en effet idéale. Construite en plein désert, à côté d’une source et d’une oasis, elle se situe au carrefour des chemins menant des mondes indiens aux côtes de la Méditérannée et de l’Egypte à l’Anatolie et la Perse. Petit à petit, Palmyre s’assimile au monde romain et est intégrée à l’Empire dès le milieu du 1er siècle de notre ère, sous Néron.
Située sur la route de la soie, Palmyre est aussi le lieu de passage de cotonnades, pierres précieuses, fourrures, épices et autres produits de luxe, dont les habitants même de la ville semblent très friands. Son apogée se situe au IIe siècle ; en 121, Hadrien la déclare cité libre, puis Caracalla l’élève au rang de colonie romaine au IIIe siècle. Pendant ce temps, la ville s’est dotée d’une multitude de monuments que l’on peut aujourd’hui deviner sur les 10km² sur lesquels s’étalent ses ruines.
Malheureusement, la fin de la Pax Romana marque aussi le déclin de Palmyre à partir de la moitié du IIIe siècle. Située proche de la frontière de l’Empire, elle se voit confier la défense de ses limites orientales en échange d’une plus grande autonomie. Ce sont les Julii Aurelii Septimii qui accaparent dès lors l’essentiel des pouvoirs locaux. Ce jusqu’à ce que Zénobie, deuxième épouse de Odeïnat, « correcteur de tout l’Orient », se décide à envoyer ses troupes en Egypte tout en revendiquant toute la partie orientale de l’Empire romain. Cet affront décide l’empereur Aurélien à lancer ses troupes sur la Syrie où il capture la gourmande reine en 272. Palmyre est alors épargnée et une garnison y est laissée mais massacrée par les locaux dès l’année suivante. Aurélien ordonne alors son pillage.
La ville continue quand même à exister par la suite. Dioclétien y installa une garnison à son tour et y fit construire des remparts au début du IVe siècle, lesquels seront rénovés par Justinien au VIe siècle. C’est désormais le rôle que l’histoire lui dévolue… Tadmor devient une simple garnison, y compris sous la domination arabe avec la transformation du temple de Bêl en place forte. Les Ottomans feront de même jusqu’à ce que la ville antique réapparaisse sous les coups de pioches des archéologues occidentaux, dès le XVIIIe siècle.
Aujourd’hui, on peut donc admirer une grande partie de ces ruines aux tons orangés, comprenant à la fois la ville, le sanctuaire de Bêl, des tours ayant fait office de riches tombeaux, ainsi qu’un château perché au dessus de la ville antique, dont la construction fut entreprise au XIIe siècle. Palmyre est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1980.
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