De Evora à Monsaraz
Arrivés la veille au soir pendant une finale de Ligue des champions que je n’ai pu voir. Il fut difficile de trouver un restau ouvert, mais les joues de cochon noir qui y furent servies étaient excellentes. Après une nuit chez l’habitant, rendez-vous dans le centre ville d’Evora, avec ici, un changement de garde…
La matinée est bien avancée et la journée, petit à petit, promet d’être chaude.
Nous avons assez peu de temps, car j’ai une autre idée en tête pour la fin de journée. Rendez-vous à l’Eglise de São João Evangelista.
Cette église est construite sur des vestiges de la muraille maure elle-même construite sur ceux de la muraille romaine.
Difficile d’y voir clair dans tout ça, et c’est sans compter sur les Wiwigoths. Les lieux ferment, mais le principal sera fait.
La Chapelle des os, où le visiteur est accueilli par la phrase « depuis les os où ici nous sommes, les vôtres attendons ». Engageant!
La sacristie et son Christ en croix plutôt indiqué dans ce contexte, datent du XVIIe.
Pour le reste, ce sont…
…Des os de moines.
Plutôt lugubre, mais on s’y fait.
Sortis de là bel et bien entiers, c’est une balade dans la ville que nous entamons en commençant par le jardin voisin…
Où certains éléments architecturaux témoignent encore de la présence des Maures sur place.
Même les ruines ont conservé un certain charme…
La particularité d’Evora, c’est de ne pas avoir été touchée par le trembelement de terre qui détruisit Lisbonne et ses alentours en 1755.
Dès lors, le centre de cette ville qui fut la 2e du Portugal au XVIe, permet de comprendre l’urbanisme ancien portugais, aussi bien pour la capitale que remodela le Marquis de Pombal, que pour des villes de l’empire colonial, telle que Bahia .
Pour ma part, je reste captivé par les lignes droites, courbes et jeux de lumière et cache cache que permettent les nombreuses arcades.
C’est une constante!
Evora, ce sont donc les maisons blanchies à la chaux, les ferroneries traditionnelles XVII et XVIIIe, une muraille de style Vauban…
Du soleil, un art de vivre dans ces ruelles restées intactes, dans leur forme, des siècles durant…
Avec des morceaux d’histoire qui suintent… Non?
Il n’est quoi qu’il en soit pas désagréable de se perdre dans ses rues désertes… Loin du brouhaha des rues à touristes!
Tout en montant, nous avons traversé une bonne partie de la vieille ville pour arriver devant le monument qui fait tâche, la Sé.
Qui fait tâche car elle détonne de ses tons ocres… Construite au XIIe sur le plan des cathédrales françaises…
Cette cathédrale me paraît allier la simplicité du roman et les courbes cassées du gothique, sans en avoir la charge décorative. Du moins à l’extérieur, sur son toit, par exemple, où nous avons la chance de pouvoir monter.
A ce titre, les monuments portugais sont quand même d’une accessibilité exceptionnelle!
Les vues sur le cloître, en contrebas, et Evora qui s’étend au loin, sont fantastiques…
C’est bien ça, on pense quasiment à un fort! Evora fur reprise aux Maures en 1165, soit un siècle après Coimbra!
La construction de cet édifice chrétien situé tout en haut de la ville fut probablement entamée au départ des musulmans.
D’ici, on apprécie la conservation de cette ville musée et on se prend même à rêver d’y acquérir une maison avec terrasse…
Sur la place, derrière la cathédrale, on aperçoit le temple de Diane.
Descente dans le cloître…
Tombes…
Voûte de style gothique…
Pour ma part, je me régale!
Y compris devant les rares détails sur lesquels je tombe : un São Tiago Matamoros (= »Saint Jacques Tue les Maures »)?
Mais il est temps d’aller faire un tour à l’intérieur… On croirait presque les Ottomans passés par là!
Avec, comme principale curiosité, un rétable central de style baroque en l’honneur d’une Vierge enceinte.
Le choeur étant quant à lui plus classique, bien que détonnant de par ses marbres rose et bleu. Mais finies les bondieuseries pour aujourd’hui!
Et rendez-vous au Temple de Diane. Erigé au IIe siècle, il ne fut en fait redécouvert qu’au XIXe, enchassé qu’il était dans des murailles d’époque médiévale. Un fait qui explique son état de conservation exceptionnel.
Le tout sur une belle place aérée où le temple est entouré par le Monastère dos Loios devenu Pousada (hôtel type Relais et châteaux), et au fond, le Palais ducal das Cinco Quinas (les cinq quinois que l’on voit sur le drapeau portugais?).
Retour à l’ombre des arcades…
Un bruit de fond parcourt la ville depuis quelques heures, mais notre balade s’attarde dans les lieux plus tranquilles, parfois étonnants.
Avec toujours cette sensation d’être dans un musée à ciel ouvert.
Les rues pavées et les arcades invitant à aller toujours un peu plus loin…
Mais nous y sommes… Aujourd’hui, les étudiants et toute la ville fêtent la fin de l’année universitaire. C’est animé et plutôt alcoolisé, bien que bon enfant…
Nous n’avons pas visité l’Université du Saint Esprit d’Evora, autre monument local : d’autres occasions se présenteront, je l’espère! Cette dernière fut fondée en 1559 et dirigée par les Jésuites jusqu’à leur expulsion du Portugal, en 1759.
Ces derniers avaient ainsi fait d’Evora la capitale de l’Inquisition, une politique et un esprit bien loin de celui qui règne aujourd’hui dans la ville qui fut aussi résidence des rois portugais durant les XVe et XVe siècle. Malheureusement ou heureusement, le renvoi des Jésuites signifia aussi le déclin d’Evora.
En 1808, malgré son siège, Evora fut quelque peu épargnée par les troupes de Napoléon. On aurait presqu’envie de le remercier!
Mais il est temps de fuir la ville, quand bien même elle est belle, et son brouhaha de fêtards et touristes mêlés. Direction la frontière espagnole, à une cinquantaine de kms, avec toujours quelques cigognes trônant dans leur immense nid…
Nous nous rendons là-haut. Ca sent l’Andalousie, et pourtant et contrairement à Elvas, il y a une frontière naturelle dans le coin…
Le fleuve Guadiana, qui prend sa source en Castille la Mancha pour se jeter dans le golfe de Cadix sépare un temps Espagne et Portugal.
La vue est magnifique depuis ces hauteurs, tant qu’on marche au lieu de rouler sur les noyaux d’olives!
Monsaraz, donc…
… Comme Marvão, sur les hauteurs et enfermée dans des murailles…
Avec cette fois-ci, le soleil pour nous accompagner…
Et une quiétude appréciable!
Protéger le pays du retour des Maures, s’ils n’ont pas eux-même participé à la construction de cette place forte…
Prévenir les envies du voisin espagnol…
Ou encore empêcher les incursions des voleurs de chevaux lusitaniens : appréciés, à l’époque, pour la guerre, ils sont aujourd’hui encore très recherchés par les passionnés d’équidés ou encore pour le cinéma, m’a-t-on dit.
Le village est tout petit, mais on s’y perd tout en s’abandonnant…
Et le temps passe…
Un peu loin de tout, au milieu des oliveraies.
Une fenêtre sur l’Espagne!
Rue « casse côtes » ou « casse dos », comme il y en a souvent au Portugal ou encore au Brésil!
Vers le sud.
Fin de journée, temps pour un rafraîchissement bienvenu… Sagres ou Superbock?
Nous ne rentrerons qu’à la nuit tombée…
… Après dégustation d’un poulpe bien tendre. Demain, nous repartons vers le Nord, non loin de Lisbonne.
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