Göreme : les églises rupestres
J’ai tout de même une certaine expérience avec ce type de amas de pierres, vu que le plateau du Larzac, pas très loin de là où j’ai grandi, offre une grande diversité de formes plus curieuses les unes que les autres. Faudrait d’ailleurs que j’en fasse une petite page un jour, c’est moins loin et presqu’aussi exotique. Ben wé, y’a pas le côté troglodyte!
Il n’y a pas non plus ce type de peinture religieuse, à même la pierre, ce que l’on appelle donc l’art rupestre. Des figurations qui sont là depuis une période comprise entre le Xe et le XIIIe siècle, et sans restauration!
On aperçoit ici, non loin de la Vallée Rose, ce qui était moins évident dans mes photos de la Vallée des pigeonniers. Le rocher avec de multiples petites ouvertures était un pigeonnier, pour sûr. L’église d’où est issue la peinture vue précédemment devait en être une aussi : les paysans ont du abattre son mur pour récupérer son précieux contenu.
Pour le reste, la nature a fait ses caprices qu’il est inutile de tenter de commenter… A moins d’être géologue ou poète, bien sûr… Ici, c’est la Vallée rose… Facile à comprendre.
Nous voici désormais à l’intérieur d’une église rupestre située dans le musée en plein air, avec cette figuration de Saint Georges combattant le dragon…
Ou celle-ci figurant la Vierge Marie et son fils. Des peintures qui semblent aussi être issues de la période Xe-XIIIe siècle, post-iconoclaste…
Les motifs plus simples que l’on aperçoit ici sont à l’image de ceux issus de la période iconoclaste : VIIIe et IXe siècles. Toute représentation des saints personnages fut interdite pour éviter qu’elles ne deviennent
l’objet des vénérations…
La Cappadoce fut très tôt un centre important de chrétienté. Ainsi, Saint Basile, l’un des Pères de l’église -ceux qui ont théorisé le dogme-, était originaire de la région. Il fut l’un des instigateurs de la prière en groupe, au IVe siècle, à une époque où les ermitages étaient plus nombreux que les monastères. Mais passons…
… Sous la roche et pénétrons dans l’Eglise de la Pomme (Elmali Kilise), construite au XIe siècle, assez tardivement. L’architecture y est travaillée puisqu’elle voit des dômes reposer sur des piliers, avec ces peintures du XIIe siècle restaurées dans les années 1990, qui recouvrent elles-même d’autres oeuvres antérieures.
Au-dessus de l’Eglise de la Pomme, Sainte Barbara (Azize Barbara Kilisesi), creusée à la même époque mais décorée dans un style iconoclaste.
Pour avoir une toute petite idée de l' »organisation » des lieux où se trouvent près d’une dizaine d’églises : voici Sainte Barbara et l’Eglise de la Pomme en dessous…
L’Eglise sombre (Karanlik Kilise) tient son nom de ce qu’elle n’est éclairée que par une minuscule fenêtre au fond. De là les photos floues sur ces peintures des XI-XIIe siècles.
Ces peintures -restaurées tout de mêmes-, sont les mieux conservées du site puisque protégées jusque dans les années 1950 par du guano…
Il n’empêche, même à l’extérieur, du fait de l’écroulement de certaines parois, les décorations restent assez nettes.
Bien des églises donc, beaucoup de peintures rupestres et peu de photos : le site était l’objet de curiosité du contenu de quelques autobus avec lequel il faut bien composer, sans parler des photos interdites dans la plupart des édifices…
Une interdiction bien arbitraire que je me suis empressé de dépasser dès que possible. Pourtant, en croisant nombre d’autres occidentaux faire fi du règlement tout en utilisant le flash, je finis par comprendre le bien fondé de la restriction. Ce qui malheureusement me fournit encore de quoi pester contre ce tourisme de masse mal éduqué. Mais qui suis-je!?!
Pour terminer et tout en retournant au village, il semble important de rajouter que ces églises furent pour la plupart édifiées sous domination seldjoukide, une tribu turque -dès 1071. C’est dire si jusqu’au XVIIIe siècle et l’abandon définitif de ces édifices religieux, la coexistence entre musulmans et chrétiens fut pacifique dans cette région de Cappadoce.
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